J'ai eu le droit de voir ses joues rondes comme celle d'un enfant, ses mèches qui semblent si douces, ses lèvres tentatrices, chaque jour de la semaine. Je n'aurais pas pu m'en passer. C'est horrible d'être si dépendant d'une personne, et si vite.
Chaque matin, j'attendais impatiemment la pause déjeuner, priant pour qu'il ne manque pas sa parole. Chaque midi, dès que la cloche sonnait, il courait jusqu'à ma classe, et ne partait qu'au début des cours.
Seulement, aujourd'hui, j'ai une boule au creux de mon ventre. Je prie des dieux auxquels je ne crois pas pour qu'il soit malade, ou qu'il m'ait oublié, ou qu'il soit occupé, ou quoi que ce soit qui l'empêche de me voir. Il ne doit pas venir. Il ne peut pas venir.
Pourquoi ?
Parce que je suis faible. Je n'ai pas tenu.
Hier, j'ai craqué. Mon cœur était lourd, déchiré. Je voulais mourir. C'était la seule chose à laquelle j'aspirais. Cette envie était si puissante que j'ai cru un instant que j'allai y succomber. C'est si simple, après tout. Il me suffit de couper au niveau des poignets, en appuyant un peu plus fort. Mieux, il suffit d'avaler les quelques cachets accumulés dans ma table de chevet avec un peu d'eau. Et quand bien même je ne les aurais pas rassemblé en vue d'un éventuel suicide, j'aurais pu me donner la mort avec du simple paracétamol.
Oui, l'être humain est faible, c'est si simple de mourir.Tout, absolument tout me mettait dans une colère noire, mais au fond de moi, j'avais envie de pleurer. J'avais envie de libérer ces larmes qui n'ont pas coulé depuis mes quatorze ans.
Je n'ai pas les mots pour le décrire, mais putain, qu'est-ce j'avais mal. C'était si douloureux qu'il me semblait que j'allais en crever.
Alors j'ai fait une chose que j'ai regretté à la seconde même.
Je suis allé chercher le flacon.
Ce fameux flacon. Celui des rêves et des cauchemars. Celui que j'aurais dû détruire il y a bien des années.Je versai la morphine dans un verre d'eau gazeuse, que je vidai d'une traite, malgré son goût amer.
La première fois, j'avais mis sept gouttes. Hier, j'en étais à trente-six, et cela ne m'a pas fait planer autant qu'à la première prise.
N'empêche, l'effet n'a pas manqué à l'appel.
Ma poitrine se libéra de son poids, mes muscles se détendirent, je me sentais bien. Les idées noires étaient parties bien loin, avec la douleur physique.
Et, pour la première fois depuis un bon mois, je pus dormir.
Dormir d'un vrai sommeil, sans agitation, sans rêve.
D'un sommeil qui repose.Vous vous en doutez, le réveil était moins gai.
J'avais de terribles nausées, tout mon corps me faisait souffrir, surtout ma tête. Mais surtout, je m'en voulais terriblement.
Je me suis vu dans le miroir, et mon propre reflet me sembla si répugnant que je jetai mon poings dans le verre.
Il explosa, m'abîmant salement la main. D'ailleurs je n'ai pas balayé les éclats, ils traînent encore dans ma chambre.Enfin, foutu pour foutu, plein de haine et de rancœur contre moi-même, je me scarifiai. Encore.
J'ai huit plaies encore saignante, sans compter ma main.
Et il est midi quinze.Dans un quart d'heure, Jimin sera là.
Il verra l'état de mon poing. Il s'inquiètera.
Puis comme tous les jours, il demandera à voir mes bras. Il verra que j'ai recommencé. Il pleurera peut-être. Sûrement.
Il sera déçu. Il me haïra.Il m'abandonnera.
Et ça, je ne peux pas le supporter.
Putain, je me déteste.
Midi dix-huit.
Je ne peux pas le voir.
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HELP [Yoonmin]
Fiksi Penggemar《Laisse-moi au moins essayer ! - A quoi bon ? Tu t'enfuiras, comme tous les autres. Comme j'essaye de le faire. Va rejoindre la troupe de filles qui t'adule et fous-moi la paix. - Merde, Yoongi, tu es magnifique, brillant, doué dans tout ce que tu f...