M o r t e.
Il fallait qu'il se fasse à l'idée qu'elle était morte. Deux ans qu'Alicia était tombée sous les coups des mangemorts en se battant pour ce qu'elle pensait être le bien. Deux ans qu'il tentait de survivre alors que son cœur saignait jour après jour. Il était seul. Seul dans sa maison cachée aux yeux des autres.
Il avait commencé par fuir. Fuir le pays. Fuir la guerre. Lâche qu'il était. Il voulait juste vivre. Vivre et oublier. C'était tellement simple ici. Il n'écoutait pas les infos, il ne croisait personne qu'il connaissait. Il travaillait dans un magasin d'animaux, loin du sport qu'elle aimait tant elle aussi.
Au plus profond, Oliver était mort en même temps qu'elle. Son cœur avait cessé de battre quand les mangemorts avaient brisé sa famille. Ici, il ne risquait pas sa vie pour avoir fait partie des proches des Weasley-Potter, pour avoir été un jour un gryffondor, pour avoir le sang un peu trop mêlé et une mère née-moldue.
Il avait enfermé ses balais, ses équipements et ses coupes, ses plus grandes fiertés, dans un placard. Rien ne devait lui rappeler ce sport qu'il aimait si fort jadis. Celui dont il avait fait son métier pendant plusieurs saisons. Cette chose pour laquelle il était connu en Angleterre et un peu ailleurs. Car face à ça, l'horreur lui revenait chaque seconde. Parce que c'était grâce à l'équipe qu'ils s'étaient rapprochés. Parce qu'elle n'était plus là, les cheveux au vent, fonçant dans sa direction avant de faire une pirouette et de s'arrêter à côté de lui tout sourire. Non, il était brisé et il se laissait porter.
Seul un être le maintenait à flot. Il l'avait entraînée avec lui. Il leur avait acheté une maison dans la campagne française. Une maison perdue au milieu des champs. Une maison entourée par bien trop de sortilèges de protection. Pour qu'ils ne la lui arrachent pas aussi.
Il avait facilement trouvé du travail dans cet autre pays. Tout le monde n'était pas fait pour combattre. Tout le monde n'en n'avait pas les capacités. Pourtant, il savait qu'il se mentait. Parce qu'il était l'un des plus doués au club de duel à l'époque. Oui, il aurait pu aider un camp ou l'autre. Mais la prunelle de ses yeux comptait bien plus pour lui qu'un combat. Il ne voulait pas la mettre en danger. Parce qu'elle était tout ce qu'il lui restait de son ex, de la fille qu'il avait intensément aimée de ses quinze à ses vingt-et-un ans. Cette enfant n'était pas prévue et ça avait changé toute sa vie, changeant ses priorités. Elle l'avait rendu meilleur et sa vie n'en avait été que plus belle pendant un temps. Mais cette arrivée imprévue ne l'avait pas autant chamboulé que le jour où Alicia s'était effondrée devant ses yeux, abattue par le sort lancé.
Il se lève alors qu'elle l'appelle dans la pièce d'à côté. Il s'assoit à côté d'elle. Et elle lui sourit. Son regard se perd dans le vide un instant. Elle avait tout de sa mère. Les yeux bleus pétillants. Les cheveux blonds comme les blés. Il la prend dans ses bras alors qu'elle les tend vers lui, demandant un contact. Il ne sait pas comment faire. Il venait tout juste de s'être fait à l'idée qu'il était papa que sa future fiancée avait été assassinée. Alors il était là, à devoir gérer une fille et son deuil en même temps.
Il tenait. Il s'efforçait de tenir. Sans elle, cela aurait fait bien longtemps qu'il aurait coulé. Mais il ne le pouvait pas. Parce qu'Alicia vivait en elle et il se devait de faire de son mieux.
Il espérait que d'où elle était, elle était fière de lui, qu'elle trouvait qu'il se débrouillait bien. Mais il en doutait fortement. Parce qu'il avait bien trop de mal à la regarder. Pendant des semaines, il s'en était occupé sans la voir. Parce qu'il ne pouvait pas. Elle lui rappelait trop sa mère. Tout en elle lui rappelait sa mère et c'était bien trop dur. Et puis il avait appris à s'attarder sur ce qui ne lui rappelait pas Alicia. Sur son sourire malicieux, sur ses sourcils qu'elle fronçait comme il pouvait le faire lui. Il se focalisait sur ça. Parce qu'il n'était pas encore prêt à regarder tout le reste.
Au lit petit monstre. Il referme le livre moldu français qu'il lui lisait avant de se pencher pour déposer un léger baiser sur son front et remonter sa couverture. Il l'observe un instant alors qu'elle s'est endormie en cours de lecture. Il tentait de lui parler en français. Il faudrait qu'elle se fasse à cette langue. Parce qu'il n'avait pas prévu de quitter les lieux prochainement. Il l'apprenait aussi. Ou utilisait un sort parfois. Tout dépendait de son état de fatigue. Il était heureux parce qu'il avait réussi à commander une baguette tout seul, une fois.
L'écossais était dingue de cette spécialité et des pains au chocolat. Tous les matins, il quittait sa maison pour quelques minutes et ramenait le petit-déjeuner. C'était devenu un rituel. Son rituel. Il s'inventait des nouvelles habitudes qui contrastaient avec celles d'avant. Avant, il aurait mangé pour faire du sport. Il aurait aussi couru avant de manger. C'était toujours ce qu'il faisait. Il ne s'intéressait plus à tout ça. Il mangeait les spécialités locales et buvait ce qu'il voulait.
Son entraîneur aurait hurlé s'il avait vu son état. Mais il ne savait pas si cela aurait été pour ses kilos en trop et ses muscles ayant fortement diminué ou pour son visage cerné par les nuits d'insomnies qu'il se serait le plus inquiété.
Il ne dormait plus. Ou plus beaucoup. Les cauchemars hantaient ses nuits. A peine arrivait-il à fermer l'œil qu'il la revoyait sombrer. Et alors tout lui revenait et il se réveillait en larmes. Il lui était aussi arrivé de s'effondrer en journée. Il la voyait dans certaines blondes de dos dans la boutique, dans les odeurs légères d'amande des savons de certains, il entendait sa voix dans des remarques et des actions la lui rappelaient. Et alors, il ne parvenait pas à empêcher les larmes de rouler sans discontinuité sur son visage pâle.
Oui Oliver était brisé et il ne semblait pas prêt de se relever.
et voilà le premier chap est republié.
les republications vont tomber les mercredi et samedi en théorie, ça devrait m'amener à mi-novembre (en espérant boucler 2-3 trucs en parallèle pour me libérer du temps d'écriture) et à partir de là je verrai comment je gérerai l'affaire.
qu'est-ce qu'olivier vous inspire suite à ce premier chapitre de mise dans le contexte ?
dans le prochain on retrouvera marcus dans une ambiance toute autre !
VOUS LISEZ
BRING ME TO LIFE ❊ Flint | Wood
FanficÀ Poudlard, ils n'étaient pas de plus grands rivaux que Marcus Flint et Oliver Wood, les capitaines des équipes sang et or et verte et argent. Mais alors que la guerre avait fait imploser le monde sorcier, que l'ère mangemort s'était installée et q...