Chasse Le Soleil, Traqué Par La Lune

Chapitre 28

Comme tout le monde, Altéa observait l'avancée de l'armée Kraosi le long de La Trainée du Ver, découvrant par la même occasion les fameuses Lances de Lumière qui avaient renversées en un rien de temps la balance du pouvoir sur le continent. Elles étaient tirées par des groupes d'esclaves et il était difficile d'imaginer que ces simples cylindres de métal puissent représenter un danger aussi terrible qu'on le disait. Certes, vu d'ici, ils semblaient totalement adaptés à servir de bélier et il ne faisait aucun doute qu'ils rempliraient parfaitement ce rôle en venant à bout des portes les plus récalcitrantes, mais Altéa avait vu les plans et elle savait que leur véritable pouvoir se révèlerait lorsqu'on y verserait des Pierres de Lumière et qu'un Porteur de Lumière emprunterait le pouvoir du Fleuve afin d'activer la destruction des Pierres pour libérer tout leur potentiel destructeur.

Alors que leurs ennemis s'approchaient, Altéa gardait également un œil sur Sebas Aïd Imadim qui se trouvait aux cotés de Sarge et de Fass. Elle savait qu'il finirait par se retourner et lui poser la question fatidique qu'elle avait auparavant redouté. Comme pour répondre à ses attentes, il se retourna et, croisant son regard, lui demanda, "Alors ?", il n'ajouta rien de plus, il n'en avait pas besoin, Altéa savait exactement tout ce qu'impliquait cette question d'apparence banale.

Alors que, la veille encore, elle redoutait cette question, désormais elle s'en moquait et elle attendait même avec impatience qu'il l'interroge afin de mettre un terme à ce petit jeu. Sans prononcer un seul mot, elle se contenta de hausser les épaules en soutenant son regard. Un éclair de fureur passa brièvement dans les yeux du Porteur de Lumière. Elle savait qu'il devait être furieux contre elle, mais elle n'avait plus besoin de lui désormais. Elle savait parfaitement ce qu'elle devait faire pour accomplir la Quête des Amants et Sebas Aïd Imadim n'avait aucun rôle à jouer dans la suite des évènements.

Pour apaiser sa colère, il se mit à lancer des ordres autour de lui, oubliant qu'il n'était pas entouré de soldats Aleyens prêts à obéir au moindre de ses ordres mais de Sombrals qui, du moins pour certains, n'oubliaient pas les actions qui avaient values au Porteur de Mort son surnom.

"Altéa Masrim, si on survit à tout ça, tu devras t'expliquer devant le royaume tout entier.", lui dit-il avec véhémence. S'ils ne s'étaient pas trouvés en territoire étranger, entourés de Sombrals, il n'est pas certain que le Porteur de Lumière se serait contenté de l'invectiver, mais il ne pouvait décemment pas se permettre d'agir violemment envers la jeune femme devant ces Sombrals qui ne le portaient déjà pas dans leur cœur, et il avait besoin de conserver une relation correcte avec eux s'il souhaitait avoir son mot à dire dans la guerre qui s'annonçait.

Altéa se contenta de lui tourner le dos et de s'éloigner. Ce faisant, elle croisa le regard de Sarge qui semblait chercher à comprendre les raisons de leur discorde. Un frisson lui parcourût l'échine et elle fuit très rapidement son regard. Elle n'arrivait pas à se l'expliquer, mais il y avait quelque chose d'incroyablement repoussant chez le jeune déserteur Kraosi. Rien de physique, mais il la répugnait malgré tout.

Profitant de la colère qu'éprouvait actuellement Sebas Aïd Imadim à son égard, elle s'éloigna des lignes de défense et s'enfonça dans la cité-village des Sombrals. Le Porteur de Lumière considérait désormais qu'elle était inutile à la défense des Monts Scintillants et il ne l'importunerait plus tant qu'il serait occupé par l'affrontement à venir.

Sans avoir besoin d'y réfléchir, elle se dirigea vers l'étrange caverne qu'elle avait découvert la veille. Elle se sentait libérée en arpentant les chemins de roches de la cité-village des Sombrals. Alors que de nombreuses questions l'oppressaient auparavant, ses convictions étaient claires désormais. Il lui suffisait d'accomplir la volonté des Amants pour devenir plus que la fille d'une fournisseuse de plaisirs, pour être cité aux côtés d'Harimdel dans les grands poèmes qui dépeignaient l'histoire et forgeaient les légendes.