Locamente Tuyo ♤ Tome 2 ♤ ( EN COURS )

Chap.22 : Milow

- C'était indiqué sur ton putain de GPS !

J'enfonce l'arrière de mon crâne mouillé dans l'appui tête de cuir mauve et lutte pour ne pas frapper de toutes mes forces dans celle du conducteur. Je ne veux pas la bouger, je veux la garder tout contre moi pour la stabiliser avant qu'elle ne s'extirpe de cet état de somnolence comminatoire. Parce qu'elle prendra conscience que tout n'est que tromperie autour d'elle et aucune explication ne lui sera plausiblement acceptable, et qu'elle partira pour fuire tout ça, pour me fuire moi. Ce n'est pas la première fois que Gabriella sombre dans l'inconscience lors d'une crise d'angoisse mais les circonstances ne sont plus les mêmes tant et si bien qu'ici, je flippe d'imaginer que son cœur ou son système cérébral puissent être impactés, trop fatigués de tout ce que je leur inflige.

- Et moi je te dis que ce n'est pas une bonne idée ! Sérieux tu veux vraiment nous foutre au casse pipe ou quoi ?

Le second des Living Dead serre le volant à en blanchire les jointures de ses dextres. Ce dernier ne semble pas prendre conscience de l'importance de la sitiation et des dommages que cela pourrait causer. Je crispe les mâchoires et grince des dents jusqu'à ce qu'un goût métallique envahisse mon palais. Le goût du sang est mon préféré. Rien à foutre de me faire tauper si c'est pour que tous les trois soient sans danger. J'ai suffisamment de connaissances dans ce domaine pour savoir que des émotions aussi fortes peuvent être dévastatrices, si ce n'est mortel. La tristesse tue, le désespoir tout autant et la déception est une machination qui qualifie l'injustice de leur triste sort. Dans les trois cas de figure, personne n'en sort indemne. Je sais que c'est risqué mais peut-être est-ce la meilleure solution. Plus je l'expose au grand public et plus elle a de chance d'être repérée par son connard de père.

C'est pourtant ce qui serait le plus souhaitable pour elle. Qu'elle parte à l'abri et ne revienne jamais.

Antone Mattéo n'est plus qu'un parasite à mes yeux que j'écraserais sous ma godasse. Ses magouilles n'ont eu de cesse d'augmenter sa dette et le déficit sur son quotas d'ennemis ne fait qu'accroître de jour en jour. Causer du tort en démantelant les plus gros réseaux existant est un fait, interférer dans le plus gros cartel mexicain était la pire erreur de sa vie. La grande Victoria n'aime pas que l'on interfère dans ses affaires, et toucher à la bande de sombreros était une putain de connerie.

Les transactions étaient au plus mal depuis quelques années à cause de ce fouille merde qui agissait dans l'ombre. Vendre sa fille en pâture pour approcher de plus près ceux qu'il désirait par dessus tout faire sombrer derrière les barreaux était inhumain, sans compter sur son putain de fils illégitime. Dire que je me suis affilié à lui pour contrer ses troupes et sauver Gabriella alors que le principal danger n'était en autre que lui.

Un dilemme se portait donc à moi. Peut-être Jayson avait-il raison ? Si nous mettons les pieds dans un hôpital public, Gabriella sera sous les viseurs et comme il est inenvisageable de la laisser là-bas seule, encore une fois, nous devrons rester à son chevet. Et ça, c'est beaucoup trop risqué pour la fouine de génitrice du diabolo. Il m'est impossible d'envisager que mon ange déchu traverse les mêmes épreuves que moi il y a quelques semaines. Cette poufiasse avait tapé fort en employant des clandestinos pour me faire cracher le morceau sur cette enflure de détective du dimanche, mais rien n'était sorti des lieux hormis ma carcasse abusément démentibulée et mon souffle caressant la poussière du sol abandonné.

Je frémis à la ressouvenance du timbre gutturalement lugubre de Pedretti. Découvrir Oracio dans cet hôtel m'a foutu un uppercut équivalent au choc du Titanic dans ce fichu iceberg. Douloureusement froid et familièrement cocasse.

- À part pour soulager le petit jésus et grailler un peu il est hors de question que je m'arrête où que ce soit, répond alors mon acolyte.

Je souffle en me pinçant l'arête du nez, exaspéré. Cela fait déjà six heures que nous roulons sans relâche pour arriver le plus vite possible vers San Antonio. L'urgence de la situation en devient substantiellement alarmant. Mes yeux parcouraient le tableau de bord et constataient chaque seconde qui s'écoulait qu'il était bientôt sept heures du matin. Ces derniers me piquent affreusement alors que le visage ensommeillé de ma belle est illuminé par les faibles lueurs orangées de l'aube. La neige au sol est remplacée par les retombées poudreuses des terres apaches. Plus nous nous approchons de nos trimards et plus la bille me monte à la gorge.