Un juste payement

25 8 0
                                    

Le son régulier des gouttes de sang tombant sur le sol accompagnait les battements lents du cœur de Lord d'Avalon. Il ne sentait aucune douleur cependant. Pour dire vrai, il ne sentait plus rien du tout. Ses blessures et le choc causé à son corps lui avaient fait si mal... Il le sentait, au fond de lui, son âme glissait peu à peu vers les Limbes. Il se souvenait de la promesse faite à son père douze heures seulement auparavant. Cependant, malgré ses cris et ses injures, jamais les Inquisiteurs ne le libérèrent. Au final, une lente résignation s'était installée en lui. Pourquoi continuer le combat ? La mort faisait partie de la vie. Après trois millénaires passés à se battre, souffrir, aimer et vivre, mourir ainsi n'était-ce pas une bonne fin ? Un point final à une vie déjà bien trop chargée ? Se sentant sûr de lui, Lord d'Avalon n'éprouvait pas la moindre peur, aucune frayeur. L'éclat de dizaines de vies l'avait auréolé et les larmes de dizaines d'autres l'avaient accablées. 

-Le plus dur n'est pas de se laisser mourir mais au contraire, d'avoir le cran nécessaire pour vivre, Illydane. 

Cette voix, douce et mielleuse était celle d'un ami sincère qui ne vous veut que du bien, qui vous conseille et vous guide à travers l'obscurité des doutes. Le ton si posé, calme et ce timbre si agréable à écouter, si grave et chaud, firent l'effet d'une décharge sur le Lord qui releva la tête, plissant les yeux afin de distinguer celui qui venait de parler. 

Il distingua un homme d'une quarantaine d'années au crâne rasé. Il portait une simple tenue grisâtre aux bords dorés avec une sacoche de cuir pendant sur son côté. Il avait les yeux d'un cri surnaturel, aussi puissants que l'acier mais brillants d'un éclair d'intelligence, de puissance et d'amusement. Il n'avait aucune arme sur lui, jouant distraitement avec une pomme verte entre ses mains. L'homme était assit sur une chaise de bois qui ne se trouvait pas là avant. Son visage exprimait une sorte de confiance naturelle. Il ressemblait à n'importe quel marchand d'Asférie, une personne devant laquelle Lord d'Avalon aurait pu passer cent fois sans l'apercevoir. Le Lord ne connaissait pas cet étrange homme, ne l'avait même jamais vu auparavant mais il était sûr d'une chose à son propos : Il était tout sauf humain. 

-Qui... Marmonna Lord d'Avalon entre ses dents, la respiration sifflante. 

L'étranger secoua la tête comme s'il venait de réprimander un marmot prit sur le fait d'une bêtise particulièrement dérangeante. Il se leva, faisant passer sa pomme d'une main à l'autre, un sourire bienheureux sur les lèvres. 

-Me parler vous est difficile Illydane... Votre corps a souffert et vous êtes au bord de la mort. Cependant, je souhaite vous parler, votre mort ne m'est pas profitable. Afin de vous prouver ma bonne foi à votre encontre, je vais rendre la chose plus facile. 

Il agita la main vers le Lord et une étrange sensation parcourut le corps de celui-ci. Ses muscles n'étaient plus tendus comme un arc, prêts à craquer. Ses blessures les plus profondes semblaient avoir été cautérisées et désinfectées. Il parvenait à parler normalement, ne sentant plus cette sourde douleur lui étouffer l'âme. Il se sentait juste... Bien. 

-Que... Comment ?! S'écria le Lord, ébahi. Une telle dépense d'énergie aurait tué n'importe quel humains, fusse-t-il un mage  ou un tavernier. Seule une entité terriblement puissante aurait pu réaliser cet exploit sans sourciller. Et l'étranger ne semblait pas éprouver la moindre fatigue. Lord d'Avalon fronça les sourcils, tentant de percer à jour l'identité de cette créature qui se trouvait face à lui. D'un ton soupçonneux, il commença : 

-Vous êtes envoyé par Raz'Lak ? 

L'étranger éclata d'un rire cristallin et Lord d'Avalon eut lui-aussi l'envie de rire avec cet homme auprès duquel il se sentait bien, écouté et conseillé. Il aurait donné n'importe quoi pour l'entendre parler encore une fois...

Chroniques d'AvalonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant