Chapitre 13

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Toc toc toc.

Nori sursauta. Il était allongé à plat ventre sur son lit, en train d'observer la mystérieuse lettre de sa mère. Il la glissa discrètement sous son édredon bleu pâle et se retourna.

« Nori, je peux entrer ? demanda Navile

- Oui oui.

- Je t'attendais au bureau mais comme tu n'es pas venu, je suis descendue voir ce que tu faisais »

Nori blêmit, il avait complément oublié que Navile souhaitait le voir avec toute cette histoire ! Décidément, il n'était pas très respectueux des règles en ce moment. Entre ses multiples retards, son oubli et le fait qu'il s'occupait moins des bébés avec son "emploi", cela allait mal finir pour lui.

« Pardon, ça m'était totalement sorti de la tête... s'excusa-t-il

- Ce n'est pas grave, il est encore tôt. Tu veux bien qu'on aille au bureau pour discuter ?

- Je vais être puni ? Je te jure que mes retards ne sont pas voulus ! J'oublie... Je ne fais pas attention à l'heure car je suis concentré sur ma peinture.

- Je m'en doute. Je ne cesserai pas de te remonter les bretelles mais je n'irai pas plus loin tant que ça ne s'aggrave pas. Tu es plutôt sage donc je sais que je peux te faire confiance. Mais attention, ne crois pas que cela te permet de faire ce que tu veux...

- Oui. J'essayerai de faire plus attention à l'heure, promis ! »

Les deux Aquarantes sortirent de la chambre. Nori jeta un dernier coup d'œil à son oreiller. Il aurait préféré continuer d'étudier inlassablement cette lettre, même sans rien découvrir d'intéressant, plutôt que de devoir écouter ce que Navile avait à lui dire. Il était persuadé que cela concernait ses retards à répétition, ou bien la venue d'Ana à la nurserie... Il n'avait même pas demandé avant de faire venir son amie ici ! Mais la directrice lui avait toujours dit que ses camarades seraient toujours les bienvenus. Ce n'était pas de sa faute s'il n'en avait jamais ramené auparavant. Ou peut-être que si. Sa timidité l'en avait-elle réellement empêché ou bien était-ce lui-même qui se fixait cette barrière ?

Ils entrèrent enfin dans le bureau de Navile. La pièce était dénuée d'objets personnels. S'y trouvait une table, une chaise derrière celle-ci et deux à l'avant. Ainsi que beaucoup d'armoires contenant de la paperasse. La seule touche de couleur provenait de notes de musique peintes en roses sur le mur derrière le bureau. Nori sourit en les voyant.

C'était lui qui les avait peintes, il y a quelques années. Il venait de recevoir du matériel - les nourrices cherchaient toujours de quoi l'occuper car il passait son temps dans leur pattes - et il avait voulu leur faire un cadeau de remerciement. Il avait adoré le kit de peinture. Il était donc allé peindre ces trois notes, en cachette pendant la nuit. Il avait malheureusement reçu une punition mémorable ! Son œuvre d'art n'était pas du goût de tout le monde, et surtout pas de celui de Navile. Elle s'était fâchée et l'avait puni. Une semaine à passer seul, isolé dans sa chambre. Avec pour seule compagne, sa solitude...

Mais étrangement, malgré les reproches qu'on lui avait faits, personne n'avait effacé ses dessins. Ils étaient toujours là, égayant un peu cette austère pièce blanche.

Navile suivit son regard et ria en voyant l'objet de son attention.

« Tu étais un petit chenapan à l'époque !

- Je voulais surtout faire un joli cadeau. À ma façon d'enfant, répondit-il malicieusement. Mais j'ai bien compris que ce n'était pas du goût de tout le monde !

- Mais regarde, personne n'a repeint le mur par-dessus. Il est resté là. Je me suis habitué à sa présence. Il égaie la froideur du lieu, y place un peu de chaleur. J'ai appris à l'apprécier, même si tu pourrais mieux dessiner maintenant !

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