Lord d'Avalon fixa intensément le nouveau venu. Il fit un pas dans sa direction, tentant de reconstituer son masque impassible et neutre. Quelques secondes plus tard, il prit une inspiration et dit d'un ton hésitant :
-Je ne vois pas de quoi vous voulez parler… je suis humain. Mais je n'ai pas à m'expliquer devant vous… Qui êtes-vous et que faites vous chez moi ?
L'homme face à lui haussa les sourcils, semblant profondément surpris que Lord d'Avalon ne le reconnaisse pas.
-Après cinq ans, on se retrouve enfin, mon frère, et tu ne trouves rien de mieux à faire que de te terrer dans ton mensonge? C’est pitoyable….
Le Lord finit par hocher la tête et s'asseoir sur un fauteuil face à son ancien frère, prenant un ton plus naturel mais néanmoins méfiant. Il laissa tomber son masque, ses mensonges et ses faux semblants, optant pour une approche plus directe.
-Comment m'as-tu retrouvé ? Demanda-t-il d'un ton neutre.
Il remarqua que les épaules de son ancien frère s'étaient détendues, montrant qu'il était soulagé de voir le changement de comportement du Lord.
-Content de voir que la fierté des démons coule encore un peu dans tes veines… En vérité, c’est un heureux hasard. Je chassais près du dernier cercle quand j’ai ressenti ton aura. Je t’ai manqué de peu, tu étais parti quand j’ai retrouvé où tu étais précisément.
Le Lord opina, croisant les bras sur sa poitrine.
-J'avais une tâche à accomplir en Akashurr, j'aurais préféré ne jamais y retourner. Es-tu venu de ton propre chef où est-ce notre vénéré Seigneur et maître qui t'envoies accomplir une tâche qu'il n'ose entreprendre lui-même ?
L'homme eut un regard sombre avant de dire d'une voix doucereuse :
-Si le sombre père m’avait envoyé, crois moi, tu serais déjà mort.
Le sous-entendu n'avait pas échappé au Lord et il hocha la tête. Raz'Lak ignorait sans doutes qu'il s'était rendu en Akashurr. Ou bien, fait tout aussi perturbant, il ne s'en préocupait pas. Lord d'Avalon répliqua d'une voix mêlant inquiétude et impatience :
-Alors quoi ? Tu es venu voir comment ton frère se portait dans sa misérable vie humaine ? Prendre le thé et parler du bon vieux temps où nous abreuvions la terre du sang de nos ennemis ?
L'homme eut un sourire amusé.
-Je suis venu voir un frère qui s’est écarté du droit chemin. Un frère qui m’a accompagné de nombreux siècles pour régir les terres de cendres, dit-il d'une voix pleine de nostalgie et d'amabilité.
-Un… frère. La Garde Noire fut ma seule famille durant trois millénaires. Mais je stagnais en son sein. Je n'évoluais pas, je restais simplement Illydane le Dévoreur d'Âmes. Nous, Démons, nous sommes reposés sur nos lauriers de feu tandis que le monde changeait autour de nous. J'ai plus apprit ici, en une demi décennie que dans notre terre des cendres en trente siècles. J'ai évolué Arca, j'ai changé.
Le Faiseur de Cauchemars hocha la tête, semblant sincèrement comprendre ce que disais Lord d'Avalon.
-Je ne réprouve pas tes choix. En tant qu’ami, je ne peux que désirer que tu évolues et que tu t’épanouisses. Mais en tant que frère de la garde et chef des seigneurs de l’Akashurr, je ne peux accepter qu’un démon estimé échappe à ses devoirs. Sache-le Illydane, ton absence nous pèse. Nous avons dû recruter un démon impulsif, misérable et exécrable, qui n’est rien en comparaison avec toi. Et un démon que nous apprécions beaucoup moins.
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Chroniques d'Avalon
FantasyAldora. Capitale de l'Empire Asférien. L'une des plus belles des cités humaines. Depuis le manoir de Lord d'Avalon, cette ville semble parfaite, épurée, pleine d'harmonie et de tranquillité. Et dire qu'à peine cinq ans auparavant, cette cité était a...