What doesn't kill you ...

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A Poudlard, le vieux Nicolas s'était évaporé, marmonnant qu'il reviendrait quand son public serait au complet et qu'il n'avait pas de temps à perdre à bavasser inutilement.

Les membres du petit groupe, n'ayant aucune idée de qui devait arriver, ou même quand, reprirent donc le cours de leurs vies.

Harry et Hermione étaient assis à la table des Gryffondor, mangeant silencieusement. La brune regardait une assiette de poulet, les yeux inexpressifs.

- Il me manque aussi tu sais ... dit Harry dans un soupir.

Hermione leva la tête, surprise, mais ne le détrompa pas.

Elle ne pensait pas du tout à Ron, mais plutôt à sa mère. Elle ne comprenait pas de quoi pouvait parler le vieux. Sa mère ne lui aurait jamais caché quelque chose d'aussi important.

Ils se rendaient en cours de Défense contre les forces du mal quand Harry se plia en deux. Une douleur insoutenable parcourut son corps, puis s'évanouit aussi vite qu'elle était arrivée.

Le temps d'arriver à l'infirmerie, il se sentait parfaitement bien. Madame Pomfresh l'examina mais ne trouva rien qui cloche chez lui, et lui permis donc de sortir.

Le lendemain, il se coupa la paume de la main pendant le petit-déjeuner. Il essaya de se soigner magiquement à plusieurs reprises, mais sans succès. Il demanda à son amie, bien plus douée que lui, mais rien à faire : même après les soins de Madame Pomfresh sa coupure ne cicatrisait pas, pire elle commença à suinter : difficile à croire qu'il avait pu se faire ça avec un vulgaire couteau de cuisine !

Une semaine plus tard un autre incident étrange arriva à Harry. Il faisait une démonstration de duel avec Neville devant les deuxièmes années, quand sa baguette, au lieu de réaliser un simple Expedilliarmus, provoqua une violente onde de choc, l'envoyant à terre ainsi que toutes les personnes présentes à proximité.

Harry, assis au sol, regarda sa baguette. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait avec ses pouvoirs.

Pire, il n'osait pas en parler à Hermione, mais il rêvait d'une jeune femme toutes les nuits. Il ne voyait jamais son visage. Seulement ses longs cheveux noirs, et la solitude qui se dégageait d'elle. Il avait même l'impression de sentir sa présence en se levant le matin.

Ça y est, je deviens fou... Il fallait bien que cela survienne un jour, après tout ce qui nous est arrivé ...

Il fit contre mauvaise fortune bon coeur : après tout, les choses pouvaient être bien pires. Elles avait été bien pires, même. Qu'est-ce qu'avoir des hallucinations et des cauchemars était à côté de la recherche des horcruxes, seul avec ses deux amis ? Du combat contre Voldemort ? De voir les corps de ses amis et connaissances alignés dans la grand salle, morts ? 

Ce n'était rien du tout.

Il espérait que l'adage « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » était vrai, car pour l'instant il se sentait particulièrement faible et pathétique, et il attendait avec impatience la phase ascendante. On lui avait interdit d'utiliser sa baguette jusqu'à nouvel ordre, de peur qu'il ne fasse exploser quelque chose, ou quelqu'un, ne lui laissant sur les bras que les cours les plus ennuyeux du monde des sorciers. Sans parler ce qu'il avait appris sur Ginny ...

Les jours qui suivirent furent donc particulièrement désagréables pour le survivant.

Hermione s'inquiétait pour son ami, qui n'avait pas du tout l'air bien. Elle sentait bien qu'il lui cachait quelque chose, mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, et le brun restait muet comme un jobarbille au cours de sa vie. Même Ginny était étrange avec elle ces derniers jours...

Ces histoires de prophéties lui étaient complètement sorties de la tête.

Malheureusement, aujourd'hui Madox et Saskia allaient poser le pied en Angleterre, plus près de Poudlard qu'ils ne l'avaient jamais été depuis leur arrivée. Le répit d'Hermione avait été de courte durée : tout allait bientôt lui exploser à la figure.

Les deux amis mangeaient dans la grande salle quand Hermione lui demanda ce qu'elle pouvait faire pour l'aider. Elle ne lui demanda pas si ça allait : elle pouvait clairement voir à sa tête de déterré que cela n'allait pas. De plus cette façon de demander des nouvelles l'agaçait : la plupart des gens qui demandaient « Ça va ? » ne s'attendent pas vraiment à une réponse honnête, plutôt à un « Oui et toi ? » qui leur donnait ensuite bonne conscience pour le reste de la journée, et leur permettait de passer à autre chose.

Bref, elle lui demanda ce qu'elle pouvait faire pour l'aider, si elle pouvait par exemple lui préparer une potion ou autre chose.

Harry lui répondit, pâle et cerné.

- Non, ça va Mione, merci. Soit juste à mes côtés. Tu es ma meilleure amie, tu sais ?

Hermione serra le brun dans ces bras. Par Merlin, qu'elle l'aimait, cet idiot à lunettes. Des sifflements provenant des tables voisines la ramenèrent sur terre. Elle jeta un regard noir à la ronde, calmant tout de suite les ardeurs de ses camarades, effrayé par la réputation de la Gryffondor.

- Tu sais, depuis la guerre les gens ne nous traitent pas pareil. Tu vas me dire qu'ils ne m'ont jamais traité normalement, après tout je suis « Celui qui a survécu ».

Il mima les guillemets, faisant sourire la brune, avant de continuer.

- Il y a très peu d'élèves avec qui je me sens bien, surtout depuis que Ron est parti ...

- Je sais,  soupira Hermione, c'est la même chose pour moi ... Mais arrête de noyer le poisson-diable, on parlait du fait que ta magie débloque, et que tu ne dors plus de la nuit. N'essaie pas le nier, Dean me l'a confirmé. Tu es épuisé et tu as l'air à bout.

Harry jeta un coup d'oeil à l'autre extrémité de la table, où se trouvait une jolie rousse. Il était sur le point de parler quand une douleur intense traversa tout son corps. Il se raidit, la douleur l'aveuglant pendant quelques secondes. Sitôt la douleur disparue, il se sentit beaucoup mieux, mieux que depuis des jours, même. Il sentait une étrange connexion, une connexion qui l'attirait vers ... l'aéroport de Londres ?

Il demanda à Hermione de prévenir MacGonagall qu'il quittait Poudlard, puis décampa d'un pas rapide jusqu'à sortir de l'enceinte de Poudlard.

Il transplana, utilisant pour la première fois depuis des jours ses pouvoirs, sans aucune difficulté.

La Fille de Lune égaréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant