Thorns Of Chaos - Taekook

20

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      Il y avait du bruit autour de moi, ce n'était pas un boucan à proprement parler, mais c'était assez perturbant pour me tirer de mon sommeil. Je n'étais pas le genre de personne difficile à réveiller le matin après une longue nuit dans mon lit. Je gémissais en m'étirant de tout mon long entre les draps et le matelas. Mes bras s'étaient dirigés d'eux-mêmes vers le côté droit du lit dont la place était vide me laissant seul. C'était donc Taehyung qui faisait du bruit.

      Ma première paupière s'ouvrait, rapidement suivie de la seconde pour dégager ma vue qui s'attardait sur les détails de la pièce pour analyser la situation. C'était la chambre de Taehyung, les volets étaient entrebâillés pour laisser passer un filet mince de lumière, pas assez pour illuminer la pièce, mais suffisant pour qu'on y voit quelque chose. Le jeune homme aux cheveux rouges me tournait le dos, il était face à l'armoire et semblait trafiquer je-ne-sais-quoi.

— Taehyung ? Appelais-je d'une voix marquée par la fatigue.

      Il se retournait pour me faire face avec un petit sourire.

— Je t'ai réveillé, constatait-il. Désolé, il est tôt...

— Ce n'est rien, qu'est-ce que tu fais ?

      Il faisait un pas de côté pour me laisser ainsi entrevoir l'armoire à moitié vidée dont les vêtements qu'elle contenait auparavant logeait à présent dans le sac de voyage sur le sol. Taehyung avait traversé la chambre pour venir s'installer sur le bord du lit près de moi. Je me blottissais contre lui, sans pour autant le prendre dans mes bras, mais juste assez pour établir un contact avec lui.

— J'étais en train de faire les bagages... Ce n'est pas trop tôt pour toi, tout ça, Jungkook ?

— Je ne sais pas, soupirais-je en me frottant le visage avec mes poings. Je n'ai pas envie que tu me laisses tout seul...

— Ce n'est pas dans mes intentions, je vais sûrement être plus occupé qu'ici mais je passerais du temps avec dans la journée et le soir.

      Je n'avais pas pu réprimer le petit sourire qui avait prit mes lèvres en otage. Sa main venait doucement caresser ma hanche découverte par mon tee-shirt remonté sur mon abdomen.

— Merci !

— Hm, je finis ça et on ira manger des œufs.

— Des œufs ? Répétais-je.

— On risque de manger assez tard, alors il vaut mieux avoir l'estomac plein !

— On part dans combien de temps ?

— Un peu plus d'une heure.

      Je me contentais de hocher la tête en bâillant. Taehyung s'était relevé pour retrouver la penderie et son sac de vêtements. Il finissait assez rapidement les bagages en gardant de quoi nous vêtir aujourd'hui sur le côté. Il se penchait pour attraper quelque chose au fond du placard avant de me jeter un regard par-dessus son épaule, sûrement conscient que je l'observais. Je n'avais pas le temps de comprendre qu'il s'était approché de moi qu'il avait déposé un poids sur mes cuisses.

— Qu'est-ce que...

      Je m'interrompais lorsque mes yeux tombaient sur l'objet avec un énorme sourire.

— Mais c'est mon sac à dos ! M'écriais-je.

— Tu m'avais dit que tu l'avais laissé dans les vestiaires du bar, les casiers n'ont pas été dévalisé donc il ne doit rien manquer. Je n'étais pas certain que ce soit le tien au vu de ce qu'il contenait...

— Tu as regardé ?! Le coupais-je.

— Oui, pourquoi ? Je n'aurais pas dû ?

      Je couinais de gène en enfonçant ma tête entre mes paumes. Taehyung avait l'air perdu face à ma réaction. Je n'étais pas en colère, juste horriblement gêné.

— Je comprends pas bien, si ça peut te rassurer j'ai juste jeté un coup d'œil sans rien touché...

      Oh.

      Je devais avoir l'air bête dans ce cas. Il était trop facile de me ridiculiser moi-même, je devrais peut-être prendre le temps de réfléchir parfois.

— Qu'est-ce que tu me caches dans ton sac ?

— Rien du tout ! m'écriais-je en refermant brusquement la fermeture.

— Jungkook.

— Mais... C'est juste des croquis pas très réussi, tu n'as pas envie de voir ça !

      Je soupirais avec une grimace devant son sourire rectangulaire pétillant.

— Oh que si ! Je ne savais même pas que tu dessinais !

      Je croisais mes bras sur ma poitrine en boudant, je n'avais vraiment pas envie de montrer ça à Taehyung parce que ce ne serait pas à la hauteur de ces espérances, alors ça le décevrais. Je devrais peut-être jeter ce cahier avant qu'il n'aille fouiner. Ses paumes encadraient mon visage qu'il attrapait en coupe pour le positionner face au sien.

— Ne me fais pas la tête, je te taquine ! On va manger un bout ?

      Je secouais la tête de bas en haut et me levais pour sortir de la pièce. Mais avant de me hisser dans le couloir, je me figeais et revenais sur mes pas pour déposer un chaste baiser timide sur la mâchoire de Taehyung avant de m'enfuir aussitôt.

— Merci ! m'exclamais-je.

— Adorable.

      Je rougissais de plus belle en arrivant dans la cuisine, je profitais donc de l'absence de Taehyung pour me rincer les mains et le visage avant d'empoigner la poêle. Le garçon aux cheveux rouges apparaissait pour s'installer confortablement sur un tabouret et m'observer calmement. Apparemment, il me laissait carte-blanche pour préparer le petit-déjeuner tout seul. J'ouvrais le réfrigérateur qui avait été vidé à mesure que le temps s'était écoulé pour laisser mes yeux parcourir les étages.

— Je peux faire ce que je veux ? Demandais-je timidement.

— Épate-moi.

      Je piochais trois coquilles d'œuf en souriant bêtement et m'emparais de la dernière boîte de cube de jambon ainsi que le fond du sachet de fromage rappé. Je mélangeais tous les ingrédients dans un même saladier en verre sous le regard attentif et curieux de Taehyung que j'évitais de croiser pour ne pas me mettre la pression. Puis je versais la moitié de la préparation dans la poêle jusqu'à ce que le liquide forme une masse plus dense et crêpeuse. Je m'assurais que les deux côtés soient dorés avant de faire glissé l'omelette dans une assiette et l'offrait à Taehyung avec des couverts.

— Merci !

— Commence à manger, c'est moins bon quand c'est froid !

      Il roulait des yeux en riant doucement avant de porter une première bouchée jusqu'à ses lèvres. Je le regardais l'avalé avec une légère bouffée d'anxiété.

— C'est vraiment bon, j'aurais dû te laisser aux fourneaux plus souvent.

— Je cuisinerais encore pour toi si tu veux, proposais-je en haussant les épaules.

      En réalité, j'adorais cette idée.

— Promis ?

— Promis, surenchérissais-je.

      Un sourire se dessinait alors sur ces lèvres sous lequel mon cœur n'avait pas pu s'empêcher de battre plus rapidement. Cependant, son regard contrastait avec la joie que je pouvais lire sur son visage, il était marqué par l'amertume de devoir quitter cette vie là que nous partagions tous les deux.