XXXVII. Entremetteuse

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KALIE

Le goût du smoothie à la fraise rafraîchissait mon corps tout entier. Pas étonnant avec cette doudoune qui me coupait littéralement la circulation du sang. Mon regard dérivait sur les arbres à l'extérieur couvert de neige. Il n'y avait pas de paysages plus blanc qu'à ce moment précis. Notre ville avait beau être petite, elle n'en était pas moins belle. 

Tellement de choses c'était passés depuis notre accident avec Jonathan. Depuis quelques semaines, le mot "accident" était un peu trop présent dans ma vie. Et puis, la chose que je redoutais le plus c'était produite. Le baiser que nous avions échangé avec Jonathan n'aurait jamais du se produire, et je n'aurais du me prêter au jeu. 

Je m'imaginais déjà réveillée dans mon ancienne réalité, réalisant la plus grosse bêtise que je venais de faire. Mais pourtant, mes lèvres ne pouvaient pas se détacher des siennes. Je me sentais comme électrisée sur place, incapable de bouger. Le goût de sa langue, même après deux semaines je m'en souvenais parfaitement. 

Pour rien au monde, je ne voudrais oublié ce moment, il sera gravé dans ma mémoire à jamais. Il avait fallu qu'il m'entende avouer mes sentiments au mari de Nora. Mais qu'est-ce qui m'avait pris de lui déballer mon sac aussi ? Je me souvenais pourquoi je me sentais à l'aise... Il me faisait penser à Leiw. Sa sagesse, son silence et sa voix douce m'avaient comme hypnotisé. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais en sécurité, et Jonathan avait tout entendu. 

Me rendant compte qu'il était déjà trop tard, je me suis complètement adonnée au baiser sans penser aux conséquences. La scène se déroulait dans ma tête comme une séquence de film. Rien au monde ne pouvait me faire oublier les sensations que j'avais ressenti. Ses mains sur mon visage en flamme, sur mon corps... c'était sans doute ce que je voulais le plus depuis que je l'ai vu la première fois. 

— Kalie ? Tu nous écoutes ? 

Je tournai vivement la tête vers Leila et Oliver assis juste en face, sur la banquette opposée. 

— Hum ? Vous disiez quelque chose ? 

— Sympa... Depuis quelques moments tu es très distraite, tu es sûre que ça va ? Tu veux retourner à l'hôpital ? s'inquiéta Leila. 

— Non ! Une semaine m'a amplement suffit. Je vais bien, j'étais juste dans la lune.

Cela faisait deux semaines qu'on a été sauvé de l'excursion. Pas mal de choses avaient changé. En restant une semaine entière à l'hôpital, contrairement à Jonathan qui est resté deux jours, j'ai raté énormément de cours et ai par la même occasion perdue mon travail. Ashley avait été un ange, pour elle le plus judicieux serait de me laisser me reposer, elle engagera d'autres personnes. Contrairement à d'autres patrons, elle avait été très compréhensive. Jonathan était aussi en pause, histoire de bien récupérer. 

Mon rôle au conseil, mes activités extra-scolaires, le sport, j'avais du arrêter tout ça. Avec mon agression, mon accident de voiture et maintenant ça, les docteurs avaient détecté pas mal d'anomalies dans mon cerveau, rien de grave, mais il fallait du repos. Mon corps ne semblait plus tenir le rythme, en accumulant trop de stresse, en plus des blessures physiques causées par les nombreux accidents. 

Mais je me suis rendue compte de mon état quand je me suis pesée à l'hôpital. Trente-neuf kilos. J'en faisais cinquante auparavant quand je mangeais autant que je ne me dépensais. Médicaments sur médicaments, repos sur repos, telle était la vie que je menais maintenant. Ma mère, en plus de sa grossesse, éprouvait trop de stresse pour son autre gosse qui jouait avec le feu. Au retour du camp, elle avait tellement pleuré que mon père avait du la calmer pendant deux heures. 

Rends-moi mon corps ! TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant