Chapitre 14

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Sans surprise, la directrice finit par tourner la conversation autour des événements du jour.

« J'ai vu que tu avais amené une amie à la maison, comment s'appelle-t-elle ? demanda-t-elle

- Ana. Ou de son nom complet Anabeana.

- Vous vous entendez bien ? Quand l'as-tu rencontré ?

- Oui on s'entend bien, sinon on ne serait pas ami, répondit sèchement Nori. C'est un interrogatoire ? Si tu veux tout savoir c'est la petite-fille de Némalion donc je la vois régulièrement quand je vais travailler. »

Navile entendit sa colère au ton qu'il employait. Elle comprenait qu'il n'appréciait pas particulièrement ses questions, mais elle s'intéressait à lui et voulait être sûr que cette jeune fille ne l'embêtait pas. Il avait assez de soucis et de douleur en lui pour ne pas se voir ajouter une fausse amitié.

Il faudrait qu'elle profite d'une occasion pour faire un saut chez Némalion. À la fois pour constater l'avancée de l'œuvre de Nori mais également pour discuter avec le vieil homme, notamment sur l'amitié des adolescents. Elle n'y voyait rien de mal, au contraire ! Si cela pouvait permettre au jeune homme de sortir de sa coquille, tant mieux. Mais après avoir côtoyé et protégé l'enfant brisé qu'il était, elle voulait continuer à s'assurer que tout allait pour le mieux.

Nori réussi à faire comprendre à la nourrice qui lui faisait face, qu'il était vexé de sa surveillance un peu trop poussée. Elle lui adressa un sourire d'excuse et se mit à lui parler des bébés et de leur évolution. Il n'écouta que d'une oreille, entièrement concentré sur la lettre qui l'attendait toujours sous son oreiller. Il n'avait qu'une hâte : replonger dedans pour se casser la tête à essayer de comprendre le sens caché de ce message. Il était sûr que sa mère lui avait laissé quelque chose. Cette lettre n'avait pas pu être écrite par hasard.

À son grand soulagement, Navile ne tarda pas à le renvoyer en remarquant qu'il commençait à décrocher de la conversation. D'ailleurs, l'adolescent pensait qu'il devrait un jour prendre son courage à deux mains et lui parler de ses parents. Elle savait forcément quelque chose. Cette lettre n'était pas arrivée au grenier toute seule...

Le lendemain matin, Nori ne s'occupa même pas des plus petits. Il s'éclipsa de la nurserie pour rejoindre la maison d'Ana. Il prétexta à la directrice qu'il voulait avancer sur son travail, mais elle n'était pas dupe. Elle savait que c'était pour retrouver son amie. En revanche, elle ignorait tout de leur petite enquête.

L'Aquarante mit son nouveau sac en bandoulière, après s'être assuré d'avoir glissé dans l'une des poches extérieures, la fameuse lettre.

Le trajet fut rapide mais Nori le trouva interminable. En arrivant, il vit Ana assise sur le perron de la maisonnette, comme si elle savait déjà qu'il allait venir plus tôt ce jour-là. Son grand-père était parti au travail, leur laissant la possibilité de discuter tranquillement, sans oreilles baladeuses aux alentours.

« Bonjour monsieur l'enquêteur. Vous allez bien en ce nouveau jour ? Quelque chose de neuf pour avancer dans l'enquête ?

- Bien le bonjour, inspectrice Anabeana. Malheureusement j'ai le regret de vous annoncer que je n'ai rien découvert depuis votre départ, pas plus tôt que la veille... J'espère que la journée sera plus fructueuse en découvertes !

- Espérons-le ! Je me doutais que tu viendrais plus tôt pour qu'on puisse relire cette lettre, mais je ne t'attendais pas de sitôt avoua-t-elle plus sérieusement.

- Hier, je l'ai relue des milliards de fois, sans exagérer, mais je commence à douter que ma mère ait laissé un message secret dans sa lettre. Je l'aurais forcément trouvé. Peut-être qu'elle voulait juste s'assurer que je ne me sente en rien coupable de leur arrestation. Et puis, apprendre qu'ils faisaient réellement partie de rebelles dévouées à une Cause, dit-il en mimant des guillemets avec ses doigts, m'attriste un peu, je l'avoue. J'espérais secrètement que tout cela n'était qu'une vaste erreur...

AquariusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant