Prologue

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Les portes se fermèrent dans un discret coulissement, les haut-parleurs annoncèrent le départ imminent pour les passagers concernés, puis le train se mit en marche, de même que le paysage. La gare laissa très rapidement place à l'urbanité de la capitale qui elle-même, après quelques minutes à peine, fut remplacée par la banlieue puis la campagne.

Il faisait beau, chaud surtout, c'était étouffant – le train par chance était climatisé. Le soleil avait beau se lever à peine, les températures étaient déjà en train de grimper de manière effrayante. Le ciel était bleu, parfaitement bleu dans la campagne coréenne. C'était ce genre de bleu qu'on ne pouvait pas voir souvent depuis Séoul, un bleu un peu plus pur.

Quand je prenais le train, j'avais toujours en moi cette étrange sensation d'apaisement. Je pourrais faire comme ce type, là, et travailler un peu, ou bien comme cette fille qui lisait un bouquin, ou bien comme ces deux personnes un peu plus loin qui avaient simplement des écouteurs et consultaient leur portable.

Mais moi ce que j'aimais, c'était simplement regarder le paysage, fermer les yeux parfois, et tenter de ressentir. Ressentir quoi ? Honnêtement, je n'en avais pas la moindre idée, mais j'aimais bien. C'était reposant.

Je venais d'achever une année de plus à l'université et quelques jours plus tôt ma mère m'avait téléphoné pour me dire que « je sais que t'es en vacances, Jeon Jungkook, viens passer un peu de temps à la maison, on serait tous ravis de te revoir ! »

Par « tous », elle entendait bien évidemment mon père, mon ami d'enfance et ses parents, mon chien et elle-même. Mais elle avait raison, six personnes c'était déjà énorme...

J'avais espéré passer mes vacances à l'observatoire de Séoul où j'avais décroché un stage pour le prochain semestre. J'étudiais depuis déjà deux ans l'astronomie, domaine dans lequel je voulais me spécialiser depuis ma plus tendre enfance. Ainsi, peu désireux de changer mes plans uniquement pour me prélasser sur le canapé du salon de mes parents, j'avais finalement cédé mais en indiquant que je ne reviendrais que pour quatre ou cinq jours – une semaine si vraiment quelque chose m'obligeait à rester. Ça avait suffi à ravir ma mère, j'étais heureux de pouvoir lui faire plaisir avec ma seule présence.

Mes paupières clignèrent dans un mouvement surpris et instinctif lorsqu'un train croisa le mien avec un bruit sourd.

J'avais bien fait de choisir d'étudier les étoiles, moi qui étais toujours dans la lune.

Ça faisait longtemps que je n'étais pas retourné sur Busan, quelque chose au fond de moi se réjouissait de pouvoir retrouver la ville de ma jeunesse. Déjà je sentais un sourire poindre sur mon visage : sans savoir pourquoi, j'étais convaincu que j'allais passer un moment certes bref mais intense.

Sorbet parfum étoiles [Vkook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant