Blood and tears (III)

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Park Jimin a pleuré.

Park Jimin a pleuré en voyant mes cicatrices.

Je ne me serais jamais attendu à ce genre de réaction. Je ne sais pas, ce n'est pas si dramatique que ça ! Et puis je ne le connais même pas.

Qu'un parfait inconnu pleure sur mon idiotie m'a fait terriblement bizarre. J'ai eu l'impression que c'était grave.

Il s'est approché et à demandé à voir mes cicatrices. En les scrutant, ses yeux s'embuèrent, puis des larmes dévalèrent ses joues avant de s'écraser sur mon bras mutilé par mes soins. Il est resté ainsi une bonne minute, puis il m'a pris dans ses bras.

Et sans un mot supplémentaire, il était sorti.

Je pensais que je ne le verrai plus. J'en étais même convaincu quand le lendemain, aucune tête rose ne s'était pointée.

Aujourd'hui, c'est-à-dire deux jours après ma rencontre avec le garçon le plus populaire -auprès des filles, surtout- de l'année d'en-dessous, je me retrouve seul, comme à mon habitude, dans la classe toujours vide.

J'ai pris mes écouteurs, cette fois. Pas de livre, cependant.
Je suis particulièrement mal en point. J'ai fait une crise d'angoisse, hier. Elle a été vraiment intense, et m'a privé de la plus grande partie de ma nuit.
Mon cœur en palpite encore.

A quoi bon vivre, si je n'ai pas la force de supporter la vie ? Ce n'est même pas comme si j'avais de réels problèmes : ma famille n'est pas pauvre, je ne suis pas harcelé, mon corps fonctionne convenablement et répond bien aux critères esthétiques de mon pays, je suis gay mais cela ne m'a jamais posé de problème, j'ai des facilités intellectuelles... J'ai même plusieurs qualités de plus que l'on pourrait m'envier, comme mon talent pour la musique. Non, je ne peux pas dire que la vie s'acharne contre moi.

Le problème vient seulement et uniquement de moi.

Un fragile pareil ne mérite pas de rester sur la terre des vivants.

Et puis merde, je n'en ai pas la force.

De toute façon, je ne me sens même pas vivant. J'ai l'impression d'être à côté de mon corps. Comme si mon âme était en mésentente constante avec ce dernier. Qu'est-ce que ça changerait si je me chargeais moi-même de les séparer de manière définitive ?

Mais comme je suis un couard, je n'ai pas le courage de me suicider. On dit que le courage est de résister à ses envies de mort, mais je ne vois pas en quoi il est admirable de rester à encombrer cette terre. On y est déjà assez nombreux.

Bref, la mort, ce n'est pas pour aujourd'hui. En attendant, je sors mon couteau de ma poche, relève ma manche, pose la lame froide sur ma peau d'albâtre.
La différence de température me fait frissonner. Je ne saurais dire si c'est agréable ou dérangeant. Probablement un peu des deux.

J'appuie.

On aurait pu dire que je pouvais encore reculer. Je ne suis pas de cet avis. Quand un junkie a son héroïne en train de chauffer dans une cuiller, ou mieux, sa seringue à quelques centimètres de sa veine, il ne peut plus s'arrêter.

J'incise mon bras.

Ça pique. J'ai appuyé assez fort, la douleur est plutôt intense.

Je souris.

Je me sens vivant. Je me sens dans mon corps. L'endorphine commence à se répandre dans mes veines.

J'essuie mon couteau dans un mouchoir et pose ma bouteille d'eau sur ma plaie. Ma peau me brûle terriblement.

Je devrais éponger le sang, mais ma fascination morbide pour ce liquide vermeille m'incite à le laisser couler.
La coupure se remplit, une goutte perle. Elle roule le long de mon bras, bientôt suivie par une autre.

Elle suit les reliefs de ma main, jusqu'au bout de mon annulaire avant de tomber au sol.

- Hyung ?

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