Chapitre 3 : Sereins

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Pendant tout le reste du trajet, elle ne lâcha pas sa main. Il sentait aussi qu'elle bougeait souvent son annuaire gauche pour vérifier que la bague n'avait pas bougé de son doigt. Comme à leur habitude, ils restèrent silencieux, parce que les sons des frères résonnaient toujours et surtout, elle fredonnait encore les paroles.

Mais pendant un couplet de son frère qu'elle n'arriva encore pas à rapper, elle interrompit leur tranquillité : « Tout ça là, tout ce que tu viens de déclencher parce que moi-même je n'aurais jamais osé le faire, tu sais que ça engendre un énorme tas de responsabilités ? Parce que sur la publication des bans... ».

Quand il sentit une pointe d'inquiétude dans sa voix, il la coupa : « Attends, attends, attends, déjà, c'est quoi la publication des... ? ». Même si pour ses ressentis il n'y avait pas plus haut but que l'engagement, il était encore loin de tout connaître.

« Des bans. En gros, c'est pour la mairie une sorte de carte d'identité du couple. Nom, prénom, domicile, profession... ». Il était rare qu'il l'écoute d'une oreille peu attentive mais il avait à ce moment-là une autre question qui le taraudait : « Est-ce que tu veux prendre mon nom ? ».

Elle tourna la tête si vite que son cou craqua : « Bah bien sûr idiot, tu n'imagines pas la fierté ! Et toi, souhaites-tu porter une alliance ? Je te laisse le choix. ». Si son frère lui avait demandé de décrire le sourire qu'elle lui envoyait, il aurait été incapable de lui répondre. Parce qu'elle était heureuse et le fait de la savoir si bien donnait à Tarik un étrange sentiment de paix.

« Oui, et t'as intérêt de ne plus jamais penser que j'ai honte de toi. Je... Enfin, bon, tu sais ce que... Bref, perso, ça me va aussi de nous marier qu'à la mairie... ». Ils n'avaient pas la même religion, même s'ils s'en foutaient. Parce qu'en réalité, pour eux, seul Dieu existait et respecter parfaitement les principes n'était qu'un détail.

« Oui, ce sera beaucoup plus simple. Mes invités ne seront que Ken, Jason, Idriss, Théo, Mikael, Mo, Alpha, Eddy, Roméo, Antoine, Florian et Olivio. Je demanderai à ton frère s'il veut bien m'accompagner jusqu'à toi parce que je ne me vois pas entrer seule sous les regards de tout le monde... Je déteste attirer l'attention. ». La dernière phrase qu'elle prononça le fit sourire.

« Ça je le sais, pas besoin de me le préciser. Et pour les témoins ? Oim, ça sera mes deux frangins. ». Il n'hésita pas une seconde, alors qu'elle réfléchissait toujours : « Fabrice et Olivio.

Parce qu'ils sont deux cadets, et qu'ils représentent tellement de choses pour moi que je serai incapable de toutes te les expliquer au moment où je te parle. Ils me rappelleront le mien... ».

Son cœur se tordit quand il entendit sa voix dérailler. Il fallait agir : « Organisons ça mi-septembre, le temps que tu t'installes à l'appart... Putain mais j'y pense, j'ai aucun costume d'ailleurs ! Les gars non plus... Aussi, on a oublié un léger détail : on va leur annoncer comment ? ». Silence. Ils se regardèrent et ils préférèrent finalement en rire. 

Tout ce qu'elle leur a appris - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant