Chapitre 44 : Nouveau souffle

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Vivre sans aucune peine, vous imaginez?

MARINETTE

— Marinette, je vais te paraître lourde, mais es-tu vraiment sûre de vouloir faire ça ? Me redemande Émilie d'un regard inquiet mais je lui souris en prenant ses mains entre les miennes.

— Oui, plus que tout. Je ne veux plus avoir à vivre comme ça, j'ai envie de prendre un nouveau départ et c'est la seule solution.

— J'espère que tu sais que ce n'est pas sans conséquence ? Insiste-t-elle.

— Oui... je le sais, acquiescé-je.

Elle me lance un regard perplexe. Ma décision lui paraît inconsciente, et inquiétante aussi -sûrement. Pourtant, je meurs d'envie de passer à autre chose, parce que vivre dans un mal continuel est tout bonnement impossible. Je ne peux pas... je ne le peux plus.

Doucement, elle avance ses mains et les posent sur mes joues. Son regard, me fixe avec peine : elle ne veut pas avoir à faire ça. Malheureusement, je ne lui en laisse plus le choix car je ne l'ai plus. Il est temps d'avancer une bonne fois pour toute et d'abandonner tous les débris d'une vie -d'un passé- qui n'a su apporter plus de peine qu'autre chose.

— Dès que tu te sens prête, ferme les yeux et... et je m'exécuterai. Mais avant, n'oublie jamais qu'au plus profond de toi, rien ne s'efface jamais vraiment. Et si maintenant tu décides d'en finir, ton âme elle, ne le pourra jamais vraiment. Alors es-tu sûre de vouloir continuer ?

Elle dit que plus rien ne sera jamais comme avant. Et elle doit avoir raison. Son inquiétude est compréhensible, moi-même j'ai peur. Mais... Comment expliquer que je suis arrivée à un stade où le passé doit rester passé et où ma rancoeur et ma peine sont deux choses qui ne peuvent plus exister.

Je me sens responsable de trop de morts. Des pertes qui disent eux-mêmes que je n'y suis pour rien. Mais leurs mots n'arrivent pas à suffisamment m'atteindre pour me faire changer d'avis à mon sujet. Je sais qui je suis, ce que je suis, et personne ne pourra jamais rien y changer.

J'ai fait le choix d'aimer un ange demi-demon avec tous les problèmes qui l'accompagne. Une partie de ma vie, de ma jeunesse, je l'ai soumise à lui, avec l'idylle de tout réparer. Mais en recollant les morceaux brisés, j'avais oublié que les cicatrices restent, et qu'en ne prenant pas garde l'on peut se couper avec l'un d'eux...

Et c'est ce qui a finis par arriver : je me suis coupée, tranchée si vivement la peau, que les gouttes bordeaux ont dévalé mes bras, mes yeux, mes poumons, mon cœur et mon âme à vitesse grand V.

Dans cette histoire, qui n'a pas souffert ? Qui n'a pas perdu quelqu'un ? Qui est resté entier ?

Personne... La réponse est, personne.

J'inspire puis expire.

— Je suis prête. Vous... pouvez y aller, indiqué-je les yeux clos, à l'affût du moindre bruit, de la plus tendre des sensations.

Ça ne sert à rien de continuer à en parler. Ma décision est prise et je ne veux pas avoir plus de temps d'y réfléchir au risque de faire demi-tour.

— Lorsque tu te réveilleras, plus rien ne sera comme avant... murmure-t-elle et je sens ses doigts s'appuyer sur mes tempes.

Un bourdonnement s'installe dans ma tête et au moment ou la douleur se concrétise, tout devient noir. Je tombe dans les vapes et replonge dans les rêves, en ayant pour la toute dernière fois, toute ma tête.



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