Chapitre I

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Alors elle se précipita vers lui pour lui demander ce qu'il faisait ici. Mais il lui répondît simplement être à sa place depuis le début. Kyanite prit peur et elle partit. Il y avait une telle lueur dans son regard qu'elle n'aurait plus jamais pu s'approcher de lui sans frissonner. Elle sentait comme une douce folie qui se dégageait de cet homme, mais il y avait autre chose... Comme si lui-même n'était pas humain. Comme s'il était une poussière, un mensonge, comme s'il n'était pas réel.

Elle remua la tête souhaitant en chasser l'absurde pensée qui venait de lui traverser l'esprit. Il ne pouvait pas ne pas être humain. Tout cela était absurde. Comme tiré d'un mauvais rêve. Pourtant ce gardien semblait être justement... un rêve.

À peine cette pensée lui eût-elle traversé l'esprit qu'elle la chassa à nouveau agacée. Se laisser aller aux superstitions n'était pas bon, pas dans son monde en tout cas.

Kyanite était la fille d'un juge, il était ferme et ne croyait absolument pas tout ce qui n'était pas prouvé avec le plus grand soin.

Quant à sa mère, elle était morte lorsqu'elle n'avait que trois ans. Il était courant de perdre ses parents dans un monde ravagé continuellement par la guerre. Aussi les enfants avaient toujours dû savoir se débrouiller par eux-mêmes. Elle gardait peu de souvenirs de sa mère, elle avait du mal à se l'avouer mais elle préférait ne pas en garder. Se laisser aller aux sentiments, on le lui avait toujours répété, n'était pas une bonne idée. Après tout... chacun de nos proches finissait par disparaître n'est-ce pas ?

Alors autant en être détaché le plus possible. Et la jeune elfe se félicitait de ne jamais s'être laissée aller aux sentiments tels que l'amitié ou autres idioties de ce genre. À vrai dire la seule personne à laquelle Kyanite pouvait potentiellement tenir était son père. Et encore il était si froid qu'elle préférait ne pas s'attacher à lui.

Elle prit une profonde inspiration. Le vieux gardien... mais était-il réellement vieux ?

Elle inspira à nouveau. Cet homme était encore dans ses pensées. Elle aurait de la difficulté à l'en faire sortir de si-tôt.

Pourquoi avait-il fallu qu'elle se désigna pour aller chercher des fleurs d'Orytju en territoire humain ?

La réponse venait malgré elle...

Elle avait un continuel besoin de quitter sa ville et plus elle s'en trouvait loin mieux elle se portait. Elle allait en territoire humain pour le simple plaisir du risque que cela encourait et depuis un certain temps la montagne avait semblé l'appeler à nouveau.

Il était évident qu'avec toutes ces pensées, tous ces besoins qui se confrontaient dans son esprit elle avait sauté sur l'occasion pour se rendre à la montagne. Montagne qui l'avait toujours bercée. Depuis qu'elle était enfant, elle y était toujours allée pour chercher des fleurs d'Orytju. Elle était la seule suffisamment téméraire de sa ville pour oser s'y rendre. Mais ce n'était pas par accès d'orgueil ou par besoin de prouver sa valeur ou son audace qu'elle se proposait pour aller dans la montagne. C'était simplement un besoin pour elle de la gravir. Sans compter cette sensation... Une sensation de certitude emplissait toujours sa poitrine lorsqu'elle accomplissait son devoir et elle se sentait alors libre, sans attache à ce monde qu'elle avait fini par haïr.

Kyanite haïssaient les elfes qui l'entouraient avec leur discours d'entraide alors qu'eux-mêmes seraient incapables d'aider qui que ce soit si leur vie était en jeu. Elle détestait leurs dires sur les actions brutales des humains. Elle détestait leurs mensonges, leur hypocrisie, mais surtout leur peur qu'ils camouflaient si bien. Elle ne leur en voulait pas d'avoir peur, chacun avait peur. Non elle leur en voulait de faire semblant de ne pas craindre d'être attaqué. Ils étaient... ils la dégoûtaient.

Au Nord d'AùrilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant