28 juin (1/3)

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Le bruit d'un klaxon qui n'arrête pas de sonner me sort de mon sommeil profond.

Les yeux à moitié ouverts, je lance un regard vers ma fenêtre et vu la lumière qui s'en dégage, il est encore très tôt. J'appuie mon oreiller sur ma tête et grogne alors que ce bruit infernal ne cesse à aucun moment. Il retentit par coup de trois, fait une pause de quelques secondes, puis reprend.

Soudain, la porte de ma chambre s'ouvre et je découvre ma mère Susan, les yeux gonflés, les cheveux ébouriffés et l'air de très mauvaise humeur à cause de ce bruit insupportable. Ma chambre donne au devant de la maison, là où se trouve la route, tandis que la sienne à l'arrière, sur le jardin.

Elle s'approche de la fenêtre, se met à genoux sur le rebord de celle-ci, avant de se tourner vers moi et soupirer un grand coup.

— Dépêche-toi de partir avant que ta cousine ne réveille tout le voisinage, marmonne-t-elle, de très mauvaise humeur.

Bordel, je vais tuer Sarah !

Je me lève en quatrième vitesse et ouvre en grand les fenêtres pour lui faire des signes à l'aide de mes bras pour qu'elle arrête son bouquant. Cependant, ça a l'air de l'amuser de me voir faire le guignol, car elle se marre à s'en faire mal au ventre, en plus, Rory est avec elle.

Elles sont complètement dingues !

C'est là que ma meilleure amie sort de voiture, place ses deux mains au niveau des bords de sa bouche pour s'en servir d'haut-parleur et gueuler :

— Bouge ton magnifique petit cul, Theo !

Je serre les mâchoires de toutes mes forces et la foudroie du regard. Elles savent vraiment comment me mettre en rogne dès le réveil, celles-là ! Mais elles ont beau rigoler, ça ne me fait pas marrer du tout. Mon voisinage est un lieu tranquille, il n'est plus qu'une question de temps avant que M. Perkins – mon voisin d'en face et président de l'association de quartier – débarque. Il a tendance à fourrer son gros nez dans les affaires des autres et déteste le bruit au-delà de quarante décibels, et là, il y en a le double !

— Arrêtez de klaxonner, putain ! dis-je suffisamment fort pour qu'elles entendent.

— Quoi ? hurle Rory avant de se tourner vers Sarah, un sourire diabolique collé aux lèvres. Je crois qu'il a dit de klaxonner plus fort !

— Hein ? Non !

Ma cousine lui fait un clin d'œil puis lève son pouce droit avant d'appuyer sur le klaxon en continu pendant quinze longues secondes, alors que je n'en peux plus de ma vie et de ces folles qui en font partie.

Aujourd'hui, dimanche vingt-huit juin, Theodore Alden-Baker va commettre un double homicide.

— Si vous n'arrêtez pas je vous jure que vous allez faire la une des journaux pour de mauvaises raisons et vous ne serez pas là pour le voir ! les menacé-je.

Ces filles complètement folles commencent à nouveau à se foutre de ma gueule, c'est alors que j'entends un léger raclement de gorge derrière moi. En me retournant doucement, je vois mes deux mères dans ma chambre, les bras croisés, cheveux ébouriffés et regard agacé, me fixer.

— Au lieu de crier, ne ferais-tu pas mieux de descendre au plus vite, Theo ? me demande Annie.

Je me sens soudain comme un gamin à cause de ces deux imbéciles qui se trouvent devant chez moi. En voyant l'heure sur le réveil, je remarque qu'il est huit heures à peine et j'ai de plus en plus envie de les massacrer. On avait convenu qu'on ne viendrait pas me chercher avant dix heures du matin !

Nuance Arc-en-Ciel ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant