Chapitre 8 : L'étreinte

261 19 21
                                    

Je quitte le paysage qui défile sous mes yeux pour couler un regard vers mon conducteur. Son visage est marqué par l'inquiétude. Il se fait encore du soucis pour Matt, rien de plus normal. Un sourire vient légèrement étirer le coin de sa lèvre mais il ne quitte pas la route des yeux.

- Tu vas m'admirer encore longtemps ? Non pas que ça me dérange, mais je vais commencer à me faire des films.

J'étouffe un rire. C'est drôle, j'ai l'impression qu'il me laisse entrevoir une facette de lui que je ne soupçonnait pas. Le Daryl arrogant et fièr c'est fait la malle. Il ne reste plus que lui, le mec agréable, le frère inquiet. Je ne sais pas pourquoi, mais l'image qu'il envoie me fait penser à moi. Si j'avais imaginé ça...
Le silence reprend sa place entre nous mais, contrairement aux autres trajets passés avec lui, il n'est pas pesant. Je ne ressens aucun mal-être, aucune angoisse. Les lumières de la ville défilent à toute vitesse et je me surprend à espérer que la route soit encore longue. Là, assise sur le siège en cuir et pour la première fois depuis un moment, je suis apaisée et je ne veux pas que ça cesse. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, je reconnais ma rue et, rapidement, Daryl se gare puis coupe le moteur.

Ses mains ne lâchent pas le volant, je l'entend soupirer entre ses dents. Lui aussi désirait peut être que ce moment se prolonge. Il se tourne vers moi et ancre ses yeux aux miens.

- Merci, la furie.

Je crois que si ma mâchoire pouvait se décrocher, j'aurais eu à la ramasser. Je balbutie en tentant de contrôler la chaleur qui imprègne mes joues.

- M... Merci ? Merci de quoi ?

- D'être là... Pour Matt...

Les battements de mon cœur accélèrent et ma gorge se serre sans que je ne sache pourquoi. Est-ce à cause du regret que je perçois dans sa voix ?

- J'ai rien fait de spécial.

Ses mains se décrochent lentement de leur ancrage et l'une d'elles vient se poser sur le haut de ma cuisse. Je déglutis difficilement et tente de cacher mon trouble.
(Pourquoi ses contacts me perturbent autant bordel...).
Sa deuxième main approche de ma joue tandis que je réprime un soupir d'aise. Je me languis de ce contact autant que je l'appréhende. Avec son pouce, il vient caresser les contours de ma mâchoire, me transformant en une boule de frissons incontrôlables. Sa voix est si chaude que je peux la sentir rouler sur ma peau. Il s'arme d'un sourire radieux alors que dans ma tête c'est l'explosion. Les mots qu'il avait murmuré à mon oreille lors de sa dernière fête refont surface : ''Ça serait plus simple si tu te l'avouais... ''
(Grand dieu, qu'est ce qui me prend ?! Allô ! La Terre appelle Éloïse ! Redescend. )

- Mon frère a vraiment de la chance.

- De la chance ?

Je répète ses mots d'une voix éraillée et brûlante. Il retire soudainement ses mains, comme si ma peau l'avait brûlé et reprend sa place dans le siège. Je n'avait pas remarqué qu'il était si proche... Un long soupir s'enfuit d'entre ses lèvres et il finit par me répondre, ses yeux fuyant soudainement les miens. Je ne sais pas comment réagir à cet éloignement soudain.

- Ouais, il a toujours su se débrouiller, il a toujours eu cette volonté de se sortir de cette vie pourrie, de se caser, de construire quelque chose qui ne tourne pas autour de l'argent facile...

Il passe une main dans ses cheveux bruns, il a l'air abbatu mais je ne sais pas quoi dire pour le réconforter. Je me contente de poser ma main sur son avant-bras. Des picotements envahissent le bout de mes doigts.
Il m'octroie un sourire contrit en poursuivant.

- Je l'envie... Et encore plus depuis que je t'ai rencontré.

Mon cœur rate un battement et mon souffle se fait plus court.
(Dis quelque chose !)
Rien ne sort de ma bouche je suis trop stupéfaite pour parler. Daryl jette un coup d'œil dans ma direction et son rire nerveux emplit l'habitacle.

Le Feu Sous La Glace - Is It Love [En Cours] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant