Séparations Douloureuses

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Au lever du Soleil, tout le monde était déjà levé. Les armures étaient déjà sur le corps de leurs porteurs respectifs. Il ne restait plus que quelques détails esthétiques à régler. Quelques coups de peigne pour Ornë, Némée et Aquillo; ajustement de la cape pour Ventado et Exypnos; mise de son masque terne et effrayant pour Trakma; nettoyage de sa baguette de chef d'orchestre pour Crest, brossage de sa barbe argentée pour Blanko. 

Une fois qu'ils furent tous prêts, ils saluèrent leurs amis, leurs frères d'armes. Accolades, embrassades et larmes étaient de la partie. Tout le monde savait que peu d'entre eux reviendraient. Mais les Schôkis devaient protéger Terre et Nature quel qu'en soit le prix et c'était leur devoir de Chevaliers de protéger l'humanité. Après tout, la mort n'était-elle pas une étape de la vie ? Marcel Pagnol n'a-t-il pas dit "La première qualité d'un héros, c'est d'être mort et enterré" ? Et la mort n'était-elle pas le commencement de l'immortalité ?

Il était à présent temps de partir.

"Vous n'allez sûrement pas revenir, Seigneur Ornë ? Questionna Kinkai, Schôki du Renard, d'un air innocent.

- Nous partons pour une mort certaine, mais au moins, elle sera honorable."

Puis le Schôki du Hêtre adressa un petit sourire amusé au jeune Kinkai et fît volte-face, laissant le renard réfléchir à ses paroles. Aquillo serra fort dans ses bras Exypnos qui pleurait.

"Ne pars pas, Aquillo. Je t'en prie !

- Tu sais aussi bien que moi qu'on est tous obligés de mourir un jour. Je crois bien que mon jour est arrivé... Mais je remercie les Dieux de m'avoir fait le cadeau de te rencontrer. Si tu savais à quel point je regrette de ne pas t'avoir avoué mes sentiments plus tôt...

- Reste ! Je peux y aller à ta place !

- Non, non. TOI, tu m'as promis que tu ne mourrais pas.

- Quel est l'intérêt de ne pas mourir si je ne peux pas vivre avec toi ?

- Quand on s'est déclaré nos sentiments, on savait tous les deux qu'une histoire d'amour entre deux Chevaliers d'Or ne pouvait pas durer très longtemps... Surtout durant une guerre sainte.

- T'es en train de me dire qu'on aurait jamais dû s'avouer nos sentiments ? Qu'on aurait jamais dû s'aimer ?

- Non. T'avouer mes sentiments est sûrement la plus belle chose que je n'aie jamais faite. Mais nous savions qu'un des deux allait forcément mourir avant l'autre. Rien ne dit que je vais périr dans cet affrontement, mais si c'est le cas, je veux t'avoir dit au revoir. Je veux que tu me promettes une chose : si je meurs, promets-moi que tu n'essayeras par aucun moyen d'attenter à ta vie. Dis-toi une chose, tant que tu vivras, je vivrai à travers toi.

- Adieu, mon amour. Je veux que tu saches que je n'ai jamais autant aimé une personne.

- Adieu. Fais attention à toi. Et n'oublie jamais, tant que tu vivras, je vivrai à travers toi."

Ils s'étreignirent et s'embrassèrent. Puis ils durent se séparer. Les combattants concernés quittèrent le camp, en direction du Château d'Arès. Pratiquement tous les combattants de l'Alliance avaient les larmes aux yeux.

Une fois devant la grande porte du Château d'Arès, Ornë du Hêtre envoya un rayon de lumière dessus qui la transforma en une fine poudre volante dans l'air. Les sept combattants entrèrent dans le hall du Château qui avait une forme hexagonale. Il était grand, spacieux, et décoré de gargouilles et autres monstres de pierre. Il y avait quatre portes, dont une bouchée par des gravats et des rochers. Les sept combattants en déduisirent que cette porte correspondait à la tour qui s'était effondrée en sortant de terre. En face de l'entrée, un peu renfoncé dans le mur, il y avait un escalier sombre et abîmé qui menait à ce qui devait être un sous-sol.

En haut de chacune des portes, il y avait un petit dessin. Sûrement pour savoir aux appartements de quel Centurion menait la porte, pensa Aquillo. Sur celle complètement bouchée par des pierres de grande taille, la pierre sculptée avait la forme d'un grand lion avec une queue de serpent et une carapace hérissée de pics. Aquillo reconnût aussitôt une Tarasque et Némée ne pût s'empêcher de penser à Tarak. 

En haut de la porte au Sud-Est, il y avait un grand tigre volant sur un nuage et entouré de brume. Étrange, murmura Némée. Ventado comprit que cette statue représentait un Baku. Un esprit mystérieux japonais ayant l'apparence d'un tigre et se nourrissant des rêves et cauchemars que font les humains durant la nuit. On dit qu'il en existe trois dans le monde : un au sommet du Kilimandjaro, se nourrissant des songes des Africains; un deuxième en haut du Mont Caucase pour dévorer les rêves et cauchemars des Européens et un dernier sur la cime du Mont Fuji qui ingurgite les productions psychiques nocturnes de toute l'Asie.

Au-dessus de l'entrée du Nord-Ouest, la statue avait l'apparence d'un bouquetin fièrement dressé. Mais il y avait un petit détail assez étrange sur ce bouquetin. En effet, ses pattes arrière gauche et avant gauche étaient plus courtes que les deux de droite. Aquillo, grand connaisseur des mythes et légendes, expliqua alors qu'il s'agissait d'un Darou. Deux de ses pattes sont plus courtes pour l'aider à se tenir droit sur les pentes des montagnes, avait-il dit.

La dernière porte, celle du Nord-Est, était ornée d'un grand serpent à plusieurs têtes crachant du feu. Le Chevalier d'Or du Verseau avait beau être un passionné de légendes, mythes et folklore en tout genre, ce ne fût pas lui qui reconnût la créature en premier. En effet, c'est Ventado qui identifia la créature comme Ananta, un serpent à mille têtes des mythologies hindoue et bouddhiste. Le Chevalier de la Vierge connaissait bien la créature : il avait visité de nombreux temples bouddhistes et était lui même un adepte du Bouddhisme. 

"On dit que Vishnu, le Dieu Protecteur, s'est reposé en s'allongeant sur lui après avoir combattu les démons qui voulaient régner sur Terre, expliqua-t-il. Il parcourt éternellement l'Univers à la recherche d'une planète assez grande pour l'accueillir. C'est également lui qui a créé les étoiles de son souffle de feu.

- L'escalier doit mener à Phobos et sa garde rapprochée, suggéra Blanko de sa voix douce et rauque.

- Et à votre avis, où faut-il aller pour rejoindre Soulmaster du Lycanthrope ? C'est pas que je veux vous brusquer, continua Némée, mais faudrait p'têt que Crest sache où aller...

- Ne t'inquiète pas. J'ai déjà trouvé où se cache mon adversaire. Regarde vers le haut : il y a une petite ouverture qui doit mener au toit ou à un balcon. Étant donné qu'il tire une grande partie de sa puissance de l'Astre Lunaire, il veut sûrement être le plus proche possible de ce dernier.

- Il est temps pour nous de nous séparer, déclara Ornë. Si on ne se revoit pas, je veux que vous sachiez que j'ai été très heureux de vous connaître.

- À bientôt, mes amis, murmura Blanko, les larmes aux yeux.

- Puissions nous revoir dans le Monde Céleste, supplia Ventado.

- Puisse le Destin nous être favorable, déclara fièrement Crest.

- Que la lueur d'Al Tarf* nous montre le chemin de la victoire, proclama haut et fort Trakma.

- Mes dernières pensées... sont pour toi Exypnos, murmura Aquillo."

Crest créa alors un escalier de glace en colimaçon pour rejoindre la petite ouverture en hauteur. Il commença alors à monter les marches une par une, non sans avoir étreint une dernière fois Aquillo avant. Ventado partit dans la salle du Baku juste après le départ de Crest. Aquillo et Némée entrèrent à leur tour dans la salle de leur adversaire attitré, Amos d'Ananta. Némée bouillait d'impatience de venger Saqana. Ce Centurion devait payer ! Ornë et Blanko s'enfoncèrent eux aussi dans une entrée, celle du Darou. Enfin, Trakma s'engouffra dans le sombre et miteux escalier qui menait dans les caves du Château...

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* Al Tarf est l'étoile la plus brillante de la constellation du Cancer

The petite Question : Selon vous, comment va se passer cet assaut ? Massacre, grande réussite, résultat mitigé ?



Saint Seiya- l'Avénement d'AresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant