Chapitre XVII

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 L'aubergiste les considéra un instant avec regard si circonspect que Kyanite fut persuadée qu'il allait les rejeter comme beaucoup d'autres.

Mais finalement, il ne fit pas de commentaire sur le fait qu'elfe et humains logeraient ensemble et il accepta la jeune fille.

Elle en fut soulagée. Au cours de leur deux dernières semaines de voyage, les entrées dans les auberges de Glumïvé étaient très ardues. Ces foyers ne se permettaient pas, généralement d'accueillir elfes et humains sous le même toit. C'était la raison pour laquelle certaines auberges étaient réservées uniquement pour les humains et d'autres uniquement pour les elfes.

Lorsqu'ils eurent compris le problème qu'ils allaient rencontrer les trois amis avaient décidé d'un commun accord de ne pas se camoufler sous des capes ou autres amples vêtements.

Kyanite avait été formelle :

« S'ils nous acceptent tels que nous sommes tant mieux pour eux, ils auront des clients, sinon tant pis nous trouverons ailleurs ou non. Mais il est ridicule de modifier son apparence pour des imbéciles qui ne nous accepteront jamais sous notre véritable apparence. »

Onyx et Arthur l'avaient dévisagée avec un mélange d'étonnement et une pointe d'admiration.

Déstabilisée la jeune elfe avait demandé :

« N'êtes-vous pas d'accord ?

— Bien sûr que si, s'était empressé de la rassurer Arthur. C'est seulement que...

— Ce n'est pas important, avait souri Onyx. Tu as raison. »

Kyanite savait qu'elle avait eu raison ce jour-là, mais elle n'aurait jamais cru que les deux humains l'auraient tant soutenue dans son idée.

Par exemple, par une nuit de pluie glaciale qui semblait pénétrer jusque dans leurs os, ils avaient été rejetés dans chaque auberge où ils avaient toqué. Il leur avait semblé avoir essayé chaque foyer.

Dans le dernier, l'aubergiste avait dit aux deux garçons sans un regard pour Kyanite :

« Si vous souhaitez rester dormir ici vous pouvez ! Il n'y a que votre amie qui pose problème. »

Kyanite s'était alors attendue en toute logique qu'Arthur et Onyx, transis par le froid et morts de fatigue s'excusent auprès de leur amie et acceptent la proposition.

Mais il n'en avait rien été. Ils avaient au contraire, vivement protesté contre cette loi et affirmé que soit l'aubergiste acceptait Kyanite, soit ils dormiraient dehors.

L'aubergiste avait refusé et tous trois, blottis l'un contre l'autre, réfugiés sous un toit de fortune, s'étaient endormis sous la pluie battante qui annonçait la fin de l'été.

Mis à part durant cette terrible et pourtant extraordinaire soirée, Kyanite était heureuse que l'été touchait enfin à sa fin. Il lui avait semblé durer bien trop longtemps à son gout. L'automne était une saison bien plus chaleureuse et agréable à vivre.

« Elle rêve je crois, rit la voix d'Arthur. Elle n'a même pas entendu l'évocation d'un superbe diner.

— D'un autre côté, dit Onyx. Kyanite ne mange jamais beaucoup.

— Oui, je me demande comment est-ce qu'elle fait... »

Le rouquin se tut un instant comme s'il tenait à méditer sur la question.

« Aucune importance, décida-t-il finalement, Kyanite je suis certain que tu nous as entendus alors ne fait pas attendre notre charmant diner je t'en prie.

Au Nord d'AùrilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant