Broken

Épisode 7 : Suspicion

MARINETTE

- Adrien...

La sonnerie de mon téléphone m'empêche de terminer ma phrase, et d'un côté c'est tant mieux car j'étais sur le point de mettre fin à une relation secrète et inutile. Pour moi c'est inconcevable de briser le mariage de Adrien, surtout après tout ce qu'on a vécu ensemble. Il a souffert, j'ai souffert, et notre histoire a eu sa période. Maintenant, il faut que je laisse la place. Et m'aime si je l'aime du plus profond de mon cœur, je sais que je vais le faire souffrir car je n'ai toujours pas entièrement digérer ce qu'il s'est passé entre nous.

Et il ne mérite pas cette haine que je ressens au fond de moi. Malgré moi, l'amour que j'éprouve à son égard à beau être puissant, je sais qu'un jour viendra ou je lui cracherais à la figure toute ce chagrin qui loge dans le fond de mon cœur, fortement enraciné pour ne plus partir.

Cependant, je sors mon téléphone et décroche en me reculant un peu d'Adrien.

- Oui allô ?

- Oui bonjour, je tiens à te voir maintenant. M'indique la voix grave de l'Agent.William.

- Maintenant ? Attends mais je suis...

- C'est à propos de Victor, on a un problème.

- Ok, envoie-moi ta position, j'arrive tout de suite.

Je recule mon téléphone en décrochant rapidement pour ne pas qu'Adrien ne voit l'identité de mon interlocuteur.

- C'était qui ? Me demande-t-il les sourcils froncés.

- Rien d'important. Mais, je dois y aller.

Adrien s'avance d'un pas vers moi alors que je fuis son regard. Il prend mon visage entre ses mains mais je continue de regarder ailleurs, j'ai tellement peur de le regarder droit dans les yeux. Il ne mérité pas toute cette tristesse que j'ai à lui apporter. C'est à moi de gérer mes démons, et non à lui de les gérer pour moi. Certes, c'est de sa faute si je suis possédée de cette puissante colère, mais c'est aussi de la mienne. Si je l'avais oublié et laissé comme je me l'étais dit, rien de tout ça ne serait arrivé. En fait, si je ne m'étais pas remise avec lui, il n'y aurait rien eu du tout.

- Marinette, regarde-moi. M'ordonne-t-il.

Doucement, je tourne les yeux et croise les siens. Ils sont animés d'une intensité interrogatrice qui me laisse sans voix. Adrien se doute d'un truc, il sait que je lui cache quelque chose et le connaissant, je sais qu'il ne va pas me laisser partir sans savoir ce que c'est. Pour ne pas le brusquer, je pose mes mains sur les siennes et retire ses mains de mes joues.

- Écoute Adrien... Je pense que tous les deux nous devrions...

Il me coupe en s'emparant de mes lèvres dans un baiser effréné et dénué de toute agressivité. Je réponds malgré moi à son baiser et dépose une main sur sa joue alors qu'il m'entoure la taille de ses bras. C'est dans ces moments-là que je me sens moi. Avec lui contre moi, j'ai l'impression de pouvoir tout affronté, c'est magique et troublant à la fois. D'ailleurs, ce qui est encore plus étonnant c'est la flamme qui l'a réussi à allumer au fond de moi depuis que nous nous sommes rencontrés. Eh bien, c'est aussi cette même flamme qui ne s'est jamais éteint, même lorsque je pensais ne plus l'aimer. C'est un peu comme si, une fois allumé il est impossible de l'éteindre.

Une fois de plus, Adrien m'empêche de lui briser le cœur. Quelle ironie du sors, surtout lorsque l'on sait que je n'en ai moi-même pas envie.

Pathétiquement amoureuse. Sourit ma conscience.

Quand je repense au regard alarmé et triste qu'il avait lorsque je l'ai quitté la dernière fois, mon ventre se soulève et mon cœur se compresse très fort dans le fond de ma cage thoracique. De l'avoir fait souffrir me fait aussi souffrir, mais je n'avais pas le choix, il fallait que je le fasse, nous en avions tous les deux besoin. Et surtout que sur l'instant, cela me semblait être la meilleur idée. Cette pause d'un an à reposer nos cœurs, nos corps et nos esprits, du moins pour ma part. Car je sais qu'il a souffert le martyr de son côté, et je m'en veux terriblement de lu avoir fait autant de mal. Seulement, même si j'avais la possibilité pour retourner dans le passé afin d'empêcher cette séparation, je ne le ferais pas car c'est un mal pour un bien.