White Era • kv TOME 3 | Terminé |

Chapitre 8

La réunion commence et je comprends bien vite pourquoi nous sommes là: l'hiver ne se calme pas et la situation de l'université devient critique. Chauffer des bâtiments aussi grands durant un temps illimité commence sévèrement à produire une facture salée tandis que nombre d'étudiants ne peuvent assister aux cours à cause des bus et voitures qui ne peuvent plus circuler sur les routes. Autant dire que l'établissement entier est dans l'impasse.

— C'est pourquoi nous avons décidé, après de très longues discussions, que nous allions fermer les portes de l'université le temps que cette situation météorologique des plus surprenantes ne se calme, annonce le doyen.

J'écarquille les yeux et me tourne soudainement vers Seojoon qui a le même regard que moi. Les cours étaient annulés jusqu'à rétablissement de la situation ?! Immédiatement, des murmures se soulèvent dans tout l'amphithéâtre. Je tourne mon attention vers le doyen qui se trouve sur l'estrade, accompagné de ses collaborateurs. Ils ont tous un air désolé et un peu attristé. Je suppose que ça n'a pas été une décision facile à prendre. Autour de moi, j'entends de nombreux étudiants se demander comment va se passer la suite de leurs études. La panique se met à imprégner les lieux et c'est quand je ressens toutes ces émotions négatives que je comprends.

C'est le but de Yeosang. Bloquer le monde, le figer dans la glace pour que plus rien ne fonctionne. Plonger l'être humain dans la plus vicieuse des paniques pour le détruire de l'intérieur. Nous ramener à un âge de glace qui plongerait la Terre dans le chaos. Je serre les dents et les poings, bien décidé à ne pas laisser faire une chose pareille. Il faut que j'arrive à convaincre le doyen de revenir sur sa décision. Je m'apprête à m'assoir mais une main autoritaire se place sur ma cuisse et m'oblige à rester assis. Immédiatement, j'ai l'impression que la chaleur de la paume de Jungkook brûle mon pauvre jean.

— Ne bouges pas.

— Je n'ai pas d'ordre à recevoir de ta part, je siffle entre mes dents.

Une nouvelle fois, je me lève et cette fois avec un peu plus de force pour qu'il ne me stoppe pas. Cependant, il finit par se mettre également debout et attrape ma main avant de me tirer hors de la rangée de sièges. Dans mon dos, j'entends Seojoon m'appeler sans comprendre.

— Taehyung !

Je me tourne brièvement pour lui signifier du regard que je gère la situation. Ce qui est totalement faux soit dit en passant car je n'ai absolument aucune idée de ce que compte me faire Jungkook. Nous dévalons les marches et sous quelques regards intrigués, nous sortons de l'amphithéâtre. Les couloirs sont vides, tous les étudiants étant entassés dans la pièce où nous étions précédemment tandis que les lumières sont éteintes, sûrement pour faire des économies. Le froid de ce nouvel environnement provoque la coloration de mes joues tandis que Jungkook me lâche la main en soupirant.

Il s'éloigne de quelques pas de moi, tout en me tournant le dos.

— Je peux savoir ce que tu fous Jungkook ?

— Je ne te laisserai pas parler au doyen.

— Pour protéger Yeosang, je l'ai bien compris. Mais tu crois vraiment qu'il suffit de me faire sortir de cet amphithéâtre pour m'en empêcher ?

Il se retourne et plante son regard d'ambre dans le mien. Mon coeur se fige un instant dans ma poitrine et je retiens tout juste mon corps de reculer d'un pas. De sa carrure imposante, il s'approche et finit par se tenir à quelques centimètres de moi. Son odeur musquée me chatouille les narines et fait naître une sensation désagréable dans mon bas ventre.

— Ça suffit Taehyung, maintenant tu vas m'écouter.

— Pardon ? Tu me prends pour ton chien ou quoi ?!

Exaspéré, je le pousse par l'épaule et le contourne en passant ma main dans mes cheveux chatains. J'inspire, expire. J'essaie de calmer la colère qui monte en moi. Je n'ai vraiment pas envie de faire une scène en plein milieu du couloir de la faculté. Je ne veux pas que des gens aux oreilles baladeuses entendent ce que nous avons à nous dire. J'entends des pas dans mon dos et j'ai à peine le temps de le réaliser qu'une main vient avec une agréable douceur se poser contre ma gorge, enserrant mon cou sans me faire de mal. Contre mon oreille, son souffle est chaud et sa voix est grave.

— M'écouter, c'est la meilleure chose que tu as à faire.

— Et je peux savoir pourquoi ?

Ma voix tremble presque tellement je suis perturbé par son corps contre le mien. Je peux presque entendre mon sang battre dans mes veines et je suis presque sûre qu'il l'entend parfaitement. Il me semble sentir ses muscles se tendre mais sa voix demeure maîtrisée et parfaite.

— Parce que je sais ce qu'il y a de mieux à faire.

— Tu parles. Tu ne fais que ce qu'il te demande...

Je ne peux m'empêcher de laisser la tristesse imprégner ma voix. Je baisse la tête et serre les poings pour que mes mains ne tremblent pas. Moi qui m'étais juré de me détacher de Jungkook, je me rends compte que le lien qui m'unit à lui continue malgré moi à me rattacher à cet Alpha de pacotille. Mon corps tout entier frissonne en sentant la pulpe de ses lèvres effleurer mon oreille.

— Peut-être bien, oui... murmure-t-il.

Sa voix est plus rauque, plus éraflé. Comme si quelque chose au fond de lui voulait sortir pour hurler au monde un secret enfoui. Curieux par cette teinte de voix, je tourne légèrement la tête et croise son regard de bête: ses iris ambrées ne me lâche pas une seule seconde. Mon souffle se coupe dans ma poitrine quand je prends conscience de notre proximité. Mon regard maintenant doré se perd sur ses lèvres entrouvertes. A peine quelques centimètres et je pourrais...

— Jungkook, qu'est-ce que tu fais ?