7🍬La pomme mystère

457 83 51
                                    

« ...Et je ne sais pas pourquoi mais à chaque fois que j'essaie d'inviter cette fille à monter sur la grande roue avec moi, il y a toujours quelque chose qui m'en empêche. C'est toujours la même fête foraine, toujours la même ambiance et toujours la même fille... Et lorsque je me réveille, je n'arrive pas à me souvenir de sa tête. »

Pop tape à toute vitesse sur le clavier de sa tablette alors que je suis allongé dans l'herbe. Je fixe les feuilles de l'arbre derrière moi, se faisant maltraiter par le vent mais tellement belle à s'agiter dans tous les sens.

Je pense être un des rares à aimer l'automne. J'aime ses couleurs, ses odeurs, sa fine pluie, ce temps aléatoire et la nature préparant sa nudité pour l'hiver.

Et puis c'est le dernier répit avant les fêtes de fin d'année, cette période que je déteste.

— Est-ce que tu as toujours le même âge à ce moment-là ? me demande Pop avec sérieux.

— Aucune idée. Peut-être que ce n'est jamais la même année mais en tout cas, c'est toujours elle. Je suis hypnotisé par ses lèvres brillantes...

— Est-ce que le lendemain matin, tu as la gaule ?

— Non mais ça va ? Tu veux aussi que je te raconte la dernière fois où je me suis branlé ?

— C'est pour mes recherches.

— Ouais je bande.

— Ok.

Pop note ma remarque alors que je plaisantais exprès pour tester sa limite mais visiblement, elle n'en a aucune et se concentre vraiment sur son étude de mon cas.

Elle étire ses jambes avant de piocher dans un paquet de chips et d'essuyer les miettes de son pantalon. Popcorn fait également partie des rares filles à avoir choisi de ne pas porter la jupe aux couleurs de l'Académie, la trouvant pas très pratique et surtout parce que, je cite : « Wild m'a dit que ça m'allait mieux ».

Le faux grand frère n'aurait pas plutôt peur que les mecs matent les formes de sa « petite sœur » ?

— Est-ce que tu as eu à nouveau ce que tu appelles une crise d'identité ?

— Pas depuis la première.

— C'est bizarre parce que tu m'as dit avoir eu un mal de tête puis tu as totalement changé d'attitude et tu ne contrôlais plus ta parole. C'est comme si tu étais témoin des actes d'un autre avec ton corps, c'est intéressant.

— Les psys dans mes anciens bahuts avaient plus tendance à dire que je simulais pour pouvoir avoir l'excuse d'agir comme un connard.

— Comment tu te sens quand tu deviens spectateur de ce changement ?

Je pousse un long soupir avant de fermer les yeux. Mon silence est interprété par Pop comme une preuve que je ne suis pas prêt à tout lui dévoiler mais en réalité je n'ai juste rien à dire là-dessus.

« Est-ce que tu pourrais me montrer tes bras, Citrus ? »

Je me redresse comme si elle m'avait piqué, mes mains retenant mes manches alors qu'elle me dévisage étrangement.

Je pense que c'est aussi pour ça que j'aime l'automne : parce que porter des manches longues ne fait plus de vous un être bizarre.

Pop arrête de me fixer et éteint sa tablette avant de saisir son téléphone et de taper à toute vitesse sur le clavier tactile. Quelques secondes silencieuses plus tard, mon portable ne peut pas s'arrêter de vibre dans ma poche.

J'arque un sourcil en la regardant, elle et son grand sourire, lorsque je lis les nombreux SMS arrivés d'un coup de la part de Wild Blackberry :

✉ Samedi 16h au Crazy Chick.

The Jelly BeansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant