Chapitre 15 - L'ombre et la clé

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Quentin sortit son porte-monnaie et l’exhiba alors qu’il était à quelques mètres de Kev qui s’était immobilisé.

« Police de Montréal! Détective Pouliot! Nous aurions quelques questions à vous poser » cria-t-il en cachant rapidement son porte-monnaie avant que l’autre ne s’aperçoive de la supercherie.

Kev leva les bras et se tourna vers la Cadillac en haussant les épaules. La voiture démarra et passa à côté d’eux tout doucement. Quentin  se demanda si la vitre n’allait pas descendre et s’il allait voir se pointer le museau d’une mitrailleuse. Mais l’automobile poursuivit son chemin sans précipitation. C’était déjà ça de gagné.

« Vous êtes bien Kevin, n’est-ce pas? continua Quentin en tendant la main que ne serra pas le jeune homme, visiblement agacé par cette interférence dans ses plans. »

« Oui, c’est moi. Qu’est-ce que vous me voulez? J’ai un rendez-vous important. On m’attend, alors si vous pouviez faire ça vite. »

Quentin lui fit signe de se calmer. Il entendit le pas de course de son collègue qui venait le rejoindre.

« Détective Martin, le présenta-t-il. Écoutez, Kevin, nous n’en avons pas pour longtemps. Est-ce que vous savez où se trouve votre fille en ce moment? »

Quentin avait évidemment visé dans le mille et la réaction de Kevin ne se fit pas attendre. Il pâlit et regarda immédiatement vers la maison de Desjardins. Il fit de même et entrevit le visage anxieux du ravisseur derrière le rideau entrouvert. Il le vit écarquiller les yeux. Il les avait probablement reconnus et cela risquait de tout faire foirer. Ils devaient agir vite.

« Pourquoi vous me demandez ça? dit-il, de plus en plus nerveux. Je n’ai pas le temps pour vos niaiseries. Il est où votre mandat, hein? On n’arrête pas les gens dans la rue comme ça juste pour le plaisir. Je suis un honnête citoyen, moi. Je m’en vais voir un ami, là, et je n’ai pas le temps de jouer à vos charades. Qu’est-ce que vous cherchez au juste? »

Alphonse répondit que le mandat était dans la voiture. Quentin lui demanda d’attendre pour le mandat.

« Votre fille, justement, Kevin. On la cherche parce que sa mère la cherche et elle est inquiète. »

« Sa mère? Comment ça, sa mère. Sa mère est en Europe depuis trois semaines et elle ne peut pas savoir que sa fille est disparue ou pas. Qu’est-ce que vous me chantez-là? »

« Est-ce que votre fille a été enlevée, Kevin? demanda Alphonse en s’approchant du gars qui était sur le point d’éclater en sanglots. Si vous savez quelque chose, vous devriez nous le dire et vous pourriez, du coup,  lui sauver la vie. »

« Vous connaissez un certain Lionel Desjardins? Il ne demeure pas très loin d’ici, non? »

Kev jura et des larmes jaillirent dans ses yeux.

« Vous allez tout faire rater, les gars. Je vous jure, il va la tuer si je ne lui apporte pas l’argent. Il m’attend et je ne sais pas ce qu’il a d’autre derrière la tête. C’est un fou, un dément! »

« Calmez-vous. D’abord, vous allez demander à vos gars de dégager. Restez calme et ne regardez pas la maison, d’accord. On va tranquillement se diriger vers notre voiture, hors de sa vue, vous nous suivez? On a une équipe qui s’en vient et on va tirer votre fille de ce bourbier. Mais, il faut rester calme. »

« Qu’est-ce qu’il va lui faire? Je suis certain qu’il sait que vous êtes là. Il va péter les plombs. Laissez-moi aller lui parler. »

Quentin lui demanda de faire partir ses sbires dans les autres rues. Il fallait laisser la place à l’équipe d’intervention. Il obtempéra et appela deux numéros où il donna un ordre clair : « Dégagez vite, tout est réglé! Les poulets s’en viennent… »

Tout ce que tu feras (tu le feras pour moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant