Chasse Le Soleil, Traqué Par La Lune

Chapitre 34

"Fass ?", s'exclama Sarge, surpris par les actions du jeune chef des Enfants-Pêcheurs.

Sebas Aïd Imadim tenta de se retourner mais Fass répliqua aussitôt en appuyant sur la hampe de la lance qui ressortit un peu plus de son torse, arrachant au Porteur de Lumière un nouveau hoquet de souffrance et le faisant cracher une gerbe de sang mêlée à des morceaux de chairs.

"Tu vas regretter cet acte.", parvint-il à articuler avec difficulté, ajoutant à cette simple phrase une pointe de menace que lui seul, dans un tel état, serait capable d'imposer.

"Tu vas mourir ici, Porteur de Lumière. Je n'ai pas l'intention d'éprouver des regrets à cette idée.", déclara froidement Fass avant d'asséner un coup de pied à l'arrière des jambes de Sebas Aïd Imadim qui tomba lourdement à genoux.

Sarge aida Altéa à se relever. La jeune femme avait cessé de sangloter et se murait désormais dans un mutisme absolu, l'air hagard.

"Merci pour ton aide.", dit-il à Fass qui tenait toujours fermement la hampe de sa lance tandis que Sebas Aïd Imadim tentait encore de la déloger de son torse.

"Ne me remercie pas. Je n'ai jamais pu sentir les Porteurs de Lumière, et celui-ci est probablement le pire spécimen qui soit.", répondit le jeune homme. Sa voix recelait de la colère et du dégout, mais également de la tristesse, poussant Sarge à se demander, l'espace d'un instant, ce que Sebas Aïd Imadim avait bien pu faire pour lui inspirer un tel ressentiment. Ces sentiments ne semblaient pas tirer leur source dans ce que le Porteur de Lumière venait d'infliger à Altéa.

Autour d'eux, des pierres se délogeaient du plafond, loin au-dessus, et s'écrasaient lourdement sur le sol de la caverne, se brisant en mille morceaux à l'impact. La disparition de La Lumière commençait à se faire ressentir et de grandes lézardes s'imprimaient à vue d'œil sur les parois. Sans La Lumière, les Monts Scintillants n'étaient plus que l'ombre d'eux-mêmes. Les montagnes avaient désormais perdu cette brillance singulière qui leur avait valu leur célèbre nom et elles étaient désormais grandement instables, menaçant de s'effondrer sur elles-mêmes d'un instant à l'autre.

Le long couloir qu'ils avaient arpenté pour atteindre cette caverne avait subi le courroux de La Lumière et à sa place se trouvait désormais une gigantesque trouée circulaire remplie de roche bouillonnante qui se déversait avec lenteur aux alentours et produisait de temps à autre de grandes bulles qui explosaient en projetant de nouvelles flaques bouillonnantes autour d'elles.

De son côté, Sebas Aïd Imadim tentait toujours de se dégager, mais ses forces semblaient l'abandonner progressivement, à mesure que son poitrail se teintait de sang. Sous sa longue cape noire, les pierres enchâssées dans sa ceinture avaient cessé de briller et prenaient désormais une couleur rouge sombre à mesure que le fluide vital du Porteur de Lumière se répandait.

À l'autre bout de la caverne, un craquement plus sonore que les autres se fit entendre, faisant sursauter Sarge.

"Nous devons partir.", déclara-t-il à l'intention de Fass avant de poser les yeux sur Sebas Aïd Imadim qui commençait à suffoquer mais qui lui lança tout de même un regard de défi, "Il ne représente plus aucun danger, laissons-le là."

"En effet.", approuva Fass en lâchant sa lance, "Dommage.", dit-il en jetant un regard haineux au Porteur de Lumière tandis que ce dernier s'effondrait au sol, "J'aurais aimé rester plus longtemps pour entendre son dernier souffle."

Fass se tourna vers le trou circulaire bouillonnant qui avait remplacé l'entrée de la caverne et demanda, "Comment allons-nous sortir d'ici ?"

Alors que Sarge s'apprêtait à répondre qu'ils devraient tenter leur chance à travers le sillon fumant creuser par le rayon de Lumière, un nouveau craquement résonna contre les parois de pierre. Ils se retournèrent et s'aperçurent qu'un pan entier de l'une des parois était en train de s'effondrer dans un fracas assourdissant à l'autre bout de la caverne. Lorsque la poussière se dispersa suffisamment, ils découvrirent que l'effondrement avait révélé un couloir qui semblait archaïque au vu des étais pourrissant qui en retenaient le plafond en divers endroits.