Chapitre 2 : A l'ammoniaque

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La nuit qui avait précédé leur union avait été... Très courte, autant l'un pour l'autre. Ils avaient mangé tard, regardé un film, essayé de s'endormir, puis étaient revenus sur le canapé pour se caller dans les bras l'un de l'autre, avaient même fait l'amour... Mais rien n'y avait fait. Finalement, ils tombèrent de fatigue à force de lutter contre le sommeil vers cinq heures. Heureusement, leur mariage n'était prévu qu'à 15 heures. A 13 heures, de grands coups retentirent contre la porte. Elle se réveilla en sursaut, alors qu'il savait déjà que c'était toute la clique qui se ramenait, inquiète de ne pas les entendre répondre aux messages.

Alors, il se leva, la tête dans le..., et encore en caleçon, il ouvrit si brusquement la porte que le vent qu'il avait provoqué fit bouger les cheveux de Nabil : « Mais bordel de merde, qu'est-ce que vous foutez ? Je te jure, j'ai limite failli croire Eddy quand ce con a osé dire que vous aviez décidé d'avoir un destin à la Roméo et Juliette. ».

Son frère et toute l'équipe déboulèrent dans l'appartement. Il émergea vraiment quand il les vit en costumes, chaussures brillantes et bien sûr, bijoux lustrant comme jamais. Ils étaient beaux.

« Tarik, je file à la douche ! T'as qu'à aller chez ton frère ! ». Mon dieu, elle était en pleine forme. Tellement que pour la première fois, elle ne lui dit même pas bonjour.

Dans l'appartement régnait une ambiance irréaliste. Ken venait d'ouvrir les volets – toutes les fenêtres l'étaient déjà –, Deen réchauffait le café, alors que tous les autres ne faisaient que mutuellement s'admirer.

Et comme d'habitude, dix minutes plus tard, elle sortit de la salle de bain en peignoir et alla dans la chambre d'ami, où la veille elle avait rassemblé ses affaires : « Ken, Mikael, ramenez-vous, j'ai besoin de vous pour la coiffure ! Après, Eddy, tu viendras m'aider pour la robe. Fabrice et Olivio, mes chers témoins, pensez bien aux alliances ! Et Nabil, n'oublie pas que tu restes avec moi car tu m'as promis pour l'allée ! ».

« Oh ! Et oim, tout le monde s'en balek ! Personne n'a remarqué que depuis que j'ai ouvert la porte, je suis toujours dans l'entrée, habillé d'un simple fut ! D'accord, vous savez tous que je déteste attirer l'attention mais quand même... ». Tout le monde s'arrêta et le regarda.

Mais la seule réponse qu'il reçut fut celle qui dans moins de deux heures allait devenir sa femme : « Profite plutôt du dernier matin du reste de ta vie où je ne te casserai pas les... pieds. ».

La salle de bain étant enfin libre, il s'y engagea et ferma la porte à clé, enfin seul dans une pièce insonorisée. Il avait envie de se prendre un bain. A présent, de ce qu'il penserait, plus rien ne le surprendrait. Qu'est-ce qu'il était en train de faire ? Le pire, c'est qu'il le savait très bien.

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« M. Andrieu Tarik François, voulez-vous prendre pour épouse... ». Quand il entendit son nom, après qu'elle ait accepté de l'épouser avec un « oui » plus qu'audible, il revint à la réalité.

Article 212 : « Les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours et assistance. ». S'il avait eu à décrire ce qu'il ressentait pendant qu'il épousait la femme qui allait partager sa vie jusqu'à ce que la mort les sépare, il en aurait été incapable. Heureusement, sa femme le ferait pendant le vin d'honneur : « Cette situation ne peut pas s'expliquer, elle ne peut que se vivre. ».

« Oui. ». C'était le plus sûr qu'il ait prononcé de toute sa vie. Et tout à coup, la salle se remplit d'applaudissements, de cris, de chants et bien sûr de musique. Il n'y croyait pas encore. Jusqu'à ce qu'ils se passent leurs alliances.

Et à ce moment, il ne vit que son sourire, sublimé par ses longs cheveux qu'elle avait fait ondulés, sa couronne de fleurs et bien sûr par la blancheur de sa robe bohème. Elle portait bien ses Converses aux pieds. Tout simplement, elle était magnifique. Resplendissante. Comblée.

Lui portait un jean blanc et une veste de la même matière et de couleur similaire. Il avait choisi un T-shirt rouge de la même couleur que ses cheveux à elle et bien sûr, avait profité de l'évènement pour s'acheter une énième paire de baskets noirs. Le mélange pouvait sembler étonnant, mais il était à son image : audacieux mais terriblement réussi.

Par pudeur, il ne l'embrassa que sur le front. Puis, Nabil, Inès, Yanis, Ken, Jason, Fabrice, Théo, Mikael, Mo, Alpha, Eddy, Roméo, Antoine, Florian et Olivio sortirent vite pour les attendre devant la mairie. Ce fut à ce moment-là qu'il l'embrassa réellement, ses deux mains sur son visage, toujours naturel. « Je t'aime. ». Il arriva enfin à le lui dire, toujours les yeux fermés.

« A l'ammoniaque. », lui répondit-elle d'une voix si basse que seul lui put l'entendre. Elle avait callé son front contre le sien. Puis, ils signèrent les derniers papiers et remercièrent le maire.

Leur sortie fut bien sûr à leur image : simple, sans bruit mais avec des regards reconnaissants qui ne pouvaient tromper personne. Ce fut la meilleure journée qu'ils vécurent tous ensemble.

Il ne la lâcha plus. Plus jamais. Il avait fait une promesse, un serment le plus sérieux qu'il ait fait de toute sa vie. Il allait s'y tenir. « Question d'honneur. », lui avait fait jurer ses frères. Ce qui allait se passer ensuite ? Une histoire de couple, de potes, de famille, de bonheur pur.

Et surtout de fierté. Toute la soirée, il la regarda prendre soin de chacun des invités. Lui fut soulagé de voir que tout s'était passé comme prévu : un petit vin d'honneur, mais un grand repas, pas d'ouverture de bal mais une ambiance à faire danser l'enfer. Non, le paradis.

Tout ce qu'elle leur a appris - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant