Chapitre 2 : J'suis PNL

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Il se réveilla en sueur. A peine les yeux ouverts, il maudit celui qui eut l'idée d'éteindre la clim. La chaleur était étouffante, malgré les fenêtres qui étaient ouvertes.

A défaut d'être levé tôt, il pouvait au moins profiter du lever de soleil. Il regarda son portable. 7h. Naturellement, tout le monde dormait.

Dès que ses pensées commencèrent à être un peu plus claires, il pensa tout de suite à elle. Il mourrait d'envie d'aller la voir dans sa couchette, au moins pour savoir si elle ne souffrait pas trop de la température. Il tendit l'oreille. Aucuns bruits, à part ceux de quelques ronflements.

Il se leva et se servit un café froid. Il commençait à faire chaud. Alors, il se passa de l'eau sur le front, la nuque et... En allant dans la salle de bain chercher une serviette, il se regarda dans le miroir. Depuis quelques semaines, il pensait à se couper les cheveux. Courts. Il ne l'avait pas fait par flemme d'aller en ville. Mais Marseille était différente. Il savait que quelques barbiers devaient déjà être ouverts. Alors, il griffonna un mot à son frère et partit.

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Léger. Il se sentait léger. Pourtant, il savait qu'il allait se faire charrier mais paradoxalement, le regard qu'il redoutait le plus était celui de la femme dont il se souciait le plus. Quand il se rapprocha du bus, des sifflets commencèrent à se faire entendre.

Et quand il vit son frère, ce dernier eut un sourire amusé : « Je ne pensais pas que t'aurais été capable de le faire. Mais ça te va bien. Par contre, on n'a vraiment pas hérité des traits du daron. ». Pendant que Nabil lui parlait, il scruta le groupe. Elle n'était pas encore levée, il devait être avant les neufs heures. Il le remercia d'un regard.

Il décida d'aller prendre une douche. Puis se rasa, se parfuma et se demanda pourquoi il accordait plus d'attention que d'habitude à son physique. Puis, en une seconde, son cerveau le lui rappela : elle. D'ailleurs, il revint à la réalité quand elle toqua à la porte :

« Tarik, excuse-moi, j'ai oublié ma brosse à dent dans cette salle de bain. Et t'inquiète, si t'es à oilp, j'ai deux minutes... ». Elle s'interrompit quand il ouvrit la porte. Et elle eut pour lui un regard qu'il n'avait encore jamais vu dans ses yeux : celui du ravissement. Lui aussi la dévisagea de la tête aux pieds, elle était en maillot de bain et paréo. « Waouh ! Je te trouve beau... Je te préfère les cheveux courts, ils font ressortir tes yeux et les traits de ton visage. ». Ses paroles le touchaient parce qu'il voyait qu'elle était toujours sincère.

« Merci. », bougonna-t-il. « Pendant que je peux encore les coiffer et que je redevienne un mouton, tu préfères avec gel – il releva ses cheveux – ou sans ? ». Il ne savait même pas pourquoi il lui demandait son avis. Parce qu'en réalité, au fond de lui, il voulait juste lui parler, que ses yeux restent à jamais sur elle et surtout, il aimait ces moments où ils se retrouvaient.

« Mmm... Les cheveux relevés, c'est la mode le coiffé-décoiffé. ». Elle eut un rire doux et désigna elle-même ses cheveux.

« Je vais commencer avec le peigne, puis tu finiras avec tes mains parce que tu es notre spécialiste coiffure. ». Il s'assit sur le tabouret pour qu'elle se mette derrière lui.

« C'est vrai que je suis devenue votre coiffeuse attitrée. », dit-elle dans un sourire pendant qu'elle le regardait faire. « En réalité, vous êtes tous des vraies gonzesses... Parce qu'entre les tresses – elle commença à compter avec ses doigts – les cheveux à lisser, les conseils pour les shampoings et les soins... Vous voulez aussi des avis épilation, comment ça se passe ?! ».

« Tais-toi sale hamar, c'est toujours moi qui t'ondule les cheveux. ». Mais il ne devait pas s'en plaindre car ça lui permettait d'avoir des occasions de passer du temps avec elle. Il finit en cinq minutes et elle termina en cinq secondes. Ils se regardèrent dans le miroir, elle mit ses mains sur ses épaules et il se maudit que son corps commence à frissonner :

« Ça te va ? ». Bien sûr que ça allait et il lui répondit en hochant la tête. Alors, elle prit sa brosse à dent et commença à enjamber le tabouret pour sortir.

« Tu veux que je te fasse quelque chose ? ». Lui-même fut surpris par sa question car normalement, c'était toujours elle qui les posait timidement.

Elle se retourna et un grand sourire apparut sur son visage : « Merci, c'est gentil de proposer. Tiens, fais-moi une tresse que j'attacherai en chignon parce que je sens que la température sur la scène va être... ». Elle s'assit sur le tabouret et commença à se laver les dents. Sa bonne humeur, sa joie de vivre et sa spontanéité quotidienne leur faisait vraiment du bien à tous.

« Mais en fait, tu fais comme chez toi là ?! », commença-t-il en jouant avec ses mains. A travers le miroir, elle leva les yeux vers lui, cracha le dentifrice dans le lavabo et se tourna vers lui.

« Oui, je fais comme chez moi parce que je suis la princesse de Ken et on ne refuse rien à son altesse royale ! », argumenta-t-elle avec un faux air de caillra.

« T'es vraiment une chieuse. », continua-t-il en lui indiquant de se rasseoir. Alors qu'une tresse se faisait en une minute, lui prit le temps de savourer chaque mèche douce sur ses doigts.

« Moi aussi je t'aime beaucoup Tarik Andrieu, plus que tu ne le penses. ». Comme elle était en train de s'essuyer et de s'hydrater le visage, il eut peur de mal la comprendre. Elle était son opposée : sociable, ouverte, presque décomplexée par moments.

Au fond de lui, il savait que c'était l'une des raisons pour lesquelles il ressentait quelque chose, parce qu'elle le complétait.

« Regarde plutôt ce que tu es en train de me faire faire, je te déteste. ». Et à ce moment-là, elle eut une réaction qui le surprit : elle éclata de rire.

« T'es vraiment unique putain. T'aurais au moins pu me répondre que je t'indifférais, comme ça, je ne t'aurais plus embêté ! ». D'humeur joueuse, elle croisa ses bras, ses jambes pour prendre une mine boudeuse.

« L'indifférence est le contraire de l'amour, pas la haine. », maugréa-t-il. Elle avait prononcé cette phrase dans les premiers jours, en leur racontant notamment sa rupture avec son ex. Elle était extrême mais il aimait qu'une femme soit insoumise. Pour lui, c'était un défi.

« Eh ! C'est ma punchline ça ! C'était la seule occasion de rentrer dans le rap game ! En plus, regarde, tu m'as fait la même tresse que t'avais quand vous avez clipé Au DD. ». Elle protestait mais il n'en n'était pas peu fier.

« Elle pète sa mère tu veux dire ! Trouve un mec capable de te coiffer avec autant d'amour que je viens de le faire. Tu m'ensorcèles sale sorcière, je suis censé être un rappeur viril du 9.1 ! ».

« Parce que tu crois que tu me fais peur quand tu gonfles tes muscles et tu prends cet air que tu as toujours ? ». Oui, il savait de quoi elle voulait parler. Il se donnait une image. Pour se protéger, pour éviter d'être analysé, blessé, jugé.

Alors, jouant toujours, il la prit par le bras, la releva brutalement et la planta devant lui. Maintenant, elle était dos au miroir et il remarqua que son dos était entièrement nu. Le maillot de bain au long décolleté dorsal révélait sa taille si fine grâce à ses hanches marquées.

Quand il détourna les yeux, il remarqua qu'il lui tenait tellement fort le poignet qu'il l'avait presque ramené contre lui. Il pouvait sentir sa respiration contre son torse. Elle le détailla et droit dans les yeux, lui avoua : « Tarik, quoique tu en penseras, je te trouve vraiment beau. ».

Que répondre à cela ? Merci ? Toi aussi ? Mais au lieu de ça et il s'en voulait, il restait planté sur place à chaque fois qu'elle lui faisait un compliment. Saleté de fierté à la con. Où est-ce qu'elle avait appris à se servir de tous ces sentiments ? « Son cœur. », lui répondit son âme.

Tout ce qu'elle leur a appris - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant