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« Marika, dépêche-toi !

Cette injonction retira un soupir à la jeune fille, dont les pupilles se contractèrent avant de reprendre leur apparence initiale.  Leur marron profond suscitait toutes les réactions...beaucoup disait que ses prunelles étaient assurément le reflet de son âme.

En effet, elle avait un caractère plutôt prononcé. Taiseuse, taciturne, elle ne se confiait à personne. Pas même à son éducateur personnel, un adulte qui lui avait été assigné pour qu'elle lui confie la moindre de ses pensées. Aucun de ses amis n'avaient jamais vu le leur, cela ne figurait pas dans le protocole. Marika ne parvenait pas à concevoir comment on pouvait tout dire à quelqu'un dont on ignorait tout ! Elle était ahurie par cette confiance aveugle que les jeunes de son âge plaçaient en ces êtres réputés compréhensifs et de bons conseils.

Aveugle, elle ne l'était pas. Au sens propre comme au sens figuré. Elle avait une très bonne vue qui ne lui faisait jamais défaut, ainsi qu'un sens de la réalité sans faille. On la jugeait souvent diamétralement opposée à la naïveté qui caractérisait la jeunesse, dépourvue de candeur.

Sa mère lui demandait si souvent de descendre qu'elle ne s'en souciait plus. Elle aurait au contraire été inquiète si l'injonction matinale n'avait pas retenti à heure fixe. Marika avait en effet cette capacité d'huiler une routine impeccable, à la minute près. Chaque acte était consigné dans un recoin de son esprit, à une heure précise.

Aussi quelle ne fut pas sa surprise de constater que sa mère l'avait appelé  avec plusieurs minutes de retard...il s'était forcément passé quelque chose !
Ce constat la poussa à dévaler les escaliers avec plus de zèle qu'elle ne l'aurait fait en temps normal. De prime abord, dans la pièce, rien n'avait changé.
Pourtant...si elle s'attardait sur l'expression figée de sa mère et le léger voile dans les yeux de sa sœurs cadette, force était de remarquer que les choses ne sont pas toujours aussi immuables qu'on le pense. Il suffit d'un grain de sable dans le rouage du quotidien, et tout part en vrille.
Elle formule à voix haute ce qui la taraudait tout bas.

« Que se passe-t-il ici? »

Il était d'usage de s'exprimer correctement et sans grossièretés.
Sa mère avait la mine défaite et déglutit avant de lui répondre.

« C'est ton frère...il a trouvé un miroir. »

Le test du miroir Où les histoires vivent. Découvrez maintenant