XLVII. Ce n'est qu'un au revoir

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— Qu'est-ce qu'on fait au parking du lycée ? 

La tornade de questions s'estompait quand mon regard se posa sur son visage, que je connaissais par cœur maintenant, mais qui, dans cet instant précis, arborait une expression encore inconnue à mes yeux. La tête contre le repose-tête, son regard se perdit au loin.

Dix bonnes minutes passèrent sans qu'aucun de nous ne dise un mot, puis d'un coup, je sentis une main se poser sur la mienne. Le regard toujours perdu, il commença à parler d'un ton si... mélancolique.

— Tu te souviens du gymnase ? 

Nous étions en effet juste en face du gymnase... là ou tout avait commencé. Et dire que cela remontait à si longtemps. Je gloussais intérieurement me rendant compte de tout ce qu'il s'était passé jusqu'ici. Jonathan, Sydney, Leila, Oliver, Justin, Chloé, Lucas... la liste continuait. Mais jamais je n'aurais cru avoir une vie aussi mouvementée.

— Je me souviens du mot que je t'avais collé sur le dos. Et je me souviens de la colère que ça avait provoqué.

— La belle époque, plaisantai-je. Je donnerais tout pour effacer mes actions. Ne pas saboter le gymnase... j'aurais aimé que tout soit plus...

— Simple ? 

J'hochai la tête avant de déglutir péniblement. Sa main électrisait la mienne mais le contact ne me dérangeait pas au contraire. La promesse que je m'étais faite semblait de plus en plus dure à tenir.

— Rien ne sera simple en ce qui nous concerne, répondis-je en essayant de faire abstraction de sa main. Dans mes souvenirs, il y a toujours eu cette animosité entre nous. 

— T'abuses, rit-il. On avait passé de bon moment ensemble quand même.

— Oui, enfin, tu venais juste pour les repas de ma mère, rigolai-je à mon tour. 

Nous étions partis dans un éclat de rire en nous remémorant le bon vieux temps, comme si nous faisions nos adieux en quelque sorte, comme si j'allais bientôt ne plus m'en souvenir, parce que j'allais mourir. Pourtant, je faisais confiance à l'autre Kalie, elle m'avait assuré que j'allais garder tous mes souvenirs et que tout reprendrait son cours. La peur m'envahissait, mais je n'allais pas la laisser me dominer. 

— J'ai menti, admit-il 

J'haussai un sourcil, ne sachant pas de quoi il voulait parler. 

— Je n'ai jamais dit à Lucas que tu avais une MST, c'est ce que je voulais que les gens croient. 

Cette fois-ci, mes sourcils se froncèrent dans une incompréhension la plus totale. 

— A force de te faire chier au lycée, je me suis comme... attaché, dit-il avant de déglutir. Au début, je n'y faisais pas attention, mais plus le temps passait et plus je me sentais devenir faible en ta présence. Je n'aimais pas ce que je ressentais mais te voir me fit du bien au fond. La lueur d'espoir dans le tunnel comme on dit. 

— Jonathan...

— Jusqu'à ce que Lucas arrive, me coupa-t-il. Quand je t'ai vu sourire et presque sortir avec lui, ça m'énervait tellement, mais je ne disais rien. A quoi bon ? Mon but était toujours de te faire chier. Mais le jour où je l'avais surpris avec une autre fille, j'ai su le jeu qu'il cachait. Peu importe la réalité dans laquelle il se trouve, ce mec est un briseur de cœur. Donc je lui ai dit de ne plus te contacter, de ne plus te parler et que s'il tentait quoique ce soit, je lui dirai ce qu'il a fait, ainsi qu'à tout le lycée. Et puis, il a fini par quitter le lycée par lui-même et je ne sais pas si c'était par jalousie ou par pure méchanceté, mais j'ai inventé cette rumeur, pour te faire du mal. Mais peut-être qu'au fond, c'était pour que tu perdes espoir en matière d'amour et que du coup, tu... tu me regarderais, moi.

En temps normal, je me serais carrément énervée, mais au point où on en était, ça me paraissait assez drôle de m'emporter pour quelqu'un qui n'en valait même plus la peine. Est-ce qu'il avait peur de m'avouer ça à cause de ma réaction ? Dans tous les cas, rumeurs ou pas, tout cela demeurait dans le passé. La personne qui comptait le plus à mes yeux se trouvait à mes côtés, et je ne pouvais pas espérer plus. 

— Merci de m'avoir dit ça, souris-je en pressant sa main. 

Il y eu un silence pendant un instant, l'atmosphère se faisait pesante. Se retrouver dans un si petit espace ne me semblait plus une bonne idée tout d'un coup. Il tourna sa tête vers moi avant de me fixer de son éternel regard qui me faisait littéralement fondre. 

— Ne pars pas... 

Il avait prononcé ces mots dans un murmure. Ma poitrine se compressait de nouveau, comme si l'air n'arrivait plus à pénétrer dans mes poumons. Je me faisais violence de résister au désir brûlant en moi, mais je ne savais pas si j'allais tenir. 

— Ce n'est qu'un au revoir, souris-je. 

Sa main vint se poser sur ma joue me donnant des frissons partout dans mon corps. Ses caresses m'avaient tellement manqué que je pourrais rester comme ça toute ma vie. Son pouce se baladait sur ma joue, essuyant une larme furtive qui venait de couler sans que je m'en aperçoive. 

Ma respiration saccadée, je percevais son regard fixer mes lèvres tout en s'approchant dangereusement de moi. Après quelques secondes, ses lèvres que je connaissais si bien se posèrent enfin sur les miennes. Délicatement, il inséra sa langue dans ma bouche et je ne perdis pas une minute pour me délecter du goût qu'elle m'offrait. Jamais je n'aurais cru que je pourrais me retrouver si proche de lui après le gala, et pourtant ce baiser semblait dix fois mieux. 

Il n'était pas fougueux et bestial, mais tout aussi impressionnant. Mon corps, envahi de frissons répondit à son baiser en enlaçant son cou à l'aide de mes bras avant que mes mains viennent se poser sur ses joues. Nos langues dansaient littéralement l'une avec l'autre, ne pouvant plus se quitter. 

Si je le pouvais, je ne sortirai même plus de cette voiture tellement ce que je ressentais comblait chaque parcelle de mon corps. Il passa une main derrière mon cou, approfondissant le baiser, mais le gardant tout aussi lent et léger, comme s'il ne voulait pas se précipiter, comme s'il voulait que cet instant dur le plus longtemps possible. 

Pourtant, même si nous étions proches, il y avait toujours ce petit espace qui me dérangeait. Je voulais le sentir tout près de moi, que nos corps se touchent et dansent au rythme de nos baisers. Et puis, comme si nous étions en symbiose, comme s'il lisait dans mes pensées, il passait une main sur ma taille, me propulsant délicatement sur ses genoux. 

Nos lèvres s'étant quittées beaucoup trop tôt, je ne perdis pas une seconde avant de redécouvrir pour la millième fois sa langue qui ne demandait que la mienne. Par moment, il me tendait des pièges, me faisant croire qu'il allait m'embrasser pour au final se retirer au dernier moment et le pire était qu'il souriait quand il s'amusait à me torturer. Mais cela me donnait encore plus envie de l'embrasser, et donc je saisis son visage entre mes deux mains et l'approchai de moi, m'assurant bien qu'il ne s'échappe plus. 

Ses mains se baladèrent partout sur mon corps, sans aucun mot, je pouvais comprendre que nos vêtements constituaient une barrière à notre proximité. D'un mouvement délicat, il enleva ma veste et passa ses mains sous mon pull, sa main m'envoyant des décharges partout dans mon corps. Et pourtant, même je pouvais me donner à lui, là et maintenant, je ne voulais pas le faire comme ça. 

Il lu dans mon regard et compris immédiatement. Et puis sans aucune question, il continua de m'embrasser passionnément avant que la mort ne nous sépare littéralement. 

Rends-moi mon corps ! TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant