Au nom de quoi au juste ?

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Tremblant, le corps trempé de sueurs froides. C'est ainsi que Lord d'Avalon s'était réveillé en sursaut cette nuit. Ses cauchemars l'avaient perturbés, il ne trouvait pas le sommeil. Ce rêve sur son passé en tant que Garde Noire... C'est cet exploit, cette déflagration de pouvoir qui avait convaincu Raz'Lak de l'incorporer dans la Garde Noire. Lord d'Avalon se souvenait encore de ses paroles.

"Tu t'es illustré lors de cette Guerre et j'espère que tu t'illustreras lors des prochaines. Relèves-toi Illydane, membre de la Garde Noire. Relèves-toi, Illydane, le Dévoreur d'Âmes !"

Ces événements remontaient à plus de deux millénaires. Mais ils constituaient une part importante, un tournant du passé du Lord. Et ce deuxième rêve... Il était sans conteste celui qui l'avait le plus perturbé. Cette vision utopiste de sa maison, sa famille... Toutes les personne présentes dans ce rêves avaient été présentés à un moment ou à un autre dans la vie du Lord. Sa mère, Raz'Lak, la Garde Noire, le Prince de l'Akashurr, la Princesse Miara, l'Archimage... Tous avaient élevé le démon que fut Illydane durant un temps.

Illydane avait raté, il avait échoué. Il n'avait pas su protéger son amour par deux fois, il avait échoué en tant qu'amant, que fils, en tant qu'ami et en tant que Garde Noire. Ce chien galeux d'Aruem pouvait bien rester à sa place ! Illydane avait échoué et c'est pourquoi il devait disparaître. Lord d'Avalon était toute sa vie à présent. Mortel, faible, mais entier et sain.

Le Lord vit que le soleil se levait doucement. Il décida alors de s'habiller et de s'apprêter. Il avait posé la lettre d'Aurore sur son lit. Il ne souhaitait pas l'oublier mais Aurore, tout comme ses souvenirs de sa vie d'antan, appartenaient à quelqu'un d'autre, quelqu'un qui était mort cinq années auparavant.

Lorsqu'il fut fin prêt, le soleil était déjà levé et la journée avait démarré. Lord d'Avalon salua les quelques domestiques matinaux en leur demandant de ne pas entrer dans sa chambre pour l'instant.

Enfin, Lord d'Avalon sortit de sa demeure, se dirigeant vers Aldora. Il n'avait rien de prévu cette journée-là mais il comptait passer du temps en ville. L'agitation, le bruit, les gens, l'aidaient à penser à autre chose qu'à de sombres souvenirs ou des rêves utopistes qui se transformaient en cauchemars l'instant suivant.

La marche vers la ville prit quelques heures. Tant mieux, Lord d'Avalon avait besoin de se dégourdir les jambes et d'être un peu seul avant de se laisser aller parmi la plèbe. Les quelques derniers jours avaient été mouvementés. La Maschera avait toujours été discrète et qu'elle se manifeste juste pour lui le laissait perplexe. L'espace d'un instant, il crut être suivit par un Vampire mais se rendit bien compte que ce n'était que son imagination. Si la Maschera le suivait il ne s'en rendrait même pas compte. Il savait ce qu'elle cherchait. Elle voulait le faire craquer, le pousser jusqu'à la limite de ses capacités mentales. Pourquoi ? Lord d'Avalon n'en avait aucune idée mais il savait qu'il devait rester prudent avec cette engeance. Les histoires de massacres et de tueries perpétrées par un Vampire un peu trop soulé ou même de mauvaise humeur étaient légions et même si la Maschera existait dans le but de limiter les excès, il savait qu'elle ne savait pas tout contrôler. Les nouveaux Vampires étaient légions depuis la Troisième Guerre Sainte et certains ne se pliaient pas aux commandements de la Maschera.

En approchant d'Aldora, Lord d'Avalon vit que de nombreuses voitures transportant des fagots de blé et de bois approchaient des portes de la ville. Le Lord fronça les sourcils. Que se passait-il en ville pour qu'une telle agitation éveille la ville en cette heure assez matinale ? Il accéléra légèrement le pas et se dirigea vers un vieux fermier qui se tenait à côté de son mulet qui tirait un chariot plein de bois.

-Que se passe-t-il mon bon monsieur ? Demanda poliment Lord d'Avalon.

L'homme lui décrocha un sourire édenté et se pencha vers le Lord. Il sentait la ferme et la sueur mais avait une sorte de sourire plein de malice.

Chroniques d'AvalonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant