Thorns Of Chaos - Taekook

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      Lorsque je me réveillais le lendemain, la place à côté de moi était froide, sans trace de vie. Comme si Taehyung n'avait pas réellement été là, que tout ça n'avait été qu'un rêve et, qu'en réalité, il n'était pas vraiment rentré. Contrairement à chacun de mes réveils, je ne prenais pas le temps de m'étirer ou même de bâiller que je me levais précipitamment de mon lit en ignorant les picotements désagréables de mon jogging sur ma peau qui me démangeait. D'habitude, je ne portais pas ce genre de tissu aussi longtemps, car des plaques rougeâtres apparaissaient en me forçant à me gratter jusqu'au sang. Rapidement, j'avais traversé le couloir en déboulant dans la pièce principale le souffle court.

— Taehyung ? Appelais-je.

      La seconde qui avait suivi m'avait semblé être une éternité silencieuse. Pourquoi est-ce qu'il ne me répondait-il pas ? Est-ce qu'il était reparti ? S'il avait été là, bien entendu.

— Dans la cuisine, s'écriait-il.

      Un soupire de soulagement m'échappait avant que je ne m'approche lentement de l'encadrement de la porte en me grattant la gorge. En pénétrant dans la pièce, je tombais sur le garçon aux cheveux rouges, le torse nu comme lorsqu'il s'était couché hier soir cependant son jean avait été troqué contre un short de sport. Ses yeux fauves se levaient sur moi alors qu'il verrouillait son téléphone en le balançant sans ménagement sur le plan de travail.

— Tu as bien dormi ?

— Hmhm, acquiesçais-je avec un mouvement de tête. Tu es réveillé depuis longtemps ?

— Un petit temps seulement.

      J'étais appuyé contre le plan de travail près du bar alors que lui se trouvait à l'opposé de moi, quelques mètres nous séparant l'un de l'autre. Seuls nos regards se rencontraient pour se confronter, lui semblant désolé et moi muet, car je ne savais pas comment je devais me comporter. C'était finalement Taehyung qui coupait notre contact visuel pour laisser ses orbes chuter jusqu'à mes jambes, les sourcils arqués.

— Pourquoi tu te grattes comme ça ? Tu vas te faire mal, me réprimandait-il.

      Je n'avais même pas remarqué l'agitation de mes ongles pour avouer franchement. C'était simplement plus fort que moi, dicté par mes réflexes.

— Oh ! Ce n'est rien... Cette matière m'a toujours démangée...

— Est-ce que tu es allergique ?

      Il réduisait la distance douloureuse qui nous séparait et attrapait mes hanches pour me portait avec facilité sur le plan de travail. J'avais lâché un cri de surprise à son geste auquel je ne m'étais nullement attendu et qui m'avait poussé à m'accrocher à lui. Il relevait le tissu de mon jogging jusqu'à mon genou et son visage s'étirait en même temps que ses sourcils.

— Jungkook ton corps réagi très mal, regardes, tu te grattes presque jusqu'au sang ! C'est comme ça depuis longtemps ?

— Oui, enfin je crois, je n'y faisais pas attention...

— Enlève-le.

— Qu-Quoi ? Bégayais-je sous la surprise. Je ne vais pas l'enlever maintenant...

— Ne sois pas timide, j'ai déjà vu tes cuisses. Retire-le pendant que je te prépare un truc à manger, d'accord ?

      Taehyung s'éloignait pour attraper un bol dans le placard en me tournant le dos. Il n'avait pas tort, il m'avait déjà vu vêtu de cette façon. J'étais juste embarrassé de dévoiler mon corps, surtout quand le sien respirait la perfection. Il était musclé à point, ni trop ni pas assez, incarnant la masculinité alors qu'à côté, mon physique était juste banal.

      Je laissais finalement glisser mon bas le long de mes jambes après mon combat intérieur pour le récupérer avant qu'il ne tombe au sol. Je le pliais soigneusement et le déposais derrière moi, sur la surface du bar.

      Nous formions une belle paire très habillée en tout cas.

      La sonnerie du four à micro-onde résonnait alors que Taehyung sortait le bol de céréales bleu pour me le tendre avec un sourire timide sans même laisser son regard me détailler.

— Tu m'as promis des explications Taehyung, objectais-je doucement.

— Il est tôt Jungkook, je préférerais que tu manges un truc avant.

— Mais...

      J'étais interrompu par les vibrations de son téléphone qui avait à la fois capté mon attention ainsi que la sienne. Il empoignait l'appareil d'un mouvement rapide, comme pour me fuir, avant de la porter jusqu'à son oreille. J'avais l'impression qu'on avait à cet instant ouvert la vanne qui retenait la colère grandissante en moi. Il ne fallait pas que je la laisse sortir, je devais me contenir, mais je ne pouvais pas m'en empêcher.

— Allô ?

— Taehyung ! m'offusquais-je.

      Ce dernier me lançait un regard sévère tout en éloignant l'objet de lui pour le couvrir de sa paume.

— Jungkook patiente un peu, je suis au téléphone.

      Il se fichait de moi ? C'était sûrement la cerise sur le gâteau. Je n'avais peut-être pas assez attendu depuis hier matin, non ? Mon esprit ne s'était-il pas assez torturé afin de trouver une explication tout à fait logique à tout ça ? Apparemment non, et cette fichue attitude refaisait surface pour me toiser.

      Il sortait de la cuisine pour se placer devant la fenêtre du salon, dos à moi, les yeux perdus sur le terrain à l'extérieur pour reprendre sa conversation avec la mystérieuse personne derrière le combiné.

— Désolé Yeonjun. Je t'ai contacté pour que tu me fasses un bilan de votre situation.

      Il y avait eu un petit temps de silence, Taehyung se contentait parfois de fredonner pour signaler qu'il était toujours là et attentif.

— Très bien, il va falloir que vous vous teniez prêt dans ce cas. Le transfert jusqu'à Cypher se fera très prochainement, dans les jours qui vont suivre si tout ce passe comme prévu. Je te tiendrais informé, au revoir.

      Je m'approchais lorsque je constatais qu'il avait raccroché, n'ayant toujours pas touché à un seul de mes céréales malgré ma faim. Je n'étais pas d'humeur à manger pour l'instant. Taehyung avait dû m'entendre arriver puisqu'il faisait volte-face.

— Jungkook, je...

— Non, le coupais-je. Je déteste ta façon d'agir avec moi lorsque quelque chose de l'extérieur surgit ! Tu n'as pas le droit de me traiter comme ça !

      Il entrouvrait les lèvres, s'apprêtant sûrement à se défendre, mais je ne lui laissais aucunement le temps de le faire. J'avais besoin de tout laisser sortir pour qu'il prenne conscience de son comportement.

— Tu m'as laissé seul pendant des heures sans même me dire la raison de ton comportement ni même si tu reviendrais. Qui plus est, tu t'es enfui avec un homme qui, on ne sait pas comment est entré ici pour patienter tranquillement dans ton salon. Et, lorsque tu as enfin décidé de refaire surface des heures plus tard, tu me promets des explications que tu ne daignes même pas me donner et tu m'ignores pour décrocher au téléphone !

— C'était important...

— Je l'ai très bien compris, rassure toi. Je pensais juste ne pas représenter un simple objet dans le décor. Je me suis inquiété pour toi, mais j'ai l'impression de rien valoir quand tu as ce regard... Je crois qu'il est préférable que je m'en aille.

      Je n'avais pas osé me confronter à son visage durant ma dernière phrase. En réalité, j'aurais préféré disparaître plutôt que de me ridiculiser de la sorte. C'était à mon tour de fuir.