XLV. La bonne cause

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Mon poignet me faisait de plus en plus mal à force d'écrire des lettres et des mails à Oliver, Leila et Chloé. Bien évidement, ce n'était pas des adieux, mais le contenu avait pour but d'être extrêmement tire-larmes. Ma poitrine se compressait de plus en plus à l'idée de ne plus les revoir, de ne pas être sûre qu'ils existaient dans l'autre réalité. 

L'amitié que je possédais avec Sydney me paraissait inclusive, je ne faisais rien, ne me mêlais à personne et quand j'y repensais, à part Jonathan et Sydney, qui est-ce que je connaissais vraiment ? 

Carla m'avait l'air d'être adorable et réellement inquiète à mon sujet, sous ses airs hautains, Leila ressemblait à la petite sœur que je n'avais jamais eu, Oliver lui, était sans doute mon coup de cœur et ma plus grosse découverte du siècle, sous ses airs timide, il me rassurait, n'hésitait pas à prendre ma défense, même quand il ne le fallait pas et il fallait bien l'admettre, lui et Leila filait le parfait petit couple. Et puis Chloé... Chloé représentait tout ce que j'avais peur d'être, elle désignait la Kalie d'avant, la timide, l'intello. 

Si quelqu'un, autre que Kalie 2.0, m'avait bien ouvert les yeux, c'était Chloé. Lucas restait son frère et peut-être que tout cela semblait relié à Jonathan, à ce qu'il avait fait dans l'autre monde. Dire que je possédais une MST ne m'avait pas vraiment enchanté et si on listait le nombre d'erreur commises, on serait à égalité. 

J'avais commis l'irréparable en prenant la fuite dans une autre dimension, mais cela n'enlevait pas le fait que Jonathan possédait des clichés de moi, à moitié nue, et tout cela avec l'aide de ma meilleure amie. Mais la différence, était que lui au moins avait réussi à me l'avouer. 

Même quand l'envie de lui en vouloir faisait surface, je me rappelais mes propres erreurs. Peut-être qu'on ne devrait pas comparer ses erreurs avec celles des autres, peut-être que ce qu'il fallait faire était tout simplement... les réparer. 

C'était donc avec la poitrine serré que j'envoyais le dernier mail adressé à Oliver, ce qui conclut mes adieux en quelques sortes. Après avoir réussi à trouver le collier, il fallait juste attendre samedi prochain, qui n'allait pas tarder à arriver. 

En parlant d'adieux, Lucas aussi avait eu droit à un petit quelque chose. Après son épisode avec Victoria, personne ne lui adressait la parole. Après une discussion bien posée, sans les oreilles de personne dans les parages, je lui avais dit ce que je ressentais vraiment et qu'il devait sans doute aller de l'avant. 

Kalie 2.0 allait sûrement m'en vouloir, mais ce n'était pas une erreur que je regrettais. Aimer Lucas ne représentait rien d'autre qu'un frein à sa vie. S'en débarrasser était pour le mieux. Peut-être qu'elle allait essayer de me tuer si jamais elle venait à l'apprendre.

— Tu fais quoi ? 

Je sursautai d'un coup, une voix beaucoup trop familière résonnait dans la pièce. 

— Kalie... tu pourrais... frapper sur le miroir la prochaine fois. 

— Euh, c'est ma chambre. Et tu sais que j'utilise beaucoup d'énergie pour venir te voir ? 

— Pourquoi venir ? Garde cette énergie pour samedi. 

Elle ne dit rien, me fixant à travers le miroir. Oh non... est-ce qu'elle avait deviné pour Lucas ? 

— Comment est-ce que tu tiens le coup ? 

Sa voix paru sincère, comme si elle semblait réellement concernée par ce qui était sur le point de m'arriver. 

— Bien, mentis-je. La mort c'est pas quelque chose de gros, si ? 

Elle arqua un sourcil.

— Oui, bon d'accord, ça sert à rien de te mentir, tu es moi dans tous les cas. 

— T'as compris, ça commence à rentrer à ce que je vois. 

Je laissais échappé un rire fin, triturant mes doigts, mon regard planté sur l'écran de l'ordinateur. 

— Tu as envoyé combien de mail d'adieux ? 

Ma tête vira vers le miroir, avant de rouler des yeux. 

— Tu m'espionnais... 

— Exactement. Sinon je n'aurais pas su que tu as officiellement rompu avec Lucas. 

Mon cerveau n'opérait plus, les yeux grands ouverts, me rendant compte que ma mort allait peut-être être reprogrammée pour tout de suite. 

— Avant de faire tes prières, ne t'enflamme pas. Je ne vais pas te tuer, je pense que j'ai dépassé ce stade dans tous les cas, rit-elle légèrement avant de marquer une pause. Mais... je suis contente de ce que tu as fais avec Lucas. Peut-être que je m'accrochais trop à lui et puis avec tout ce que j'ai fait subir à Chloé, je me suis rendu compte que... le fait que tu prennes ma place devait être ma punition. 

— Kalie tu...

— Je sais que tu crois que tu es la fautive dans toute cette histoire, mais en passant du temps seule, j'ai pu réfléchir. Tu es loin d'être la fille égoïste que tu penses être. Même si au début je voulais ta mort, je ne pensais qu'au fait de retrouver ma vie, mais jamais Lucas. A ce moment-là, je me suis rendue compte à quel point j'étais aveugle et pas du tout reconnaissante de ce que je possédais. Mes parents sont heureux, je serais bientôt grande-sœur, j'ai des amis géniaux... toi, tu as échangé ton corps avec le mec qui te faisait passer un sale quart d'heure, tombée amoureuse de lui, mais tu as découvert que sa mère est partie à cause de la tienne... et ta meilleure amie t'as trahie... je ne sais pas comment j'aurais réagis à ta place, mais sache que pour quelqu'un que je détestais au début... t'es pas si mal comme double, finalement, sourit-elle de toute ses dents cette fois-ci.

Après ce petit monologue, je ne savais pas vraiment quoi dire. Je pensais que mes yeux brillants à cause de mes larmes naissantes et mon sourire parlaient à ma place. Parfois il n'y avait pas besoin de mots pour exprimer ce que l'on ressentait vraiment. 

— Sinon, j'espère que bad-boy d'a côté n'a pas pris la nouvelle du mauvais côté, elle s'arrêta un instant avant de reprendre. Y a pas de bon côté quand tu meurs...

Je baissais la tête, fuyant son regard. Mais, ce n'était pas pour rien qu'on disait que les doubles étaient connectées. 

— Non, non, non, ne me dis pas que tu lui as rien dit ? s'étonna-t-elle. 

— Qu'est-ce que tu veux que ça change ? Il sera content de me voir partir, après tout ce que j'ai fait, comment est-ce que tu...

— T'es cruelle jusqu'au bout, Kalie, c'est ça ton problème. 

— Mais comment tu veux que je dises qu'il faut que je meurs pour accomplir le rituel ? Tu crois que moi j'arrive à y croire ? Je ne sais même pas s'il y a une garantie de retrouver mon monde. 

Même si mes arguments semblaient en béton, mon double ne m'écoutait plus, elle semblait fixer un point derrière moi. Alors que je sentais le bois craqué, je me disais que mes parents devaient être rentrés plus tôt, mais quand je vis qui se tenait sous le pas de la porte, mon sang ne fit qu'un tour dans mes veines. 

— J'ai frappé... je... qu'est-ce que tu viens de dire Kalie ? 

Jonathan.

Rends-moi mon corps ! TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant