Maladie Inconnue *

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Le calme régnait dans cette petite maison de campagne qu'habitaient les Londubat. C'était une belle bâtisse dont les murs étaient en pierres et qui était entourée d'un jardin de taille moyenne. Mr Londubat lisait tranquillement dans un fauteuil du salon tandis que sa femme regardait d'un air triste des photos de son fils grandissant.

- Tu te fais du mal, Luna, intervient doucement son mari en posant sa main sur son bras.

- Je sais, mais je n'arrive pas à arrêter.

Elle jeta un coup d'œil autour d'elle. Chaque mur, chaque meuble était empreint des souvenirs que laissait son fils unique de jour en jour. Sur la cheminée étaient affichées de photos de lui, souriant. Il y avait aussi un meuble d'angle dans un coin de la pièce, où elle rangeait dans un tiroir tous les objets insignifiants aux yeux de tous, mais qui comptaient pour les deux jeunes parents et qui leur rappelaient leur enfant.

À cet instant, celui-ci dévala les escaliers, manifestement réjoui :

- Maman, papa ! J'ai reçu la lettre ! cria le jeune garçon brun aux yeux bleus en se précipitant vers ses parents.

- Aidan, ce n'est pas une bonne idée. Désolée mon chéri, lui répondit la jeune femme.

La déception fut visible immédiatement dans les yeux de l'enfant. Son cœur se serra à l'idée de devoir faire son éducation magique chez lui, de ne pas aller à Poudlard, dont ses parents lui avaient venté les mérites et lui avaient décrit leur quotidien lors de leurs études avant de s'apercevoir du mal qu'ils faisaient à leur fils. Cette école le fascinait depuis qu'il était petit. Sûrement car il a depuis toujours eu conscience que c'était un rêve irréalisable.

- Allez mon chéri, il faut y aller, ou nous serons en retard.

Aidan se résigna donc à suivre son père, des rêves plein la tête.

~~~

Le père et le fils se dirigèrent vers le quatrième étage de l'hôpital Ste-Mangouste, l'étage Pathologie des sortilèges. Ils prirent place dans la salle d'attente, comme tous les quinze jours. Ces rendez-vous bimensuels ne facilitaient pas le quotidien des Londubat, qui s'organisaient toujours pour que leur fils n'en manque aucun. L'attente fût longue, car, comme à chaque visite, le médicomage qui devait les recevoir avait pris du retard. Mr Londubat en profita pour réfléchir à ses affaires. Il doit ouvrir prochainement son apothicairerie, et il n'est pas très rassuré. Il a toujours été angoissé à propos des chances de réussite des projets qu'il entreprend et s'imagine toujours les pires scénarios. Son fils est, en ça, très différent de lui. Aidan essaie toujours de faire ce qu'il a en tête, contrairement à son père qui hésite chaque fois qu'il souhaite réaliser un projet. D'ailleurs, le jeune homme n'a pas totalement renoncé à se rendre à la prestigieuse école de magie. Et il a une idée en tête pour y parvenir.

Le médicomage Jefron, un trentenaire roux aux yeux noisettes, se tenant toujours droit comme un piquet, quelque soit la situation, entra dans la salle d'attente et demanda :

- Mr Aidan Londubat s'il-vous-plaît.

Mr Londubat entraîna son fils, qui, comme à son habitude, rechigna à effectuer cette visite et fit volontairement racler ses pieds sur le sol. Il subit pourtant les questions habituelles sans broncher :

- As-tu eu de nouvelles crises depuis la dernière fois ?

Il n'a jamais compris cette question, puisqu'il est censé se rendre en urgence à Ste Mangouste si sa peau avait un problème. Il répondit tout de même à l'homme :

- Non, tout s'est bien passé.

- As-tu remarqué d'autres faits étranges ?

- Non, monsieur.

- Pas de brûlures ou de démangeaisons ?

- Non, rien.

- As-tu bien respecté les recommandations ?

- Oui, monsieur.

- Bien, nous allons donc procéder à la suite du contrôle...

...Qui se résume à la pesée, la mesure et l'examen méticuleux de sa peau. Une fois ceux-ci terminés, Aidan tenta un stratagème qui pourrait soit lui réussir, soit ruiner définitivement ses chances, car ses parents n'iraient jamais à l'encontre de l'avis du personnel médical.

- Monsieur, puis-je vous poser une question ?

- Bien sûr, je verrai si je peux y répondre.

- Est-ce que étudier à Poudlard peut être néfaste pour ma santé ?
- Non, si tu passes voir l'infirmière tous les quinze jours et quand ta maladie se manifeste, et que tu respectes les recommandations, il n'y a aucun problème. Ça t'angoissais ?

- Un peu, mentit-il alors que son père lui lançait un regard noir.

- C'est bien que tu prennes ça à cœur, car beaucoup d'enfants de ton âge préfèrent ignorer volontairement leur maladie.

« Comme si on me laissait le choix », pensa-t-il tandis que son père cherchait des arguments pour défendre son point de vue. Le jeune garçon se posait toujours cette même question : « combien de temps me reste-t-il à vivre ? ». C'est effectivement une interrogation un peu insolite pour un enfant de presque onze ans. Seulement, Aidan souffre d'une maladie incurable qui l'affaiblit au fur et à mesure que le temps passe, et qui réduit donc son espérance de vie, mais on ne lui a jamais dit jusqu'à quel point. Cette maladie se traduit par des plaques de couleurs différentes apparaissant sur tout son corps de temps à autres. Elle lui ôte des forces petit à petit, et c'est pour cette raison que ses parents et les médicomages veulent lui éviter les gros efforts qui pourraient le fragiliser encore plus. Il ne doit faire aucun sport, par exemple, et ne doit ni transplaner - même si pour l'instant, il n'a pas encore l'âge requis pour -, ni utiliser la poudre de cheminette, il peut juste prendre des Portoloins. Qui dit pas de sport dit pas de quiditch, pas de vol sur balai. C'est ce qui lui pèse le plus, car son rêve a toujours été de voler. Il ne le pourra jamais, il en a conscience. Il ne l'a jamais dit à ses parents, pour ne pas les peiner. Il adore voir son père et ses amis parler de quiditch, car lui, il n'est allé qu'une seule fois voir un match. Et évidemment, il avait fallu que la malchance fasse partie du jeu et qu'elle provoque une de ses "crises de peau", comme il les appelle. Depuis, ses parents ne l'ont plus emmené au stade.

~~~

Une fois rentrés chez eux, les Londubat s'installèrent à table. Mrs Londubat interrogea son fils et son mari sur leur visite :

- Comment s'est passé le rendez-vous ?

La seule chose qui peut la faire sortir de sa rêverie a toujours été la maladie de son enfant. Celui-ci, qui ne tenait plus en place, s'exclama :

- Le médicomage a dit qu'il ne voyait aucun inconvénient à ce que j'intègre Poudlard !

Les deux époux se regardèrent, l'un dans l'espoir que l'autre lui démente cette information, et le second pour prier le premier de l'aider à faire entendre raison à leur fils. Hélas, ni l'un ni l'autre n'y réussit, et l'enfant tenant absolument à étudier à Poudlard, ils acceptèrent, inquiet malgré tout. Le corps médical ayant prononcé un avis positif pour l'inscription du jeune homme, les parents ne voyaient pas comment ils pourraient s'y opposer. Ils promirent donc à leur fils d'aller au Chemin de Traverse le lendemain.

Jeudi 2 juillet
Vendredi 3 juillet


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Bonjour à tous,
Je sais que vous devez vous dire "mais Luna n'est pas censée être morte ?", malheureusement, il faudra encore attendre 5 chapitres pour savoir pourquoi elle vit encore.
N'hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous pensez du chapitre 😉

Rue

L'Élu n'est pas celui que l'on croyait être - Son Pouvoir (Terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant