Chapitre XII

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La chaleur de l'été commençait à déteindre peu à peu et laissait alors place à la tendre humidité de l'automne. Onyx regardait d'un air absent les feuilles tomber des peupliers dans la pénombre de la nuit qui tombait doucement sur les jardins. Il songeait au temps, sans réellement y accorder beaucoup d'attention non plus. Il évitait de penser au sombre destin qui attendait Kyanite. Après tout il ne s'agissait que d'une vieille légende, peut-être les Gardiens n'existaient-t-ils pas ?

Le jeune garçon était persuadé que dormir à la belle étoile l'aiderait à mettre ses idées au clair. Il en avait l'intuition, il avait besoin de sortir au-dehors et d'aller dormir dans la forêt en attendant le retour de Kyanite.

Mais le terrible monde de ses parents le rappelait à lui. Il se sentait piégé, plus qu'il ne l'avait jamais été et il enviait la liberté dont Kyanite jouissait. Il voulait être comme elle parfois. Mais il savait qu'il n'en serait pas capable.

Arthur pénétra dans sa chambre. Il sourit en constatant que son ami était encore penché à la fenêtre.

« Je veux voir les étoiles Arthur, de l'extérieur, se confia le jeune garçon. »

Le rouquin sourit tristement. Il demanda alors en désignant trois astres en direction du Sud :

« Dis-moi quelles sont ces trois étoiles ? »

Un sourire naquit sur les lèvres d'Onyx. Il les lui avait tant et tant répété qu'il ne faisait aucun doute qu'Arthur connaissait ces trois étoiles. Mais le jeune garçon souhaitait sûrement changer les idées de son ami, et Onyx lui en était reconnaissant.

« Elles sont sans nul doute les étoiles les plus discrètes de la voute céleste, répondit Onyx sur un ton passionné. Elles n'apparaissent que très rarement dans le ciel mais elles guident nombres de voyageurs perdus. La première, est la plus éloignée des deux autres, on la nomme Ellas. La deuxième, celle située entre les deux, est la plus trouble, certains disent qu'elle n'est peut-être rien de plus que le reflet des deux autres ou le fruit de notre propre imagination. Toujours est-il qu'elle a pour nom Nebuloïs. La dernière est celle qui brille avec le plus d'éclat, aussi s'appelle-t-elle Brilla.

— Eh bien ! J'ignorais tout cela, s'exclama Arthur sur un ton taquin. Heureusement que tu es là pour...

— Pourquoi ne pas nous enfuir maintenant, le coupa Onyx sans se départir de son air sombre.

— C'est trop dangereux Onyx, soupira le rouquin. Si jamais ta mère s'en aperçoit... Elle surveille toujours si tu es dans ton lit, soit tôt le matin, soit tard le soir. Nous ne pouvons pas prendre ce risque, tu le sais.

— Et si nous ne revenions pas.

— Tu ne penses pas ce que tu dis, rit Arthur. Songer à partir pour toujours juste pour une nuit à la belle étoile. N'oublies pas nos frères et soeurs. »

Onyx y songeait justement, il se rappelait avec amertume qu'il ne pouvait les abandonner.

Soudain la porte de la pièce s'ouvrit une nouvelle fois, donnant sur deux imposantes personnes. Il s'agissait de sa mère et de son oncle.

Sa mère s'approcha de son fils un sourire de conquérante aux lèvres tandis que son oncle restait en retrait. Il gardait sur son visage un air profondément désolé qui n'augurait rien de bon.

« Mon garçon, dit la Grande Régente, J'ai une grande nouvelle à t'annoncer ! Il y'a quelques mois j'ai discuté avec Grimelt des fabuleuses inventions que tu as créé. Il en a été fortement intéressé... »

Onyx jeta un regard au roi qui s'agitait derrière mal à l'aise.

« ...et j'ai fait des copie de tes croquis pour les lui envoyer. Il a donc découvert ton engin qui ressemble à s'y méprendre à une catapulte et celui qui permet d'attraper la cheville de quelqu'un afin de le faire basculer. »

Au Nord d'AùrilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant