Chapitre XIV

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« Et voilà c'est ainsi que nous sommes devenus prisonniers du donjon une nouvelle fois, acheva Arthur dans un soupir. »

Tandis que le rouquin racontait leur mésaventure aux quelques prisonniers éveillés dans le donjon, Onyx lui cherchait un moyen de s'évader de cette prison. Tout d'abord il fallait trouver comment partir de leur cellules. Par chance, les deux jeunes garçons avaient été enfermés dans des cellules à proximité.

Sa mère avait été tellement hors d'elle lorsqu'elle avait vu leur pathétique tentative de fuite qu'elle ne s'était même pas occupée de les enfermer elle-même. Elle avait sans doute été trop déçue des deux garçons pour vouloir encore s'occuper de leur sort. Elle souhaitait certainement ne plus avoir affaire à eux. Elle avait dû oublier de donner des ordres stricts au geôlier qui n'avait même pas pensé à enfermer les deux amis dans des cellules éloignées.

« Donc vous avez vraiment tenté de vous enfuir pour sauver une elfe ?

— Oui, dit Onyx exaspéré. Mais maintenant il est sûrement trop tard... Il faut que nous trouvions un moyen de sortir d'ici !

— Ecoute gamin, dit un vieux prisonnier qu'Onyx et Arthur connaissaient un peu pour avoir discuté quelques fois avec lui enfants, aucun de nous n'a réussi. Tu ne penses tout de même pas que vous deux, pauvres gosses, allez réussir là où nous avons échoué. Nous avons tout tenté. Rien à faire à moins que vous ne possédiez une clé...

— Nous ne sommes plus des gamins, protesta vivement Arthur. Il faut que nous allions prévenir Kyanite coute que coute. Nous n'avons rien à faire ici !

— Je sais, sourit d'un air sombre le vieillard, je sais que vous avez grandi à présent. Vous n'êtes plus les enfants qui sont arrivés une fois ici terrifiés par ce qu'ils voyaient. Je sais aussi qu'il faut que vous préveniez cette elfe, personne ne mérite de mourir ainsi, et oui votre place n'est pas ici. Mais cela ne change rien vous m'entendez. Rien du tout. Vous restez impuissants.

— Personne ne peut s'évader du donjon, ajouta une voix féminine. Croyez-nous, nous avons essayé.

— Emprisonnés à tort il fallait bien que nous nous occupions, grogna une autre voix caverneuse.

— Onyx, dit Arthur. Peut être que tu pourrais créer un double des clés ou... un passe-partout, non ?

— Et avec quoi, s'énerva le jeune garçon. Nous n'avons rien Arthur ! Rien que de la poussière. Nous ne pourrons pas la sauver, ils l'ont dit, ils ont échoué eux aussi ! »

Il désigna l'ensemble des prisonniers du doigt puis soupira et s'affala au sol, s'adossant contre le mur de pierre de sa froide cellule.

« C'est peine perdue... Rien de ce que nous n'entreprenons n'est couronné de succès, soupira-t-il finalement. A quoi bon transgresser les ordres, les lois, a quoi bon aller au-devant du danger pour faire le bien, si tout n'est ni plus ni moins qu'un enchainement d'échecs ? Nous ne parvenons même pas à dormir à la belle étoile ! »

Arthur ne répondit pas, plongé sûrement lui aussi dans de sombres pensées.

Le coeur d'Onyx battait à la chamade et il commençait à désespérer de revoir un jour la jeune elfe vivante. Voilà quel était le danger qu'elle courait et son destin tragique ! Elle allait simplement mourir auprès des siens à quelques kilomètres de la prison des deux garçons.

« Petit, il y a un sens à tous vos échecs tu sais. Il y a une raison aux difficultés que vous encourrez toi et ton ami. »

Onyx et Arthur sursautèrent et se tournèrent vers l'homme qui venait de leur parler. Cet homme avait une voix si rocailleuse qu'Onyx se surprit à penser qu'il n'avait peut-être pas ouvert la bouche depuis bien des années. Ils connaissaient ce prisonnier de vue uniquement, ils savaient que les autres détenus préféraient ne pas lui adresser la parole. Et pour cause, il avait tué deux innocentes personnes sans la moindre pitié.

Au Nord d'AùrilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant