Le Feu Sous La Glace - Is It Love [En Cours]

Chapitre 19

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La salle de bain est immense. Le carrelage sombre ajoute un côté chic, digne des plus grands hôtels new-yorkais. Une baignoire gigantesque trône au milieu de la pièce tandis qu'une douche italienne en occupe l'angle. Mon regard se perd sur le meuble où deux vasques noires sont installées. Un chauffe-serviette, des peignoirs, tout est à sa place, il ne manque rien, et j'en viens à me dire que ce n'est certainement pas Daryl qui s'occupe du rangement. Une image du jumeau entrain de passer le plumeau me fait sourire tandis que je laisse tomber la serviette au sol. Je me décroche de la porte, peut-être devrais-je me laisser tenter par une douche rapide ? Mon reflet passe devant le miroir. Je ressemble vraiment à une junkie, l'autre enflure avait raison. Mes cheveux sont en bataille, emmêlés et mouillés. Mon visage est tiré par des cernes, accentués, eux-même, par des traînées noirâtres de mascara, jusqu'au bas de mes joues. On pourrait croire que j'ai deux yeux au beurre noir. Je m'approche et tente d'effacer les marques en frottant avec mes doigts et un peu de salive. Évidemment, sans résultat.

(Très bien, t'as pas tellement le choix, sauf si tu veux rester un panda pour l'éternité).

Habilement, je défais la fermeture de ma robe humide et l'abandonne à mes pieds. J'ôte mes talons puis mes sous vêtements.
Je rentre dans le grand espace de la douche. Sur la paroie face à moi, de multiples jets projettent de l'eau lorsque je tourne le robinet. J'ai envie de pousser un petit cri de joie en sentant la chaleur réchauffer mon corps. Je profite de ce moment pour relâcher la tension, je lève les bras au ciel, étire ma nuque, mon dos et laisse les gouttes dégouliner sur mon visage. Je retiens ma respiration et clos mes paupières, je lâche prise et profite de cette accalmie.

- J'avais peur d'avoir loupé ça...

J'ouvre les yeux et me retourne en cachant mon intimité et ma poitrine à l'aide de mes mains. Daryl se tient debout, appuyé contre la porte, les bras croisés. Mon cœur tambourine comme un fou. La lueur qui brille dans ses yeux enflamme son regard, et ma peau, partout où il se pose. Il humecte sa lèvre inférieure sans bouger, je crois que j'en ai le souffle coupé.

- Tu veux que je te laisse ? hésite-t-il en décroisant ses bras.

Ma voix s'est envolée, loin, très loin, hors de ma gorge. Mes cordes vocales semblent avoir été paralysées par la surprise, et par quelque chose de plus inavouable. Je devrais me sentir gênée, lui dire de dégager, peut-être même lui jeter le gel douche au visage, mais je n'ai nulle envie de tout cela. Je secoue simplement ma tête de droite à gauche en laissant tomber mes bras sur les côtés, lui offrant une vision de mon corps entièrement nu.

On dit qu'il faut combattre le mal par le mal, qu'il faut se blesser pour se guérir. Daryl a été ma blessure, je le veux pour guérison. Il se déplace sans détourner ses iris noisettes de moi et se déshabille.
Tous deux attisons les flammes , tout en sachant que jouer avec le feu est un jeu dangereux. Mais n'est-ce pas comme ça qu'on apprend, qu'on grandi, qu'on va de l'avant ? Jusqu'à ce qu'on succombe à ce qui semble naturel, bien, ou tout bêtement satisfaisant sur le moment.

Je me tourne et me replace sous la cascade tombant du plafond, en tentant de calmer les pulsations qui assaillent mes veines. En apparence, personne ne se douterait que je suis à deux doigts de la combustion instantanée.

J'entends ses pas se rapprocher, et très vite, son souffle saccadé juste derrière moi. Il enlace tendrement mes hanches de ses mains. La chaleur de ses doigts m'arrache un frisson d'extase. Un soupire profond, que je tentais de dissimuler jusqu'alors, s'échappe dans la pièce.
Je me détesterai presque de ressentir cette attirance, ce besoin irrépressible de l'avoir ici avec moi. Mais il faut l'admettre, ses grandes paumes affamées de ma peau m'embrasent sans que j'ai le moindre contrôle sur cette foutue avidité qui me gagne aussi. Il m'obsède, l'envie que je ressens pour lui grandit, me nourrit et me consume, chaque seconde un peu plus.