The Jelly Beans

28🍬La promesse rouge

« Tu pourrais me répondre quand je te parle ?! »

Je soupirais une énième fois en reposant un paquet de nouilles alors que cette discussion commençait à me fatiguer sévèrement. Autant que la fille me faisant face au milieu du rayon pâte de la supérette de Flavor City.

Ce jour-là, elle portait des talons aiguilles, va savoir pourquoi. Peut-être parce qu'un jour je lui avais dit que ça m'énervait d'entendre le claquement de ses chaussures sur le sol et qu'elle avait décidé de me prendre la tête. Pile aujourd'hui.

D'immondes chaussures aussi rose pastel que sa robe d'été et ses boucles d'oreilles. Aussi rose pastel que ses cheveux courts et j'imagine, aussi rose que le flacon de parfum à la barbe à papa qu'elle avait dû se vider dans le cou avant de me retrouver.

Je trouvais ça futile de déterminer sa couleur préférée mais à cet instant, c'était normal pour moi de déclarer que le rose était maintenant une couleur à bannir de ma vie tellement elle me sortait par les yeux.

— Ohé Citrus ! répétait-elle en agitant ses mains. Tu n'en as rien à faire de mes projets ?! Ce casting est une chance pour moi ! Je vais approcher certains Jelly Beans de près et peut-être même intégrer une troupe de théâtre prestigieuse mais toi, tu t'en fiches !

— J'ai simplement dit « c'est cool pour toi ».

— Tu crois que c'est la réaction logique à avoir face à ta petite-amie ?

Je levais les yeux vers elle puis derrière elle où Xiao Minh faisait semblant de faire des mots croisés alors que je savais parfaitement qu'il nous écoutait. Comme toujours.

— Je croyais que tu voulais que notre relation soit secrète et tu balances ça ici ?

— On s'en fout ! Il n'y a que lui et nous ici ! Et ne change pas de sujet !

— Pff... Ok je m'excuse. T'es contente ?

Son expression choquée répondait à ma question, me faisant soupirer à nouveau.

Je ne comprenais rien aux femmes, surtout à celle-là. De base, tout devait être simple entre nous, pas de prise de tête et c'est pour ça que j'avais cédé. Maintenant, Cotton n'était plus qu'une épine dans mon pied.

« Citrus, est-ce tu savais que j'ai couché avec ton partenaire de labo ? »

Bien sûr que je le savais, c'était évident. Il sentait la barbe à papa et avait cet air fier face à moi il y a quelques jours. Comme s'il était heureux de me « voler » un truc alors que je m'en foutais complètement.

— Je le sais oui, et je m'en fiche. Tu as toujours été libre avec moi.

— T'es un enfer à toi tout seul ! Si j'ai fait ça c'est p-

— Pour attirer mon attention ? Et c'est moi l'enfer ? Je n'ai pas que ça à faire de t'écouter te plaindre à longueur de journée donc si te faire sauter par quelqu'un d'autre peut te rendre moins chiante, je suis prêt à signer un contrat.

— Tu es tellement acide...

— C'est Citrus mon prénom, chérie.

*CLAC*

Une belle baffe que j'avais méritée mais qui m'était indifférente. Je m'apprêtais à soupirer de nouveau lorsqu'un klaxon dehors capta mon attention. Cotton continuait ses reproches, au bord des larmes, alors que mes yeux étaient concentrés sur une voiture se garant face au cinéma sur le trottoir d'en face.

Elle était à bord, avec sa bande d'amis et son copain. Elle était aussi belle qu'il y a trois jours mais son sourire était faux, je le sentais. J'avais envie de la rejoindre, de la faire rire un bon coup avant qu'elle ne me frappe l'épaule et reparte dans son quotidien plus lumineux.