Chapitre 5

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Septembre 2012

Harry

Le jeune garçon se regarda dans la glace, déposa son imposant sac à dos par terre et retint un sanglot étranglé. Sa mère allait être tellement fâchée, il le savait. Mais que pouvait-il faire ? Il n'allait tout de même pas lui raconter ce qu'il s'était réellement passé, elle qui était déjà si stressée à l'idée que son fils ne puisse pas se plaire dans cette nouvelle école...

Cela faisait trois semaines qu'il avait fait sa rentrée de première année au collège et jamais il n'aurait pensé qu'une chose pareille pouvait lui arriver. Il scruta la paire de lunettes entre ses mains et sa gorge se serra. L'une des branches était tordue dans un angle bizarre et un des verres était totalement brisé. Il pensa à l'argent que cela allait leur coûter de refaire une autre paire. Mais pourquoi ces garçons l'avaient-ils à ce point pris en grippe ? Qu'avait-il fait ? Il était bien conscient qu'il n'avait jamais été le plus marrant, ni même le plus beau ou le plus sociable, mais il n'avait jamais vécu cela. En primaire il n'avait certes pas beaucoup d'amis mais tout le monde l'appréciait.

Or cette année l'un des garçons de sa nouvelle classe n'arrêtait pas de lui dire qu'il avait une tête d'intello. Alors cet après-midi quand Harry s'était finalement décidé à lui répondre devant l'école, le blond lui avait mis une claque si forte qu'elle avait projeté les lunettes du bouclé par terre. Les acolytes du garçon s'étaient mis à rire face à l'air atterré et blessé de la victime, suivis de peu par d'autres deuxièmes années adossées contre les grilles du collège. Harry s'était senti si humilié qu'il n'avait pas réfléchi à deux fois avant de se réfugier dans les toilettes le temps de se calmer.

Une trace rouge s'étendait sur le haut de sa pommette et son nez était rosi à force de se contenir de pleurer. Il ne voulait pas craquer, pas pour eux, ils ne méritaient pas ses larmes. Il déposa ses lunettes cassées sur le rebord du lavabo et se passa de l'eau sur le visage. Il avait beau être fort, il ne put s'empêcher de laisser couler une ou deux larmes qui se mêlèrent au courant de l'eau froide.

Ce fut à ce moment-là que la porte des toilettes s'ouvrit. Harry eut l'envie soudaine de se terrer dans un trou, mais la voix du nouvel arrivant l'en dissuada aussitôt :

"Hey..."

Le cœur d'Harry se figea dans sa poitrine. Il s'agissait de Louis Tomlinson. Il n'avait pas fallu plus d'une semaine au bouclé pour comprendre qu'il était l'une des personnes les plus connues au collège. Peut-être pas auprès des troisièmes ou quatrièmes années, mais définitivement adulé par ceux des autres classes. Le plus jeune eut instantanément peur. Et s'il était là pour finir le travail ? Il l'avait déjà vu dans la cour de récréation, il était le premier à faire le pitre, à inventer n'importe quelle bêtise pour amuser tout le monde. Et si son nouveau jeu était de le ridiculiser un peu plus qu'il ne l'était déjà ?

Mais le plus âgé le surprit en s'avançant jusqu'à sa hauteur et en s'exclamant :

"J'ai vu ce qu'ils t'ont fait dehors, ils sont vraiment trop débiles... Ça va ?"

Harry mit peut-être une seconde de trop avant de réagir, encore un peu méfiant :

"Non, mes lunettes sont cassées."

Le regard du plus âgé dévia instinctivement vers celles-ci et grimaça en voyant l'état dans lequel elles étaient. Probablement sans pouvoir s'en empêcher il s'en saisit et essaya vainement de redresser la branche, bien que cela fut évidement un échec cuisant.

"Ma maman va me tuer.", soupira Harry en reprenant la paire d'entre ses mains.

"Pourquoi ? C'est eux qu'elle va tuer, pas toi. C'est pas ta faute non plus."

Blinded [L.S.]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant