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Convoquée chez le Fondateur, Marika s'y rendait le sourire aux lèvres, comme on se rendrait à la fête foraine ou chez le dentiste mais pour regarder son frère se faire torturer, et profiter soi-même des sucreries, paradoxalement et occasionnellement fournies en ce lieu.

Mais les sucreries entraîneront invariablement l'angoisse de devoir aller chez le dentiste à leur tour...et il faut veiller à ne pas l'oublier.

« Marika. Il me faut te convaincre de l'intérêt de la disparition des miroirs.

-Me convaincre? Et pourquoi se donner cette peine je vous prie?

-C'est simple : tu seras bientôt la garante de cet équilibre fragile.

-Moi? Arrêtez, je suis sûre que vous avez une multitude d'enfants programmés...choisissez quelqu'un d'autre.

-Non.

Marika fronça les sourcils. Ses intentions n'étaient pas très claires.

-Convainquez-moi dans ce cas, je n'attend que cela.

-Suis-moi. »

Elle traversa de multiples corridors dépourvus d'ouvertures sur l'extérieur, pour arriver dans un palais des glaces.
Le temple de l'interdit et de l'illusion. Terrifiant pour tout citoyen qui se respecte. Pas pour Marika.

« Tu réaliseras sans doute mieux l'aspect démoralisateur du miroir dans une pièce comme celle-ci. Ton reflet, impossible d'y échapper. Être confiné par ton apparence, n'est-ce pas la pire des tortures? Tu n'y peux rien changer, mais lorsque tu ignores à quoi tu ressembles, tu peux tout imaginer.

-Vous avez connu l'époque des miroirs n'est-ce pas?

-Si je l'ai connu? Plus que cela même ! J'en ai exploré les aspects les plus terrifiants...des personnes sont mortes à cause de l'effet qu'avaient sur eux ces objets. Mortes !

-J'entends bien...mais ne serait-il pas envisageable de trouver une autre solution? Interdire les miroirs est plutôt radical !

-Je sais, mais c'est nécessaire.

-Nécessaire, nécessaire...vous n'avez que ce mot-là à la bouche ! Ce qui serait nécessaire, c'est d'éduquer les jeunes et de leur inculquer le respect d'autrui ! Pas d'interdire les miroirs ! C'est un droit fondamental de savoir à quoi l'on ressemble, vous n'êtes pas d'accord?

Les arguments de Marika semblaient avoir porté, puisque l'expression du Fondateur se fit plus soucieuse.

-Dans un mois, tu me succéderas. Je suppose que je devrais t'obliger à poursuivre mon œuvre mais je sens que tu peux changer les choses. Je te fais confiance.

Marika était stupéfaite. C'était donc si simple?

-Et mon frère?
-Tu le verras lorsque tu seras à la tête de l'Etat. »

Le test du miroir Où les histoires vivent. Découvrez maintenant