30 juin (1/2)

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Après une journée et demie de voyage, nous avons franchi la frontière de l'Oregon la veille au soir et avons passé la nuit dans un petit motel de la ville côtière de Crescent City. Puis, lorsque nous sommes passés par une ville appelée « Fort Dick », nous avons tous éclaté de rire tels les gamins que nous sommes.

J'ai encore du mal à croire qu'une ville puisse porter ce nom. Ce n'est pas possible, au moment de la nommer, ils devaient forcément savoir que les habitants allaient se faire charrier à chaque fois qu'ils diraient leur provenance.

« D'où venez-vous ? »

« De Fort Bite »

Rien qu'en m'imaginant cette conversation, je suis mort de rire.

J'aurais vraiment aimé faire cette vanne dans la partie stories de mon Instagram, mais on s'est tous tenus au vœux de ma chère cousine : pas de réseaux sociaux pendant ces vacances. Certains commencent déjà à être en manque, dont moi, je dois bien l'avouer. J'ai trop l'habitude de me perdre sur insta lorsque je m'ennuie ou que je suis en voiture. Puis j'aime prendre des photos, ce que je fais toujours, car une fois que ce périple aura pris fin, je me dépêcherai de les publier sur le compte spécial que je vais créer. Oui, je copie Rory, et alors ? Ce n'est pas non plus l'idée du siècle, puis ce n'est pas comme si je n'y avais pas songé avant.

Sinon, pourquoi nous avons mis tellement de temps à atteindre la Californie alors qu'on aurait dû le faire dès dimanche soir ? Tout simplement parce que, pour citer les paroles de Jack, il conduit et nous la fermons, même politique que pour le choix de la musique. Bref, en gros, dans son van, la démocratie n'a pas sa place. Selon lui, c'est une dictature, douce, mais une dictature quand même. Il se prend visiblement pour Dean Winchester, ce débile.

Qu'importe, tout s'est bien déroulé, j'ai vu des paysages de mon état natal ainsi que découvert des petits patelins dont tout le monde s'en fiche, mais autant voir le côté positif des choses.

Désormais, il est huit heures du matin et nous prenons tous notre petit déjeuner dans le diner qui se trouve entre le motel où nous avons passé la nuit ainsi qu'un aquarium qui m'a l'air des plus miteux. C'est un endroit coquet, ambiancé dans les années soixante, et une musique de l'époque s'échappe de la jukebox qui se trouve au fond de la salle.

Alors que tous parlent de la nuit écoulée, je me contente de fixer mon café fumant. On va dire que je ne suis pas spécialement du matin, il me faut un temps pour m'habituer à être réveillée et avec cette bécasse de Rory dans le coin, mes réveils sont tout sauf paisibles. La prochaine fois, je m'en fous, je me prends une chambre tout seul. Hors de question de la partager avec les filles. On a convenu de faire ainsi pour que ça nous revienne moins cher lorsque nous logerons dans des motels. Jack, Ty et le tombeur narcissique font pareil, ils partagent la piaule. Bien évidemment, je reste avec la gent féminine, ils ne m'ont proposé à aucun moment d'aller avec eux, donc j'ai rapidement saisi le message : le gay avec les nanas.

Quand nous ferons du camping, ce sera strictement pareil, après tout, il n'y a que deux grandes tentes, sinon, ce sera dormir à la belle étoile.

À côté de moi, Lily sirote son jus d'orange récemment pressé pendant que nous attendons nos petits-déjeuners. J'ai commandé quelque chose de relativement simple : des œufs brouillés et du bacon. C'est la base, puis vu la longue journée qui nous attend, il faut bien que je me nourrisse.

Ce qu'on a prévu, c'est d'aller jusqu'à San Francisco et de passer la journée là-bas, pour ensuite, demain, partir pour le parc national de Yosemite faire de la randonnée et aussi, trempette dans les lacs. Du coup, oui, la journée risque d'être longue.

Nuance Arc-en-Ciel ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant