Il resta là durant un instant à la regarder partir tandis qu'elle s'enfonçait dans la pénombre jusqu'à ce qu'Arthur eût le bon sens de l'appeler :
"Onyx ? Tu rêves ?
— Éveillé simplement, sourit-il d'un air fatigué. Rentrons !"
Arthur se frotta la nuque et sourit :
"Pourquoi diable lui as-tu parlé ? Nous aurions pu simplement faire demi-tour...
— Elle était... elle était captivante Arthur. Il fallait que je l'entende, c'était essentiel. J'imagine que tu dois me prendre pour un fou, soupira-t-il.
— Fou ? Toi ? Jamais je ne pourrais le penser, fit mine de s'indigner son ami. Rappelle-moi quelle était ta dernière idée fantastique. Ah oui c'est vrai ! Tu as essayé d'appâter un dragon avec du fromage !
— J'ai pensé...
— Et la dernière fois, le coupa le jeune homme le regard taquin, tu as essayé de me tuer en m'entraînant dans les marais afin de mettre au point ta nouvelle invention qui devait te sortir de ce marais. Et que s'est-il passé ? Nous avons manqué d'y rester tous les deux !
— Tu exagères ! Et puis elle devait marcher cette invention, elle a simplement eu un... désagrément.
— Oh rien que cela... J'ai failli en mourir !
— Tu as toujours besoin d'exagérer tout ce qu'il t'arrive, soupira Onyx dont les yeux débordant d'amusement démentaient son air agacé.
— Et je ne parle pas de la potion que tu as voulu voler à Eswaldar !
— Oh non tu ferais mieux d'éviter d'en parler ! Enfin reconnais que sans moi ta vie serait d'un ennui..."
Arthur leva les yeux au ciel et reprit :
"Donc je ne me permettrais pas de te prendre pour un fou, voilà bien une kyrielle de preuves que tu es entièrement censé d'esprit et que jamais, ô grand jamais, tu n'irais discuter avec une elfe comme s'il s'agissait d'une de tes amies.
— Je ne comprends pas pourquoi nos peuples s'obstinent à vouloir s'entre-tuer. Ils pourraient accomplir de grandes choses ensemble.
— Je sais, dit doucement Arthur en posant une main sur l'épaule de son ami. Il se trouve que les êtres vivants sont absurdement idiots. Mais si cela peut t'apporter un quelconque réconfort, j'ai trouvé également que la jeune elfe avait quelque chose de captivant. Je ne serais pas allé jusqu'à lui parler mais... "
Il n'acheva pas sa phrase et Onyx hocha la tête. Il le comprenait.
Il repensa à cette jeune elfe. Il se dégageait d'elle une grâce presque irréelle. Il avait senti comme une aura de pureté mêlée à un besoin d'indépendance autour d'elle. Contrairement aux autres elfes qu'il avait déjà eu l'occasion de rencontrer ses cheveux d'un blanc très pâle n'étaient ni soignés, ni relevés sur sa nuque. Ils n'étaient pas très longs, ils lui arrivaient à hauteur des épaules et ils s'agitaient en tout sens au grès du vent. Quant à sa peau elle était étrangement parsemée de tâches de son, loin d'être semblables à celles qui constellaient le visage d'Arthur, elles étaient plus pâles et bien plus éparpillées. Ses yeux étaient tout aussi étonnants, ils étaient d'un bleu pâle, si pâle qu'il en paraissait transparent et l'on pouvait voir rejaillir à l'intérieur de ses prunelles de l'audace et du défi. Tout dans son être respirait la liberté et murmurait "je n'ai besoin de personne". Il s'agissait probablement de ce qui l'avait le plus fasciné chez cette elfe, son attitude face au danger. Elle ne semblait pas craindre de perdre ses proches en allant en prison car elle semblait justement n'être attachée à personne. Cela le perturbait grandement car, Onyx en avait la conviction, personne ne pouvait se contenter de vivre seul. Chacun méritait de connaître le bonheur de l'amitié ou autres sentiments de ce genre.
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Au Nord d'Aùril
FantasiaEn temps de guerre, tous vous le diront, il vaut mieux haïr qu'aimer. Tout comme il vaut mieux faire preuve de lâcheté que de courage. Du moins si l'on souhaite rester en vie sans aller au-devant du danger. Il se trouve que certaines personnes n'en...