« J'ai appris que tu avais une copine. »
La pile de bouquins dans mes mains était tombée au sol alors que la bibliothécaire m'apostrophait du plus beau « chuuuut ! » de la décennie. J'étais à genoux devant elle, passant en revue les personnes ayant pu lui dire un pareil mensonge.
C'est en la regardant que j'avais eu cette impression bizarre : elle semblait s'en foutre et pourtant, ses yeux trahissaient une jalousie naissante.
J'avais réussi à la rendre jalouse, elle. Alors que je n'étais qu'en bas de la pyramide et elle, déjà au sommet.
— Qui t'a dit ça ?
— On s'en fout. Alors ? Parce que sinon c'est gonflé de m'inviter à chaque fois sur la grande roue.
— Elle n'est pas ma copine... C'est... Hum. C'est mon plan cul.
— Toi ?! s'exclama-t-elle avant de murmurer. Toi le geek, tu as un plan cul ?! Mais tu as l'air de passer ta vie devant un tableau à résoudre des équations ! Comment est-ce que t-
— Sympa, répondais-je froidement. Il se trouve que les geeks attirent les femmes, eux aussi.
J'étais en colère alors que je faisais glisser les livres à leurs places dans les étagères. Elle me suivait à la trace, les mains dans les poches de son jean et les sourcils froncés.
On était vraiment en train de s'engueuler pour ça ? C'était ridicule. On ne se fréquentait même pas. Personne dans l'Académie ne se doutait qu'on pourrait un jour se parler.
Ça m'exaspérait.
« Ok, tu sais quoi ? Rendez-vous à la plage ce samedi soir. Je n'ai pas la patience d'attendre la prochaine fête de l'automne pour t'avouer ce que je ressens. »
Je passe mes doigts sur mes paupières avant de bailler et d'observer Popcorn taper à toute vitesse ce que je viens de lui raconter.
Peut-être que c'était trop tôt pour la considérer comme une « amie » ? Peut-être qu'elle ne me fréquente que parce que je suis son sujet d'étude et rien d'autre ? Je m'y attendais aussi...
Qu'est-ce qu'y fait que deux personnes sont amis ?
Mais alors que je doute, ses yeux gris se détachent enfin de sa tablette pour me fixer, comme s'ils arrivaient à lire dans mes pensées. Pop me fait un sourire rassurant avant de poser sa main sur la mienne et de murmurer :
« T'as encore la trace de ton oreiller sur la joue. »
Ok, on est bien ami. Ou en tout cas de bons potes, c'est déjà exceptionnel pour un type aussi acide que moi.
— Donc je résume, commence-t-elle, tu es allé au cinéma avec Cotton Candy, une des filles les plus convoitées du bahut et en prime, elle t'a dragué comme jamais.
— « Touché ». Et ce n'était clairement pas de la drague... c'était... tendu.
— Tu parles de la situation ou de ton entre-jambes ?
— T'as vraiment aucune pudeur. Mais ouais, c'était « dur ».
— Ok et toi, l'adolescent n'ayant clairement plus aucune chance avec aucune fille de l'Académie parce que tu es catégorisé comme un pervers, et en plus une victime depuis le guet-apens, tu t'enfuis en la laissant seule ?
— Exactement.
— Suite à quoi tu te prends la pluie jusqu'à en tomber malade et à passer ton dimanche au lit ? Ce qui explique pourquoi tu n'as pas fait tes exercices d'aujourd'hui ?
VOUS LISEZ
The Jelly Beans
Teen FictionL'Académie de Flavor City est une école où sont formés des êtres hors du commun possédant un talent particulier qu'ils s'auto-transmettent à chaque génération en se clonant. Néanmoins, seulement une minorité d'étudiants brillants accèdent à la riche...