White Era • kv TOME 3 | Terminé |

Chapitre 44

La nuit, tout est paisible. Les sons de la vie et de l'agitation se taisent pour laisser place à la tranquillité du soir, à la quiétude de la Lune. Le silence reprend ses droits et c'est son existence qui me permet de mieux entendre les battements lents et réguliers de mon coeur. Un jour, je ne saurais dire quand, il s'éteindra et la vie qui l'habite s'évanouira comme si elle n'avait jamais existé. Seuls resteront de moi les souvenirs que j'ai gravé au fer rouge dans les âmes de mes proches. Si je peux partir en leur assurant protection et bienveillance, alors il n'y a que ça qui compte, au final.

Une main attrape ma nuque avec une douceur que je n'expérimente pas souvent. Un soupir s'échappe de mes lèvres et mes yeux se ferment, tandis qu'un souffle vient frapper mon oreille, provoquant un frisson qui glisse le long de ma colonne vertébrale.

— Tu traites ton Corbeau comme un véritable toutou, tu le sais ça ?

Les doigts de Jungkook pressent légèrement ma nuque et par réflexe, je penche brièvement la tête en arrière avant qu'un petit rire ne m'échappe. Mes yeux fermés me permettent de ressentir de façon plus prononcée les sensations et émotions qu'il me procure par ses gestes si simples. L'entente de sa voix, l'expérience de son toucher contre mon épiderme sensible rien que pour lui... Une sorte de composition entraînante et dangereuse, aux notes animales et sensibles à la fois.

— Ne me fais pas croire que tu ne mènes pas le tient par le bout du nez.

— Le mien n'est pas aussi dévoué.

Sa main glisse de ma nuque pour venir titiller mon dos. Ses doigts viennent retracer mon épine dorsale avec délicatesse, comme si elle était faite de cristal. Un soupir presque tremblant m'échappe et lentement, j'ouvre mes yeux, accueillie par l'éclat des étoiles qui semble plus fort en ces temps de froideur hivernale.

— Nous attaquons demain.

Alors qu'il atteint la chute de mes reins, sa main se saisit de ma hanche et m'oblige à me retourner brusquement. Ses yeux sont sévères tandis que les dernières traces de surprise s'évanouissent dans ses iris sombres et autoritaire. Sa prise sur mon corps se fait plus ferme et je vois bien que cette annonce ne lui plait pas.

— Déjà ?

— Je ne veux pas perdre de temps.

Je pose ma main contre sa joue avec autant de fermeté que lui puis viens l'obliger à poser son front contre le mien. Je plante mon regard dans le sien et lui parle avec toute la détermination du monde.

— Je refuse qu'ils nous séparent plus longtemps.

Même si je sais que la mort ne tardera pas à s'en charger à leur place.

— Je veux profiter du reste de ma vie pour être à tes côtés.

Même si cette vie s'avère être trop courte.

— Je veux pouvoir connaître le Jeon Jungkook souriant et heureux.

En espérant qu'il ne s'éteigne pas trop vite lui aussi.

Il m'observe longuement, les yeux légèrement écarquillés. Je ne lui ai quasiment jamais exposé mes sentiments comme je l'ai fait maintenant. Peut-être cela le touche-t-il. J'observe chacune de ses réactions et profite de cet instant de calme pour caresser sa joue de mon pouce. Mon coeur demeure serein. Même si je sais la mort proche, sa faux prête à s'abattre sur moi, je sais que je me bats pour une cause juste.

Jungkook déglutit un instant avant d'attraper mon visage entre ses mains, déposant soudainement ses lèvres sur les miennes, comme si cela faisait des années qu'il ne l'avait pas fait. C'est alors que je réalise quelque chose de nouveau. Une nouvelle sensation qu'il me transmet dans ce baiser. Une envie, un désir, incommensurable et puissant, trop longtemps réfréné. Une de ses mains me lâche le visage pour venir dans mon dos, me pressant contre son corps. Fébrile, il relâche mes lèvres non sans les martyriser de ses dents avant de planter un long baiser appuyé dans mon cou. Mon souffle tremble et mes yeux croisent brièvement l'éclat de la Lune, haute dans le ciel.

— Demain, tout sera fini, souffle-t-il après avoir écarté ses lippes de ma peau brûlante.

Je sens ses bras qui viennent m'entourer, m'entraînant ainsi dans une étreinte chaleureuse et plus douce que l'échange précédent. Je me mords la lèvre inférieure et m'applique à garder le calme qui m'habite pendant que je le prends également dans mes bras, posant ma tête sur son épaule.

Oui. Demain, tout mes tourments prendront fin.