Au Nord d'Aùril

Chapitre XI

Kyanite se retourna lentement. Elle se surprit à espérer que si elle était suffisamment lente le garde dont elle avait reconnu la voix s'en irait.

Mais elle fut terriblement déçue de constater qu'il était encore là à la fixer jusqu'à ce qu'elle baisse les yeux. Mais elle ne lui fit pas ce plaisir.

Elle reconnut en lui les cheveux noirs de jais et les yeux bleus humides du garde avec qui elle s'était frottée il y avait deux semaines de cela. La vue de cet elfe l'horripilait au plus haut point et si elle pouvait s'écouter elle l'ignorerait promptement et passerait son chemin. Seulement cela reviendrait à le fuir et elle n'avait aucune envie de le laisser croire qu'elle avait peur de lui. Elle resta donc ainsi durant un instant qui lui parut infini à le regarder droit dans les yeux. Sans ciller.

"Que faisais-tu dehors, demanda-t-il férocement lorsqu'il comprit qu'elle n'avait pas l'intention de parler la première.

— A ton avis, répliqua-t-elle avec fougue."

Elle n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait bien penser de son escapade au-dehors mais elle ne souhaitait nullement l'aider à comprendre.

"J'attends que tu me le dises !

— Je n'en ai pas l'intention, dit-elle en souriant.

— Si tu ne le fais pas j'irais en parler aux chefs, la menaça-t-il.

— Tu le feras dans tous les cas, se moqua-t-elle. Seulement dans un cas je ne suis pas idiote je ne parle pas et dans l'autre je te crois."

Il la dévisagea l'air circonspect et Kyanite comprit que ses propos avaient dû manquer de clarté. Peu lui importait à vrai dire, la seule chose qui occupait son esprit était la réaction des chefs. Avec un peu de chance peut-être la banniront-ils ? 

Mais elle ignorait si elle était vraiment prête à quitter son foyer pour toujours.

Cependant elle n'avait pas le choix dans tous les cas. Il y avait en effet de fortes chances qu'ils préfèrent la garder enfermée dans la ville. Alors elle s'enfuirait, dans tous les cas elle devrait partir.

Mais peut-être ordonneraient-ils sa mort aussi... Il ne fallait en aucun cas que cela arrive, c'était pourtant malheureusement ce qui arrangerait le plus les chefs, ainsi il n'y aurait plus de risques qu'elles colporte des informations aux humains alentours.

"Suis-moi, lui ordonna finalement le garde."

Il l'emmena vers la demeure des chefs. Kyanite déglutit difficilement à leur vue.

Ils affichaient un air sombre et terriblement attristé. Elle comprit qu'ils devaient être déjà au courant de sa fuite.

Leurs dires confirmèrent son appréhension :

"Kyanite, dit le plus jeune. Peux-tu nous expliquer ce que tu faisais dehors ? Depuis ton escapade dans la montagne nous t'avons fait surveiller nous doutant que tu allais peut-être recommencer à quitter la ville. Nos doutes se sont malheureusement confirmés. Tu nous déçois beaucoup Kyanite.

— As-tu seulement conscience que si un humain te capturait il pourrait te forcer sous la torture, à révéler des informations capitales sur notre ville, soupira l'autre d'un air las. Nous ne pouvons laisser passer un tel risque. Nous allons tout d'abord faire boucher le trou dans la muraille et t'empêcher de sortir de cette ville. C'est bien trop dangereux tu n'as pas conscience de toutes les vies que tu mets en péril ainsi."

Malgré cette terrible punition Kyanite se sentit amplement soulagée, elle ne serait pas condamnée à mourir.

"Qu'étais-tu partie faire, demanda alors le jeune chef."