Chapitre 9

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« Votre déjeuner est prêt, annonça Nathalie.

– Je vous suis ! » répondit gaiement l'adolescent qui l'accompagnait.

Quand la porte de sa chambre se referma sur son double, Adrien se laissa choir contre la paroi de la douche. Il se cacha le visage dans les mains, puis frappa rageusement le sol.

« Quel abruti !

– Adrien, intervint la voix inhabituellement intimidée de Plagg, on devrait en profiter pour s'échapper... »

Adrien ne répondit rien, se contentant de se redresser comme un robot et de commander à son kwami de le transformer. Sans vraiment se soucier de si Tikki le suivait ou non, il ouvrit la fenêtre de la salle de bain à la volée et s'élança sur les toits de Paris, courant de toutes ses forces en se projetant avec son bâton télescopique d'un immeuble à l'autre.

Il allait si vite que les bruits de la ville étaient étouffés par celui du vent dans ses oreilles. Les paysages n'étaient plus que des tâches sans forme distincte autour de lui. Pourtant, rien dans sa course folle ne lui apportait ce qu'il désirait.

Rien n'était en mesure de calmer son cœur sur le point d'exploser.

Soudain, l'extrémité de son bâton dérapa sur le toit d'un immeuble et l'entraîna dans un spectaculaire roulé-boulé, interrompu seulement lorsque Chat Noir entra en collision avec une cheminée en briques rouges.

Stoppé net, il donna un coup de poing dans ladite cheminée et grogna de désespoir, des larmes perlant dans le coin de ses yeux au fond desquels suppurait une fureur innommable.

Tikki parvint à ses côtés quelques instants plus tard, observant dans un premier temps le blond sans rien dire, avant d'aller se poster face à lui et de le toiser d'un air grave.

« Adrien. »

Le garçon évita soigneusement son regard, haletant furieusement en grimaçant de rage et de frustration.

Tikki n'en perdit pas pour autant son sérieux et commença même à se sentir irritée.

« Tu crois que c'est de ta faute, n'est-ce pas ? »

Cette fois, elle obtint l'entière attention d'Adrien, dont l'expression se transforma subitement en celle d'un enfant pris sur le fait d'une grosse bêtise.

« Tu crois que c'est à cause de toi si Marinette est morte ? C'est pour ça que tu tenais absolument à éloigner ton autre toi d'elle demain ? C'est pour cette raison que tu enrages d'avoir échoué ?

– Parce que c'est pas le cas, peut-être ? Comment tu peux laisser entendre que j'y suis pour rien, alors que celui qui t'a pris ta porteuse, ce jour-là, c'est...

– Un concours de circonstances ! »

Adrien fit claquer sa langue contre son palais et se redressa, prêt à reprendre sa course sans objectif précis en tête. Tout ce qu'il désirait, à l'heure actuelle, c'était instaurer le plus d'espace possible entre lui et... lui-même.

Mais Tikki ne l'entendait pas de cette oreille, et lorsque Chat Noir allongea de nouveau son bâton télescopique pour prendre la fuite, elle le stoppa net en se plantant face à lui, les bras croisés, la mine grave.

« Halte-là ! On n'a pas fini de discuter, tous les deux.

– Tikki, laisse-moi passer.

– Hors de question. Et si tu ne m'écoutes pas, j'ordonne à Plagg de te détransformer ! »

Adrien n'était pas convaincu que les kwamis aient ce genre de pouvoir, mais de toute façon, si c'était pour alimenter les foudres de la petite coccinelle et en subir les retombées dans un proche avenir, autant l'affronter tant que sa voix conservait un semblant de calme.

Marinette - Miraculous Ladybug FanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant