XXIX. Coïncidence

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Désolée pour le retard, bonne lecture à tous ❤


La question de Jonathan m'était restée dans la tête toute la soirée, même après avoir tout fait pour me changer les idées, mes pensées revenaient toujours à cette question, comme si je n'avais pas le choix de penser à lui à chaque seconde. 

Plus j'avançais plus il me faisait reculer avec ses questions. Sa mémoire n'était pas censée revenir, il n'était pas censé se souvenir de moi. Rien de tout ça ne devait arriver... Je n'avais aucun moyen de contacter Leiw et faire une séance de ouija n'était pas franchement conseillé.

Mentalement parlant, j'étais complètement déconnectée de cette planète, mais physiquement j'écoutais le cours barbant de la professeur de français. Cette dame, elle, n'avait pas changé. Sauver par le gong, le cours toucha à sa fin et la torture s'arrêta enfin. Je rangeai mes affaires en vitesse et balançai mon sac derrière mon dos. 

Sans parler à quiconque, en gardant le regard fixé tout droit, je me frayai un chemin entre les élèves pour accéder à mon casier. Heureusement, il n'était pas là. Sa question était restée sans réponse, j'étais rentrée dans le Diner et cela me rendait juste encore plus suspecte que d'habitude. 

Tout avec lui était devenu bizarre, étouffant, invivable. Je me souvenais encore au début, quand je n'arrivais même pas à le regarder en face, mais maintenant que je sais que je peux lui parler un minimum, le voir ne devenait plus un supplice. Et puis, Victoria était un gros panneau stop. Me morfondre ne résoudrait rien. 

En fermant mon casier, je sursautai légèrement quand je vis Lucas, le visage sérieux, me regarder. Encore un problème dans ma liste, mais j'avais promis à Chloé d'avoir une vraie conversation avec lui. Même s'il avait trahi ma confiance, dans le passé, Lucas n'était pas quelqu'un d'abominable. Et puis, n'étant pas la Kalie qu'il a connu jouait énormément dans mon manque de colère envers lui. 

— Lucas ! Tu m'as fais peur... 

— Désolé, je voulais pas t'effrayer. Kalie, il faut qu'on...

— Parle, coupai-je, je sais. Désolée d'avoir été silencieuse. Il faut qu'on règle notre... histoire. 

Il déglutit, essaya de masquer ce qu'il ressentait mais une lueur apparut furtivement dans ses yeux. Indescriptible et pourtant je l'a comprenais. Je ne savais dire si il était triste ou perdu lui aussi. 

— Un verre dimanche, ça te va ? On sera tranquille au moins, fit-il en essayant d'esquisser un petit sourire. 

Je le lui rendis et répondis : 

— C'est d'accord. 

— Je dois filer. Merci encore, Kalie. 

J'hochai doucement la tête et me rendis au bureau du conseil. J'avais beau le nier dans ma tête, je ne voulais absolument pas croiser Jonathan aux casiers. Le moins il me verra, le mieux il se portera. En plus, maintenant il est au boulot avec moi... Je me sentais mal pour Ashley, mais est-ce que je devrais chercher un autre boulot ? 

Non... T'es pas comme ça Kalie, tu gardes tes engagements, point barre.

Enfin arrivée au bureau, je fus surprise de voir Oliver, avachi sur la table, la tête dans les bras. Un tas de feuilles étaient éparpillées un peu partout sur la table, en lien avec le camping qui prendra place dans quelques jours. 

— Oliver ? Qu'est-ce que tu fais ici, tu devrais pas être avec Leila ? 

Il ne souleva pas la tête, mais la secoua de droite à gauche pour signifier que non. Pourtant, j'étais casi certaine que c'était aujourd'hui. Je m'approchai de lui et essayai de le secouer un peu, mais il grogna. 

— Tu t'es levé du pied gauche ? 

Soudain, il se redressa et même s'il avait essayé au mieux de le cacher, ses yeux étaient bouffis et il remarqua que je l'avais moi-même remarqué. 

— Si tu en parles, nous sommes plus amis. 

J'esquissai un sourire et tira la chaise vers moi avant de m'y asseoir. 

— Pleurer n'est pas un crime mon cher Oliver. Est-ce que je peux savoir ce qui te fais autant de peine ? 

— Je n'ai pas de... laisse tomber. Je suis pris la main dans le sac dans tous les cas. C'est Leila. Elle... elle ne me parle plus pour une broutille. Je ne sais juste pas ce qu'elle veut. Que je sois honnête ou que je lui mente ? 

— Je... dis-je en fronçant les sourcils. Faut que tu sois plus clair, Oli, soupirai-je.

Il soupira un bon coup et dit : 

— La nana à la soirée avec qui je parlais, et bien on a eu un truc et Leila est venue pile au moment où... J'avais zappé le match aujourd'hui, mais elle non. 

Ah, je vois. Leila devait soit casser des verres ou vider toutes les boîtes de mouchoirs dans sa maison, ou même les deux. 

— En bref, elle m'a fait une scène et s'est même mêlée de ma vie sentimentale. Elle m'a foutu la honte devant Harmony, la fille de la fête. Le problème c'est que je... voir Harmony s'en aller m'a fait moins de mal que voir Leila comme ça. Je sais pas pourquoi, mais je me sens tout faible.

Si je ne pouvais pas régler mes problèmes de cœur, autant essayer de résoudre ceux des autres. 

— Tu aimes Leila ? 

Il ouvrit grand les yeux et haussa les sourcils surpris de ma question. Et bien sûr, le rouge lui montait aux joues. 

— Et bien, oui, mais non enfin c'est mon amie, tu comprends, toi aussi t'es mon amie et les amies c'est soudé, c'est un lien fort et du coup s'énerver comme ça-

— Est-ce que tu l'aimes, Oliver ? 

Il s'arrêta, me fixa droit dans les yeux et entrouvrit la bouche mais aucun son n'en sortait. 

— Oui... lâcha-t-il enfin. Je pense bien que oui. 

— Oliver, s'il y a un bien un truc que j'ai appris dans ma... vie, c'est que si tu t'y prends trop tard pour dire à quelqu'un que tu l'aimes, il se peut que cette personne t'échappe... à jamais. 

— Je me demande bien depuis quand tu es devenue une entremetteuse, rigola-t-il, légèrement. 

— Depuis que je vous vois vous tournez autour sans rien conclure, rétorquai-je gentiment. 

Nous rigolions doucement quand il reprit : 

— Parle pour toi madame j'ai deux garçons à mes pieds.

J'écarquillai les yeux. 

— Quoi ? Tu crois que Leila peut garder sa bouche fermée ? Son pressentiment était bon, Byler te tourne autour et Lucas est dingue de toi.

— N'importe quoi... soufflai-je. 

— D'ailleurs, je me demande pourquoi Byler est intéressé par toi. Il a quand même une petite amie. C'est un mystère pour Oliver, ça. 

— Oui et bien "Oliver" va devoir se taire et continuer les préparations du camping. 

— Oui chef. 

On se remit au travail pendant quelques minutes avant qu'Oliver ne reçoit un message. Il rit instantanément en le voyant. 

— C'est qui ? demandai-je, curieuse. 

— Tiens, regarde, c'est ma cousine. Elle me dit qu'elle a encore fait chier ses parents avec sa sœur en échangeant leur place, rit-il. 

Je ris à mon tour, avant de comprendre. 

— Echanger, tu veux dire ? 

— Oui, elles sont jumelles. 

Faites attention aux jumelles.

Rends-moi mon corps ! TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant