HELP [Yoonmin]

Promesse (III)

- Moi.

Je lève un regard surpris vers la touffe rose, qui scrute toujours le sol.

- Répète ça.
- Je... je ne te connais que vaguement... mais je te promets que je peux t'aimer, si tu me laisses apprendre à te connaître.

Je reste bouche bée quelques secondes. Que répondre à ça, franchement ?

Puis un sourire ironique s'accapare mon visage, comme il ne sait que trop bien le faire.

- Je me connais depuis dix-sept ans. Je te jure que c'est impossible.
- Laisse-moi au moins essayer !
- A quoi bon ? Tu t'enfuiras, comme tous les autres. Comme j'essaye de le faire. Va rejoindre la troupe de filles qui te suit et fous-moi la paix.
- Merde, Yoongi, tu es magnifique, brillant, doué dans tout ce que tu fais, arrête de te rabaisser ! Je te jure que tu mérites qu'on t'aime. Alors non, je ne te laisserai pas. Non, je ne partirai pas rejoindre des cruches de ma classe. Tu as besoin d'aide. Personne ne l'avait remarqué, mais maintenant que moi je le sais, ne t'imagine même pas que je pourrais faire comme si de rien était. Je resterai avec toi jusqu'à ce que ton corps ne soit plus marqué de ces horribles cicatrices que tu te fais, de ces appels au secours gravés dans ta chair.
- Elles ne partiront pas, tu le sais ?
- M'en moque. Tant que tu ne t'en fais pas de nouvelles, et que celles de ton cœur soient pansées. Ne me dis pas que ce n'est pas si simple. Je le sais, crois-moi. Mais ce n'est pas impossible. On va y arriver, Hyung. Ensemble.

Apparemment, mon cœur est encore là, malgré la lame que j'avais fait glisser entre mes côtes. Il est encore là, et il tambourine.

J'ai envie de lui faire confiance. J'ai envie de croire ses mots. J'ai envie de le serrer dans mes bras, de m'accrocher à lui comme à une bouée de sauvetage.

Et puis j'ai envie d'arrêter de me faire du mal. Je fais semblant de ne pas voir que c'est horrible, et que de toute manière mon corps ne mérite rien de mieux, mais au fond je veux m'en sortir.
Je veux me débarrasser de mes addictions, de mes mauvaises habitudes. Je veux sortir de ce cercle vicieux dont j'étais convaincu que la seule issue possible était le suicide.

Mais je dois avouer que j'ai peur. Je suis littéralement mort de trouille.

J'ai peur car je n'ai pas seulement mes mauvaises habitudes à quitter, mais mon système de pensée entier.
J'ai peur de devenir complètement dépendant de lui. Et que quand ce sera le cas, qu'il m'abandonne.
J'ai peur de tenir à lui bien plus que de raison. Bien plus que lui à moi, surtout.
J'ai peur de l'aimer à m'en faire exploser le cœur, à m'en faire perdre la raison, et pourtant ne pas être capable de le montrer. De le blesser par mon incapacité chronique à le prouver, et même à le dire.

J'ai peur que nos efforts ne servent à rien, de retomber sans cesse dans les bras de mes comportements ordaliques et autodestructeurs.

J'ai peur d'être une putain de cause désespérée.