Épisode 31 : Amour toxique

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Nous avons tous peur de faire des erreurs. Mais ce sont justement elles qui nous font avancer.

MARINETTE

Nous arrivons en haut et tournons à droite. La porte d'une chambre est grande ouverte, nous entrons à l'intérieur. Bleue me laisse entrer en première, j'avance malgré moi en me retenant de déglutir. L'énorme bosse qui s'est implantée dans mon estomac m'empêche de me détendre. Bleue a l'air d'être une fille brisée par la vie, par ses coups bas mais aussi ses bonheurs. Comme si le chagrin l'affectait moins, qu'un magnifique sourire.

Parfois certaines personnes sont à elles seules, un vrai mystère...

Toujours aussi flippante, la grande rousse aux yeux tristes à l'air d'avoir beaucoup trop vécue. S'il était possible de décrire le désespoir et la mort qui hante le bleu de ses iris, je pourrais m'y noyer et passer du côté obscur de la vie. Seulement, je suis sure d'une chose au sujet de Bleue : elle est détruite.

Peut-être que la pâleur de sa peau l'enfonce encore plus dans cette obscurité qu'est la mort. Ou peut-être pas. Mais il est pour moi, si dur, de la regarder dans les yeux. J'ai peur de ressentir sa tristesse et d'en payer chère les conséquences...

Quelle lâche suis-je !

Rien qu'en la regardant, il est facile de deviner que sa vie n'a guère été un conte de fées. Il lui suffit d'un regard pour effacer le bonheur de quelqu'un, j'en suis sûre.

- Qu'est-ce qu'on fait ici ? Je lui demande après avoir regardée la pièce calmement.

Mes yeux se sont arrêtés sur tous les meubles de la chambre, de taille médium, elle est aussi sombre que toutes les autres pièces de cette maison.

- C'est ici qu'a eu lieux les viols du mois d'octobre, il me semble. Enfin, ceux du rapport de Kagami. Me répond-t-elle en gardant ses mains dans la poche avant de son sweat.

Intriguée et curieuse, je fronce les sourcils en l'observant, fortement perplexe par ses paroles.

- Comment le sais-tu ?

- Si tu ne me crois pas, il y a une petite caméra juste là. Elle m'indique d'un hochement de tête l'étagère à côté du lit.

Après l'avoir regardé incertaine pendant de nombreuses secondes, je tourne la tête vers la droite et découvre en haut de l'étagère, cachée entre plusieurs livres, la fameuse caméra. J'avance vers elle, et me mets sur la pointe des pieds en levant le bras droit, pour tenter de l'attraper.

J'ai du mal. La caméra a l'air plus petite que je ne l'aurais cru, et je ne suis pas très grande non plus. Mais finalement, après plusieurs minutes de galère qui me monte au nez, à la limite de l'explosion, je réussis à l'attraper. Ma main a tâtonné entre les nombreux livres et mon bras est tout endolori lorsque je le rabaisse, avec mon objet en main.

J'arbore un fin sourire en coin, puis l'allume aussitôt. Elle s'allume, et me dévoile aussitôt une vidéo. J'hésite à appuyer sur le bouton ON pour la démarrer. Rien qu'en voyant la chambre vide, avec le lit fait, je sens une boule se former dans mon estomac. Au fond de moi, je dois bien avouer être en train de me remettre en question.

Déjà parce que je ne m'étais jamais sentie aussi près du but. Et aussi parce que je ne me suis non plus, jamais demandée si j'étais prête à voir autant d'horreur. Après tout, ce que je m'apprête à regarder, sont des vies détruites en live.

Avec si peu de distance, mon cœur se compresse dans ma poitrine au point de ne plus pouvoir respirer.

Au moins, je sais que... Maintenant, je ne peux plus faire machine arrière. Et c'est grâce à Bleue que je suis bientôt sur le point de découvrir le monstre qui a traumatisé Jana, une de mes amies les plus proches ; que j'ai promis de venger.

BrokenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant