« Paris, Reims, Metz, Strasbourg, Montbéliard, Dijon, Annecy, Lyon, Clermont-Ferrand, Valence, Nice, Ajaccio, Bastia, Marseille, Nîmes, Perpignan, Toulouse, Bayonne, Bordeaux, Angoulême, La Rochelle, Poitiers, Tours, Orléans, Le Mans, Rennes, Nantes, Lorient, Brest, Caen, Rouen, Amiens, Paris, Basse-Terre, Fort-de-France, Cayenne, Saint-Denis, Dzaoudzi, Mamoudzou, Saint-Pierre, Gustavia, Marigot, Mata-Utu, Papeete, Nouméa, sans parler de tous les autres villes qui ne sont pas en France et qui se trouvent dans les pays dont sont originaires vos familles. Ce qui fait un total de 45 concerts ! Bon, après, je n'ai aucun doute que cette tournée sera dingue car dans son style, ce sera la première ! ».
Elle avait résumé en une minute. Le projet. Celui qu'elle avait concrétisé en une journée, alors que tous y pensaient depuis le succès de leur concert.
« 14 artistes sur scène, exclusivement des rappeurs pour un show - malgré les exigences que chacun aura. ». Personne ne pensait qu'elle allait être si rapide.
« Je suis contente, l'ambiance va être top, vous allez vous é.c.l.a.t.e.r ! ». Elle avait dit le dernier mot les dents serrées et elle avait raison car son projet était inédit.
Finalement, il pensa que cette coordination s'inscrivait dans la logique que tous réalisaient depuis qu'ils s'étaient réunis au début de l'été. Une folie, réfléchit-t-il en même temps qu'elle le dit tout haut.
« Eh les gars, vous êtes tous partis de rien, vous avez toujours bossé dur, même si vous refusez de l'admettre. Ces concerts vont être - elle réfléchit 5 secondes - anormaux, bizarres, curieux, étonnants, étranges, insolites, singuliers... Comme vous tous finalement ! Allez, vous allez réussir, faites-moi confiance. ». Même si cette idée était risquée, elle semblait être sûre d'elle.
Mais il y avait plusieurs problèmes. Le premier était que depuis qu'ils avaient construit leur carrière, ils ne faisaient confiance en peu de monde... Pour lui et son frère, « Que La Famille » n'était pas un slogan pour rien.
Le deuxième, dans la logique, était qu'elle ne faisait pas encore parti de la famille. Pourtant, tous devaient reconnaître que son énergie était incomparable car dans les faits, son projet était possible parce qu'il était... étonnant, invraisemblable, inouï et leur permettraient de continuer le souffle d'une certaine révolution dans la musique française qu'ils entreprenaient.
« On se laisse le temps d'y réfléchir. Cette nuit. Parce que nous sommes tous des baroudeurs et nous avons besoin de parler et... Même si tu sais que pour moi, c'est bon, je valide. ». Ken. Toujours. Avec ses décisions les plus irréalistes les unes que les autres. Mais le sourire qu'elle lui rendit lui fit envoler tous les doutes qu'il avait.
Comme toujours, pour prendre une décision sur sa carrière, il lui fallait l'avis de son frère. Il regarda Nabil et en retour, ce dernier le fixa. Ils avaient leur code : celui-là signifiait « feu vert ».
« Pour nous aussi c'est bon. ». Le tumulte qui venait de s'installer se dissipa et tous les gars le fixèrent avec des yeux ahuris, la bouche presque ouverte.
Mais il s'en fichait car il venait de capter son regard qu'elle ne lâcha plus. Alors, il s'approcha d'elle et se pencha vers son oreille : « Tout ça, là, c'est révolutionnaire et j'espère que tu le sais. T'es en train de bouleverser le fonctionnement de l'équipe. Te voilà capitaine et si tu as envie qu'on te prenne au sérieux, t'as intérêt de garder ce caractère. ». Elle releva la tête et eut un regard déterminé et engagé. « Tu ne seras pas déçu. ». Une seule phrase prononcée comme une promesse, un engagement. C'était une guerrière et il aimait ça.
« Euh les gars, si vous la laissez faire, elle va nous pondre le concert qu'a organisé Mylène Farmer et son équipe au Stade de France ! ». Fabrice. Elle lui lança un regard faussement fâché mais il la checka pour lui prouver qu'il l'embêtait. C'était étrange comme elle avait déjà trouvé sa place, comme s'ils la connaissaient depuis longtemps.
« Imaginez, déjà, je vais vous faire confectionner des costumes... », commença-t-elle à entrer dans le jeu. Elle décrocha à Tarik un sourire qu'elle ne vit malheureusement pas. Depuis le début, il avait senti qu'il avait eu une sorte d'acuité entre eux. Il avait l'impression qu'elle l'envoutait. Acuité, quel mot.
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C'est ainsi que dans les premières semaines de juillet, elle s'était imposée tout à fait naturellement, parce qu'en réalité, c'était son caractère. Il avait aussi découvert que malgré sa jovialité, elle ne voulait jamais déranger : la plupart du temps, elle se tenait toujours en retrait, surtout dans les coulisses qu'elle avait découvert les yeux grands ouverts.
« Eh ! Je n'ai pas l'impression de t'avoir autant impressionné la première fois que je me suis approché de toi. ». Alors qu'il n'avait presque jamais le ton de la plaisanterie, il se surprenait parfois à l'embêter. Parce qu'il n'était pas insensible à ses rougissements.
Un soir, couché sur une chaise longue en train de siroter un whisky, il se demanda si comme les autres, elle était sa sœur. Sa conscience lui répondit : « Tu te poses cette question alors que depuis le premier jour, tu sais très bien que tu ressens un autre sentiment très précis. ». Putain.
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Tout ce qu'elle leur a appris - PNL
Hayran KurguCette histoire est une renaissance. Celle d'une jeune femme du peuple qui rencontre un prince du rap. Un regard pour un coup de cœur, ou un coup de foudre : elle et Tarik se lient d'un accord tacite. Tout ce qu'elle leur a appris est un livre ouver...