Ça allait finir en véritable guerre. Taehyung me défiait du regard, comme s'il me narguait avec un « essaie de faire mieux, pour voir ». Le problème : j'étais visiblement bien plus limité que lui en terme de répartie. Je ne savais strictement pas quoi répliquer, j'avais peu d'imagination pour ce genre d'inepties.
Tout ce que je trouvai à faire, ce fut de pousser un soupir en haussant les épaules tandis que Jiwon décidait enfin de participer à la discussion – pour mon plus grand malheur.
« Ouah, Jungkook, vous faites un couple magnifique !
- On fait même pas un couple, rétorquai-je d'un ton boudeur, mêle-toi de tes affaires.
- Moi je trouve qu'elle a raison, la soutint Taehyung. On forme un joli couple.
- Je vous déteste...
- Je sais parfaitement que c'est faux : tu m'adores, beau garçon.
- Boucle-la, surtout si c'est pour m'appeler comme ça. »
Visiblement peu déstabilisé par mon petit caractère, Taehyung s'esclaffa, imité par Jiwon. Elle avait vite retourné sa veste, la gamine, j'avais l'impression que les deux s'étaient ligués contre moi. Je ne perdis cependant pas de vue mon objectif de la soirée et grommelai que les étoiles filantes seraient bientôt visibles. Je m'allongeai de nouveau et fus imité par Jiwon puis par Taehyung... qui s'allongea le plus près possible de moi.
« Donc en plus d'être lourd t'es collant ? râlai-je.
- Ouaip. Mais je suis sûr que t'aimes ça, se moqua l'autre idiot avec ce que je devinais être un sourire débile malgré l'obscurité.
- Bien sûr, j'adore, c'est à se demander pourquoi je suis pas complètement sous ton charme. »
Je l'étais déjà complètement, sa répartie m'amusait et en plus d'être mignon il semblait être quelqu'un de gentil et d'agréable. Mais même sous la torture il aurait été hors de question que je l'admette. Cette fois cependant Taehyung ne répondit rien, il se contenta de passer un bras derrière sa nuque. Je devinai sans mal qu'il avait très probablement un rictus malicieux sur le visage et qu'il devait savourer de me voir râler.
Je ne savais pas ce que je pouvais bien avoir d'intéressant à ses yeux, ça aussi c'était quelque chose qui m'intriguait mais qui était bien loin de me déplaire. Se faire draguer de cette manière, pour moi que tout le monde avait toujours royalement ignoré, c'était quelque chose qui était à la fois nouveau et profondément agréable. Certes, Taehyung était lourd, mais ça faisait son charme. Même s'il ne me draguait que pour rire de moi, ça ne me dérangeait pas. De toute façon l'un et l'autre nous savions qu'il n'y aurait rien de plus entre nous ce soir, mais c'était divertissant.
Je tournai la tête vers mes deux voisins, curieux de ne plus les entendre, mais alors que je m'apprêtais à leur demander avec méfiance ce qu'ils pouvaient bien comploter, une lumière soudaine et discrète attira mon regard. Je me retournai aussitôt sur le ciel constellé d'étoiles particulièrement visibles ce soir-là. Ce fut à cet instant que je les vis. D'abord ce ne fut qu'un unique point lumineux qui tirait derrière lui sa traîne blanche, puis une nouvelle lumière s'alluma. Je l'observai avec une admiration qui, j'en suis certain faisait briller mes pupilles.
J'aurais sans doute assisté à un spectacle bien plus éblouissant si j'avais eu un télescope, mais voir ces merveilles de mes propres yeux, c'était une sensation bien plus intense. Je retrouvais ce que je vivais lorsque j'étais encore un enfant qui levait les yeux sur le ciel nocturne : mon cœur battait la chamade, je redécouvrais les merveilles dont la voûte céleste regorgeait. C'était sublime.
Je me sentais minuscule devant ce spectacle fabuleux. Des étoiles filaient à la manière de lumières venues lacérer le ciel. C'était presque... émouvant. Une foule de sentiments inexplicables m'envahissait. J'avais l'impression de voir en ces étoiles filantes l'expression même de l'espoir et du bonheur. Je n'étais pourtant pas un grand sentimental, j'étais plutôt du genre détaché, mais quand ça touchait à ma passion pour l'astronomie, c'était tout à fait différent. Il y avait des choses qui ne s'expliquaient pas, tout simplement.
« C'est sublime, murmura mon voisin.
- Oui, elles sont incroyables, susurrai-je à mon tour.
- Je viens voir les Perséides une fois chaque année. C'est un genre de tradition dans ma famille, on le fait toujours.
- C'est vrai ? »
Je ne savais pas ce qui m'étonnait le plus : que ce garçon d'apparence arrogante soit ce genre d'âme qui pouvait s'émouvoir devant une pluie d'étoiles filantes, ou bien que ce même garçon connaisse le nom des Perséides. Avec cette seule phrase en tous cas il avait réussi à attirer mon attention bien plus qu'avec toutes les piques ridicules qu'il m'avait envoyées jusque là.
« Oui, affirma Taehyung, j'aurais bien aimé les voir avec mon frère mais il fallait quelqu'un pour gérer le stand. J'espère qu'il les voit aussi bien que nous.
- J'en suis sûre, souffla Jiwon, les organisateurs avaient prévu d'éteindre les lumières du festival dès l'apparition des premières étoiles, comme ça elles seraient les vedettes de la soirée.
- Elles le méritent. »
Je souris à ces mots et le silence revint entre nous. Toute notre attention était focalisée sur le ciel au-dessus de nous. Les étoiles étaient de plus en plus nombreuses, c'était comme si, les unes après les autres, elles tombaient du ciel et se laissaient emporter là où le destin les guidait.
De minuscules lumières éphémères réunissaient tant de personnes sur cette plage...
En tournant la tête je remarquai que les lumières du festival avaient effectivement été presque complètement éteintes. J'imaginais tout le monde le nez en l'air en train d'observer ce spectacle sublime, et Jimin et Yoongi en train de partager un baiser discret à l'abri des regards. Un baiser sous ce ciel étoilé, ça devait avoir un goût si particulier...
Très légèrement tourné vers lui, je posai les yeux sur Taehyung et je fus surpris de voir que, allongé, le regard rivé sur le ciel, il avait une larme qui glissait le long de sa tempe.
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Sorbet parfum étoiles [Vkook]
Fanfiction[Terminé] Les beautés les plus délicates avaient toujours été les plus difficiles à saisir. C'était ce simple constat qui m'avait poussé à nourrir une dévorante passion pour les étoiles. Ce fut ce même constat qui, un été, me poussa à nourrir une pa...